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Conférence des donateurs pour la Syrie : Trois tendances clés

Gulf donors at the Kuwait pledging conference for Syria on March 31, 2015 Elizabeth Dickinson/IRIN
The conference in Kuwait raised $3.8 billion for Syria
Les bailleurs de fonds internationaux qui se sont réunis à Koweït City mardi ont promis un montant record de 3,8 milliards de dollars pour soutenir les efforts humanitaires déployés en réponse à la crise syrienne, qui entre dans sa cinquième année. Voici trois tendances clés identifiées à l’issue de la conférence.

1. Frustration politique et polarisation

Cette somme représente une amélioration significative par rapport aux 2,4 milliards de dollars promis en 2014, mais elle est cependant loin des 7,4 milliards de dollars dont les Nations Unies affirment avoir besoin pour financer les opérations de secours en 2015. Aucun objectif n’avait été fixé en ce qui concerne la somme promise par les participants à la conférence.

Les participants à la conférence ont également manifesté une frustration croissante face à l’absence de solution politique pour la crise. Certains États critiquent de plus en plus ouvertement le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU).

« Le CSNU n’a pas réussi à trouver une solution qui permettrait de mettre un terme à ce conflit et d’épargner le sang de nos frères », a dit Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, l’émir du Koweït, le pays hôte de la conférence, dans son allocution d’ouverture.

« Il faut que les membres du CSNU, et en particulier les membres permanents, mettent de côté leurs intérêts restreints et leurs profondes différences et s’unissent pour trouver une solution qui permette de mettre un terme à ce conflit dévastateur », a-t-il dit.

« Les conséquences de [la crise humanitaire] commencent à menacer la sécurité et la paix internationales »
Le Koweït s’oppose au président syrien Bachar Al-Assad, alors que l’Iran le soutient.

Hossein Amir-Abdollahian, le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, a accusé les Nations Unies d’avoir manqué à son devoir envers la Syrie. Il a dit aux participants à la conférence que « certains camps » n’avaient pas respecté les principes de non-intervention en Syrie. Il n’a pas fait de promesse lors de la conférence, mais il a dit que son pays avait déjà contribué à hauteur de 4,2 milliards de dollars à ce qu’il décrit comme l’« assistance civile ».

Lors d’une discussion avec les médias qui a été interrompue par les organisateurs, M. Amir-Abdollahian a qualifié l’offensive de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen d’« erreur stratégique » – un autre événement qui témoigne de l’escalade des tensions régionales.

 Les espoirs d’une détente dans les relations entre les alliances pro et anti-Assad semblent faibles.

2. Développement de la résilience des pays voisins

Plus de 85 pour cent des quelque 4 millions de réfugiés syriens qui ont fui leur foyer depuis 2011 vivent dans des communautés d’accueil, et non dans des camps de réfugiés. Les participants à la conférence ont abordé à plusieurs reprises la question du fardeau économique et politique que leur présence fait porter aux pays voisins, notamment au Liban, à la Jordanie, à l’Irak et à l’Égypte.

 « Les pays qui souhaitent que le Liban reste un pays stable et sécuritaire doivent prendre des décisions qui nous aident [et qui permettent] de mettre un terme à la crise syrienne », a dit Tammam Salam, le premier ministre libanais.

« Les conséquences de [la crise humanitaire] commencent à menacer la sécurité et la paix internationales », a dit M. Al-Sabah, l’émir koweïtien.

Principaux engagements
Union européenne et États membres – 1,2 milliard de dollars
États-Unis – 507 millions de dollars
Koweït – 500 millions de dollars
Émirats arabes unis – 100 millions de dollars
En Syrie et dans les pays voisins, des zones négligées servent de « repaires pour les organisations terroristes… qui [les] utilisent comme des bases pour mettre à exécution leurs plans cyniques ».

Consciente du lourd fardeau que fait peser l’afflux de réfugiés sur les communautés hôtes, Sima Sami Bahous, Administratrice associée et Directrice du Bureau régional pour les États arabes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a réitéré l’engagement de l’agence à développer la « résilience » grâce à de nouveaux programmes d’aide conçus pour aller au-delà de la fourniture d’eau, de vivres et d’abris et pour faciliter l’accès à l’éducation et la création de moyens de subsistance.

Mme Bahous a dit à IRIN que le PNUD avait organisé une réunion avec un groupe de donateurs qui s’est donné le nom de « Friends of Resilience » en marge de la conférence du Koweït.

Le PNUD a par ailleurs signé, la semaine dernière, un accord avec le ministère jordanien de la Planification et de la Coopération internationale. L’accord a pour objet l’établissement d’un fonds de résilience jordanien (le « Jordan Resilience Fund ») pour financer les infrastructures et d’autres projets à plus long terme.

3. Poursuite de l’émergence des donateurs du Golfe

Lors de la conférence, les États arabes du Golfe se sont encore une fois engagés à verser de généreuses contributions, ce qui témoigne d’un changement dans leur rôle au sein du système humanitaire mondial.

Le Koweït, qui accueillait la conférence pour la troisième année consécutive, a promis 500 millions de dollars ; les Émirats arabes unis (EAU) ont annoncé une contribution de 100 millions de dollars ; et le royaume saoudien s’est engagé à verser 60 millions de dollars.

Des organisations non gouvernementales (ONG) régionales se sont rencontrées la veille de la conférence et se sont engagées à verser 508 millions de dollars. L’ONG turque IHH contribuera à hauteur de 100 millions de dollars à cette somme.

Ces promesses généreuses surviennent moins d’un an après le versement d’un don de 500 millions de dollars accordé par l’Arabie saoudite aux Nations Unies pour leurs opérations en Irak.

« [Avant] nous avions tous le sentiment [...] qu’il y avait un fossé infranchissable entre nous. »
Le Qatar, qui, en 2014, a contribué à hauteur de plus de 100 millions de dollars à la réponse syrienne, n’a pas pris d’engagement spécifique lors de la conférence. Un représentant de la délégation a cependant dit que son pays continuerait de contribuer financièrement à l’aide apportée aux Syriens par le biais des organisations qataries présentes sur le terrain.

Les fonds accordés par les EAU seront aussi versés à des institutions émiriennes, a dit Cheikha Lubna Al Qasimi, la ministre de la Coopération internationale. Le Croissant-Rouge des EAU gère son propre camp pour réfugiés syriens en Jordanie et contribue à la fourniture de soins de santé et d’autres services dans plusieurs pays.

Selon les représentants du Koweït, les organisations humanitaires locales contribueront à hauteur de 88 millions de dollars aux 500 millions promis par le pays.

Des responsables qui ont participé à la conférence ont souligné le fait que les donateurs du Golfe étaient devenus des partenaires clés dans la réponse humanitaire à la crise syrienne, tant en termes de financement que d’opérations sur le terrain.

Valerie Amos, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence sortante, a dit : « [Avant] nous avions tous le sentiment [...] qu’il y avait un fossé infranchissable entre nous [...]. En tant que communauté humanitaire, nous avions déjà parlé de partenariat, mais ce n’était pas concret. »

Des efforts significatifs ont cependant été déployés pour améliorer la coordination entre les agences des Nations Unies et les organisations et les donateurs du Golfe. ArabHum, un site internet consacré au travail humanitaire dans la région, a notamment été créé. Il est disponible en version arabe et anglaise.

« La prochaine étape sera de procéder à des évaluations conjointes », a dit Amin Awad, directeur du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il a ajouté qu’il souhaitait que les organismes caritatifs et les donateurs du Golfe soient impliqués dans l’évaluation des besoins afin que les priorités puissent être mieux alignées.

Mme Bahous, du PNUD, a dit que des progrès significatifs avaient déjà été accomplis. « La relation est en train de se transformer en partenariat », a-t-elle dit à IRIN.

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