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Fuir l’État islamique : « On les a entendu crier takbir »

A child from the Hassakeh region of northern Syria displaced by the advance of militants from the Islamic State in June 2015 Martin Bader/IRIN
Un enfant de la région d’Hassakeh, au nord de la Syrie, que l’État islamique a contraint au déplacement.
Des dizaines de milliers de Syriens ont fui les combats déchirant la ville d’Hassakeh, dans le nord du pays. Ses habitants racontent la panique généralisée engendrée par l’assaut prolongé des combattants du dénommé État islamique (EI).

Depuis jeudi dernier, les combattants de l’EI lancent des attaques contre les quartiers sous le contrôle du gouvernement de cette ville pluriethnique divisée en plusieurs zones, certaines gérées par le gouvernement du président syrien Bachar Al-Assad, et d’autres contrôlées par les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG).

Les affrontements ont entraîné le déplacement d’au moins 50 000 personnes, a dit l’UNICEF à IRIN ce mardi.

Les habitants d’Hassakeh ont décrit à IRIN leur terreur lorsqu’ils ont entendu les combattants de l’EI approcher. « Nous les avons entendu crier takbir », a dit Ahmed Siraj Haji Mohamed, qui travaillait comme employé dans une station de lavage automobile de Hassakeh, en faisant allusion au slogan islamique que les combattants de l’EI ont pour habitude de scander lorsqu’ils attaquent.

L’approche des extrémistes a frappé M. Mohamed par son atrocité.

S’adressant à IRIN devant la maison de son beau-père à Amuda – dans la province kurde autonome de facto de Djézireh, non loin de la frontière turque, où des milliers de déplacés ont trouvé refuge – il a soulevé sa manche pour dévoiler l’imposante cicatrice recouvrant la partie supérieure de son bras.

« Mon frère Mohamed est mort dans la même explosion », a-t-il dit en expliquant que ses blessures, infligées par un engin explosif improvisé placé par l’EI à Hassakeh il y a un an, l’empêchent de travailler et de subvenir aux besoins de sa femme et de son jeune fils.

Dans toute la ville d’Amuda, les écoles, les mosquées et les maisons accueillent des milliers de personnes déplacées par la dernière avancée de l’EI.

À l’école Aram Dikram, Alan Sheikhi, un employé du Croissant-Rouge kurde, supervise l’accueil de 150 déplacés.

« Les premiers sont arrivés jeudi, et depuis il ne cesse d’en arriver de nouveaux », a dit M. Sheikhi. Son organisation a pu leur fournir des produits de première nécessité. L’UNICEF et l’International Rescue Committee sont quelques-unes des autres organisations apportant une aide immédiate. Un dispensaire et un infirmier assurent un service médical auprès des familles.

Ismail Ewayed Al Anadi, un travailleur manuel d’Heshmen, au nord d’Hassakeh, a fui avec sa femme et ses quatre enfants ce mardi. « Nous étions assis tandis que les enfants faisaient la vaisselle, et nous avons commencé à entendre des bruits de combat - des mortiers, des obus, des affrontements », a-t-il dit, s’exprimant à la lueur de son téléphone portable dans le couloir de l’école. « Nous avons décidé de fuir avant qu’il nous arrive quelque chose. »

M. Anadi a dit qu’il était difficile de se faire une idée précise de la situation actuelle à Hassakeh, située à environ 70 km au sud, surtout compte tenu de la mauvaise couverture téléphonique. « On entend un son de cloche différent à chaque fois. Parfois on nous dit que tout va très bien, ou bien qu’il y a encore de violents affrontements. On ne sait pas ce qui se passe. »

La porte-parole de l’UNICEF, Juliette Touma, a dit à IRIN que l’hôpital national et l’hôpital pédiatrique de Qamishli étaient actuellement fermés, après avoir été attaqués dans les affrontements.

SANA, l’agence de presse officielle syrienne, a rapporté lundi que les frappes aériennes du gouvernement avaient fait de nombreuses victimes parmi les combattants de l’EI à Hassakeh. Étant donné que les zones contestées se trouvent essentiellement sous le contrôle du régime de Bachar Al-Assad, les États-Unis ont exclu l’éventualité de frappes aériennes pour repousser les islamistes.

L’imam de la mosquée al-Tikiya al-Qadariya d’Amuda, le cheikh Ahmed, fournit de la nourriture, de l’eau et un abri à 100 personnes. « On s’efforce autant que possible de subvenir à leurs besoins, mais nos ressources sont très limitées. J’ai réclamé de l’aide aux ONG, mais pour l’instant je n’ai eu aucun retour. Les organisations sont nombreuses, mais il y a très peu de choses de faites. Ces gens n’ont personne sur qui compter, et si je ne les aidais pas ils seraient à la rue. »

Mohamed Hussein a trouvé refuge à la mosquée après avoir fui sans rien emporter le quartier de Gawera, à Hassakeh, avec sa femme et ses quatre enfants. « Nous savions que l’EI entrait dans la ville, et avec toutes les histoires de destruction et d’assassinats que nous avions entendues, nous avons simplement fui », a-t-il dit à IRIN.

M. Hussein aimerait retourner à Hassakeh aussi vite que possible pour vérifier l’état de sa maison et de ses affaires. Il a le sentiment qu’il serait possible de chasser les combattants, si seulement les militants kurdes et les hommes de Bachar Al-Assad unissaient leurs forces.

« Je pense qu’il est possible de repousser l’EI hors de la ville, si l’armée et les YPG se mettent d’accord pour coordonner leur action », a-t-il dit.

Mme Touma de l’UNICEF a dit que l’organisation fournissait de l’eau et des produits d’hygiène de base aux déplacés, et travaillait avec les organisations locales à la fourniture de soins de santé primaires à Qamishli, tout en en se préparant à une dégradation des conditions.

Environ 11,6 millions de Syriens ont fui leur domicile depuis le début du conflit syrien, qui en est à sa cinquième année, et on estime à 200 000 le nombre de victimes

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