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Le Myanmar à la traîne en planification familiale

An expectant Burmese mother receives an ultrasound at the Mae Tao clinic, a Mae Sot-based health centre that provides free care to prevent and treat maternal trauma as well as family planning services that are not readily accessible in Myanmar Sean Kimmons/IRIN
Malgré le financement des donateurs pour améliorer le système de santé au Myanmar, les experts affirment qu’il y a encore un énorme travail à fournir pour que les services de planification familiale, dont le rôle est vital, reçoivent l’aide nécessaire.

« Les deux tiers de la population vivent dans des zones rurales reculées, avec peu voire aucun accès à la planification familiale et aux services de santé maternelle », a déclaré à IRIN Liz Sime, directrice régionale Asie-Pacifique pour l’organisation non gouvernementale (ONG) Marie Stopes International (MSI).

Malene Arboe-Rasmussen, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Myanmar a confirmé ces propos : « Les méthodes contraceptives de longue durée ne se trouvent pas facilement. Ces obstacles, ajoutés aux contraintes financières, conduisent à des grossesses non désirées et à des avortements à risque ».

Selon un récent rapport de l’UNFPA, le taux de mortalité maternelle (TMM) du Myanmar est l’un des pires de la région, avec 200 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ce chiffre a été réduit de moitié depuis 1990, mais l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de 130 décès pour 100 000 naissances vivantes ne sera probablement pas atteint d’ici 2015. Les responsables des Nations Unies tirent la sonnette d’alarme.

L’UNFPA constate que 87 pour cent des décès maternels surviennent dans les zones rurales où les infrastructures, le manque d’accès à la santé reproductive et la méconnaissance de la population sont tous des facteurs contributifs.

« De nombreuses femmes au Myanmar n’ont pas accès à tout l’éventail d’options de la planification familiale et il y a par conséquent un taux de mortalité maternelle élevée », a expliqué Mme Sime.

Les services de planification familiale, y compris les méthodes contraceptives, peuvent servir à améliorer la santé des femmes, mais il reste des obstacles pour rendre ces services largement accessibles.

Un besoin non satisfait

« Même s’il y a eu un énorme investissement dans la formation des professionnels de santé, notamment des infirmiers, des sages-femmes et des médecins, ils ne sont pas tous spécialisés en planification familiale et il y a régulièrement des ruptures de stock dans les produits de planification familiale », a indiqué Mme Sime.

D’après le rapport de l’UNFPA, le besoin de planification familiale non satisfait est de 19 pour cent au Myanmar, contre seulement 3 pour cent pour la Thaïlande voisine.

D’après les statistiques officielles, l’usage de contraceptif est inférieur à 40 pour cent. Les autorités birmanes espèrent faire augmenter, pour atteindre 50 pour cent. Leur objectif est également de diminuer le besoin de planification familiale non satisfait pour le ramener à 10 pour cent au cours des deux prochaines années.

Un autre rapport de l’UNFPA indique que le gouvernement considère que le Myanmar est insuffisamment peuplé par rapport à d’autres pays de la région, et les pouvoirs publics continuent de mener une politique nataliste qui encourage les naissances.

La planification familiale est en outre confrontée à des problèmes de sécurité dans les régions touchées par le conflit le long des 1 800 kilomètres de frontière avec la Thaïlande. Il y a aussi des pressions culturelles de la part de la communauté conservatrice et des chefs religieux qui considèrent les familles nombreuses comme une bénédiction et la planification familiale comme quelque chose de contre nature.

Ces traditions épuisent les ressources de familles déjà pauvres qui ne peuvent pas se permettre d’avoir plus d’enfants, a déclaré Saw Nay Htoo, directeur de programme de Burma Medical Association, une ONG qui intervient dans l’est du Myanmar et dont le siège est à Mae Sot, une ville frontalière thaïlandaise. « Les familles, si elles sont nombreuses, auront moins de ressources et vont avoir des difficultés à subvenir aux besoins de leurs enfants.»

Saw Nay Htoo pense qu’il faut développer la planification familiale, l’éducation et les services pour alléger le fardeau des familles birmanes, notamment dans les régions défavorisées de l’est du Myanmar. D’après un rapport, 80 pour cent des femmes vivant dans ces régions n’utiliseraient jamais de contraceptif.

Un risque sanitaire

Sans accès à la planification familiale, de nombreuses femmes birmanes se voient contraintes d’avorter chez elles par des moyens rudimentaires ou sont opérées d’urgence pour des complications obstétricales après une grossesse à risque.

L’avortement est illégal ; ceux qui le pratiquent encourent jusqu’à trois ans de prison et les mères risquent sept ans de prison. Par conséquent, les avortements non médicalisés sont devenus l’une des principales causes de décès maternel.

Les femmes birmanes se rendent souvent de l’autre côté de la frontière thaïlandaise, à la clinique de Mae Tao qui leur fournit gratuitement des soins médicaux et des services de planification familiale. Chaque année, plus de 9 000 visites à la planification familiale s’effectuent dans ce centre de santé qui accueille les migrants birmans et les personnes déplacées. La clinique traite aussi près de 1 000 cas d’urgences obstétricales, principalement pour des complications liées à un avortement.

« L’accès à la santé reproductive et à la planification familiale est en général très insuffisant au [Myanmar] », a déclaré Cynthia Maung, fondatrice de la clinique. « Il faut un programme plus étendu. »

En 2011, plusieurs donateurs ont fait une promesse de don d’un total de 300 millions de dollars au fonds Three Millennium Development Goal (3MDG). Près des deux tiers de cette somme étaient destinés à la santé maternelle et infantile pour la période 2012-2016. La couverture de la planification familiale dans les cantons déjà desservis par le fonds devrait augmenter de 50 pour cent.

Cependant, il n’y a pas eu d’engagement fort de la part du gouvernement birman, car le budget alloué à la santé est dérisoire par rapport à celui de la défense, révèlent les médias.

Les zones rurales au Myanmar, notamment les régions frontalières où les tensions se sont récemment apaisées après des décennies de conflit opposant divers groupes ethniques rebelles, devraient continuer de souffrir de cette inégalité budgétaire.

« Malgré les accords de cessez-le-feu conclus avec les groupes ethniques, il n’y a toujours pas de soutien direct du gouvernement birman », a déclaré Saw Nay Htoo. « Aucun progrès tangible visible n’est réalisé. »

sk/ds/he-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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