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Les Chin confrontés à de sombres perspectives en Inde

A Chin woman on the streets of Aizawl, the capital of India's northeast India’s Mizoram State. Thousands of Chins migrate across the border in search of work Flora Bagenal/IRIN
Thousand of Chins migrate to Mizoram State for work
Vanlathanga, 45 ans, travaillait dans la coupe du bois dans les montagnes de l’État du Mizoram, au nord-est de l’Inde, avant d’être blessé par une voiture. Comme bon nombre d’immigrants originaires du Myanmar voisin, il avait fui la misère qui régnait dans son village, situé dans l’État Chin, et franchi la frontière avec l’Inde, attiré par la perspective de gagner de l’argent.

L’Inde compte plus de 100 000 Chin sans papiers. Certains ont été poussés à partir par l’oppression politique et la discrimination, d’autres ont quitté le Myanmar en raison du manque de perspectives d’emploi. 

Les personnes qui souhaitent demander l’asile doivent se rendre au bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à New Delhi, à quelque 2 200 km de là. Environ 7 000 Chin ont déjà été enregistrés comme réfugiés en Inde.

À Mizoram, les Chin, minorité majoritairement chrétienne, n’ont souvent d’autres choix que de chercher du travail dans le secteur informel, où ils sont exposés aux risques de mauvais traitements de la part d’employeurs qui leur confient des tâches difficiles et dangereuses, tout en sachant que ces abus ne seront en général pas signalés, ont indiqué des immigrants et des experts. 

« Nous sommes pris au piège. Nous ne pouvons pas rentrer au Myanmar et nous n’avons pas notre place en Inde », a dit à IRIN Nguntincuai, la femme de Vanlathanga. Un rapport établi par une coalition d’organisations internationales en 2011 a remarqué que bon nombre d’employeurs publics et privés du Mizoram exigeaient la présentation d’une preuve de citoyenneté indienne avant d’embaucher une personne. 

Selon une mission de recherche de 2005 du Human Rights Law Network, basé dans la capitale indienne New Delhi, « la majorité des Chin au Mizoram deviennent de la main-d’œuvre bon marché travaillant comme employés domestiques, dans la construction de routes, dans l’agriculture, dans la coupe du bois dans la jungle, dans la vente de légumes en bord de route, dans la cueillette de racines, tubercules, feuilles et herbes dans la jungle », ou gagnent parfois leur vie comme vendeurs de rue. 

Les Chin installés en Inde ne trouvent souvent que des emplois dangereux et épuisants, ils n’ont qu’un accès limité à l’aide en cas de mauvais traitements, et les groupes confessionnels et les organisations non gouvernementales (ONG) ne leur offrent qu’une aide au coup par coup. Tout cela met en cause leur capacité à survivre en Inde, indiquent les experts et les immigrants.

Des emplois difficiles et peu de soutien

En septembre 2012, Vanlathanga a été renversé par une voiture alors qu’il travaillait le long d’une route en bordure de forêt. Il a été projeté en l’air et sa chute a provoqué une fracture ouverte de la jambe. Il a dû subir une opération chirurgicale d’urgence pour réparer sa jambe cassée et a passé plus d’une semaine à l’hôpital. Un an après l’opération, il éprouve toujours des difficultés à marcher correctement et n’a pas pu reprendre son emploi.

Nguntincuai, 43 ans, et ses trois filles sont arrivées en Inde très peu de temps après l’accident. Nguntincuai subvient désormais aux besoins de sa famille : elle vend des chapattis faits maison aux conducteurs de camion qui traversent Aizawl, la capitale du Mizoram, pour rejoindre la frontière avec le Myanmar.

Comme Vanlathanga, elle n’a pas réussi à trouver un emploi « officiel » dans le secteur formel. « C’est épuisant physiquement [de faire et de vendre les chapattis] et très difficile à supporter. Nous n’avons pas le temps de discuter ou de jouer avec nos enfants », a dit Nguntincuai.

Elle se lève à deux heures du matin pour préparer le pain et lorsqu’elle rentre chez elle, après avoir vendu ses chapattis, ses enfants sont déjà partis à l’école et Vanlathanga prépare la pâte pour la prochaine fournée. La famille gagne jusqu’à 20 dollars par semaine – à peine de quoi survivre.

Aucun moyen de se plaindre

Vanlathanga a dit que son employeur lui infligeait souvent des mauvais traitements, brandissant des menaces et ne lui versant pas ses salaires, mais il n’a jamais fait de signalement à la police de crainte d’être déporté. Après l’accident, son employeur a coupé tout contact avec Vanlathanga, alors qu’il lui devait encore 100 dollars de salaire, perpétuant ainsi les mauvais abus et l’exploitation.

« Si [le patron] ne nous payait pas, nous ne pouvions rien dire. Nous avions peur d’être arrêtés et renvoyés chez nous », a dit Vanlathanga. Son patron retenait fréquemment le salaire des 20 immigrants chin qu’il employait, car il savait que leur statut de sans papiers en Inde les dissuaderait de s’adresser à la police. La coalition internationale d’ONG a indiqué que cela a entraîné « une insécurité économique chronique et des vies instables ».

Un rapport de 2009 de Human Rights Watch a noté que de nombreux Chin installés dans le Mizoram ont subi des discriminations et que peu d’entre eux ont trouvé un emploi stable. Ceux qui ont trouvé du travail se trouvaient souvent dans « des environnements de travail violents et relevant de l’exploitation », a indiqué le rapport, soulignant que des enfants chin d’à peine 14 ans travaillaient dans des exploitations agricoles ou dans des usines. 

Les groupes de soutien locaux n’offrent qu’une protection parcellaire

« Nous nous serrons les coudes … nous n’avons pas le choix, nous n’avons personne vers qui nous tourner », a dit David Ngun Lian, président du Chin Refugee Committee, une ONG basée à New Delhi. En l’absence de soutien de la part de l’État ou des agences internationales, bon nombre de Chin installés Inde demandent de l’aide aux petites ONG locales et aux groupes confessionnels. 

Zo Sangbuii, le président de la Women’s League of Chinland, une organisation qui œuvre notamment en faveur du règlement des conflits entre les immigrants chin et les employeurs, a dit, « Nous allons voir l’employeur et nous essayons de négocier de meilleures conditions [pour les travailleurs chin] ».

fb/kk/he-mg/amz  

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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