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Renforcer la résilience aux crues éclair dans les montagnes pakistanaises

[Pakistan] Smoke rising from mountains in the Astore valley as tremours continue to rock the region. IRIN
Pakistan’s fragile mountain eco-systems are prone to flash floods, avalanches and earthquakes
Dans son village près de Muzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais, Nazeer Butt, un homme âgé de 40 ans, montre du doigt les ruines de sa maison sur un versant escarpé.

« Trois murs extérieurs se sont effondrés et le toit a été endommagé lorsqu’un torrent a dévalé la montagne le mois dernier », a dit M. Butt à IRIN.

Depuis, il est hébergé chez un voisin le temps de reconstruire sa maison. Il a envoyé les cinq autres membres de sa famille vivre chez des proches.

Les crues éclair du mois de février ont causé des dommages sur une vaste région, tuant « 29 personnes dans différentes zones », selon Adnan Khan, porte-parole de l’autorité provinciale de gestion des catastrophes de la province du Khyber Pakhtunkhwa.

Ces crues sont généralement bien plus dévastatrices que les inondations habituelles en raison de leur caractère imprévisible et de la force du courant, qui entraîne bien plus de roches et de débris, détruisant les routes, les barrages, les systèmes d’irrigation et autres infrastructures.

Selon un nouveau rapport du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (International Centre for Integrated Mountain Development, ICIMOD), basé à Katmandou, « un nombre croissant de preuves indiquent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des crues éclair dans les pays de la région du Kutch hindou et de l’Himalaya ».

Causes

L’ICIMOD intervient dans huit pays de la région pour aider les communautés à comprendre ces phénomènes et s’adapter aux conséquences du développement humain et du changement climatique.

Des crues éclair peuvent survenir lorsque des étendues d’eau créées par le recul de glaciers, appelées lacs glaciaires, débordent.

Lors d’une enquête, l’ICIMOD a identifié 5 000 glaciers au Pakistan, dont 52 risquent d’entraîner ce genre de catastrophes.

Des précipitations abondantes et soudaines lors de la mousson peuvent également causer des crues éclair. En septembre 2012, les districts montagneux de Jaffarabad et Naseerabad, au Baloutchistan, ont été sévèrement touchés. Akbar Hussain Durrani, référent en matière d’inondations du gouvernement du Baloutchistan, compte plus de 7 000 sinistrés, dont certains peinent encore à reconstruire leur vie.

Dans la région, les précipitations sont souvent fortes et localisées. Ces averses torrentielles peuvent causer des inondations soudaines qui prennent par surprise des villages en aval qui peuvent ne pas avoir eu de pluie du tout.

« L’eau a emporté ma maison et mes cultures. Je n’ai pas d’argent pour les restaurer », a dit Afzal Baloch, qui vit actuellement avec sa famille dans un abri de fortune au bord de la route qui mène à la ville de Dera Murad Jamali dans le district baloutche de Naseerabad.

« La vue de véritables fleuves balayant les coteaux et emportant les maisons et tout le reste était tout simplement terrifiante. Je ne l’oublierai jamais »
« La vue de véritables fleuves balayant les coteaux et emportant les maisons et tout le reste était tout simplement terrifiante. Je ne l’oublierai jamais. »

Se préparer à l’imprévu

Ces régions comptent parmi les plus pauvres du Pakistan et les habitants des montagnes n’ont pas l’impression d’avoir d’autre choix que d’accepter ces risques.

Pourtant, même si les crues éclair font partie de la catégorie des phénomènes météorologiques extrêmes imprévisibles, les communautés sont loin d’être impuissantes et diverses mesures peuvent être prises pour renforcer leur résilience.

« Les crues éclair sont relativement communes. Nous essayons d’apprendre aux communautés à minimiser les dégâts », a dit M. Khan, de l’autorité provinciale de gestion des catastrophes de la province du Khyber Pakhtunkhwa.

En 2008, le district de Chitral, dans le Khyber Pakhtunkhwa, a mis sur pied un projet de système d’alerte précoce pour avertir la population quelques minutes avant les inondations grâce aux haut-parleurs des mosquées et par SMS.

Selon l’ICIMOD, environ 90 pour cent du district est exposé aux crues éclair.

Les dirigeants locaux ont participé à des ateliers où ils ont appris comment limiter les dommages causés par les inondations et gérer de telles catastrophes.

Les villages ont également mené des exercices de gestion des catastrophes et établi des voies d’évacuation et des zones sûres où les habitants peuvent se réfugier.

L’organisation non gouvernementale (ONG) FOCUS Humanitarian Assistance, partenaire d’exécution de l’ICIMOD, a mis sur pied des équipes communautaires d’intervention d’urgence (CERT) composées de villageois bénévoles. Ces derniers sont les premiers à intervenir en cas de crue éclair.

« Des équipements de base leur sont fournis afin qu’ils soient prêts à intervenir sur place », a dit Salmanuddin Shah, directeur de programme de FOCUS.

« Nous comptons pour l’instant environ 120 CERT dans tout le Pakistan. Ils sont intervenus lors de nombreuses catastrophes locales et ont sauvé de nombreuses vies et de nombreux biens. »

Grâce aux images satellites permettant d’identifier les zones les plus exposées aux crues éclair, les dirigeants locaux peuvent prendre des mesures pour limiter les risques et se tenir prêts à de telles situations d’urgence.

« L’accent a été mis sur la façon dont nous pourrions limiter les dégâts causés par les inondations en préservant par exemple les pâturages afin que les plantes qui y poussent puissent freiner les eaux qui descendent soudainement des coteaux », a dit Hammed Uddin, un participant de Zaith, dans le district de Chitral, l’un des quatre villages choisis pour le programme sur les crues éclair de l’ICIMOD/FOCUS dans la région qui se situe à l’ouest de la rivière Yarkhun.

Le centre du village de Zaith se trouve au confluent de deux cours d’eau venant de directions différentes. Le village est donc particulièrement exposé aux crues éclair.

Les ateliers de formation des CERT enseignent la manière de limiter les dommages causés par les crues éclair, ainsi que des techniques de secours de base et des actions pratiques que les villages peuvent mener pour réduire les risques de crues éclair.

Plantation d’arbres et gabions

La plantation d’arbres est encouragée afin de stopper l’érosion, de freiner le ruissellement et de ralentir la fonte des glaciers.

« L’activité humaine et les interférences avec l’environnement naturel, comme le surpâturage en amont des bassins versants et la déforestation, participent au problème, car l’absence de végétation favorise le ruissellement direct, qui peut déclencher des crues éclair. Cela contribue, avec le changement climatique, à augmenter la fréquence et l’ampleur des crues éclair dans la zone d’étude », a expliqué l’ICIMOD dans son rapport sur les programmes de résilience.

Des canaux, des barrages de retenue et des murs de gabions (cubes grillagés emplis de pierres) ont également été construits dans certains villages dans le cadre des programmes d’atténuation structurelle mis sur pied en collaboration avec le gouvernement.

Des équipements et des fournitures pouvant éventuellement sauver des vies sont par ailleurs stockés pour les cas d’urgence.

Étendre ces initiatives

Le nombre exact de vies sauvées par de telles initiatives est encore inconnu, mais les bénévoles ont mis leurs compétences en pratique à plusieurs reprises depuis 2010 pour aider des familles sinistrées.

Des centaines de personnes sont mortes dans ces villages au cours des 50 dernières années. « Les crues éclair et les coulées de débris sont les principaux dangers à Gilgit-Baltistan et Chitral », a dit M. Shah, de FOCUS.

Plus largement, il s’agit de savoir comment de telles initiatives peuvent être étendues pour passer de la formation de bénévoles et la fourniture d’équipements dans une poignée de villages au renforcement de la résilience dans l’ensemble de la région.

Le Pakistan ne dispose pas encore d’une stratégie nationale spécifiquement destinée à résoudre le problème des crues éclair. Cependant, fin février, le Comité national de gestion des catastrophes naturelles a approuvé une nouvelle politique de réduction des risques de catastrophes visant à développer la résilience aux phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations, les avalanches et les glissements de terrain.

Le comité recommande l’application à plus grande échelle de solutions similaires à celles employées dans les vallées du Khyber Pakhtunkhwa.

Selon la nouvelle politique du comité, « le fait que le Pakistan soit régulièrement exposé à divers risques justifie amplement les investissements dans des systèmes d’alerte précoce multirisques permettant d’avertir en avance les dirigeants et les communautés ».

kh/jj/cb-ld/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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