« Nous accordons tellement d’importance aux processus nationaux », a dit à IRIN Raju Pandit Chhetri, co-auteur d’un rapport sur le financement de l’adaptation au changement climatique publié par Oxfam en 2011. « Commençons par nous adresser aux communautés ».
Le Népal pointe à la quatrième place du classement des 170 pays les plus vulnérables au changement climatique pour les trente prochaines années, selon l’Indice de vulnérabilité au changement climatique 2011 réalisé par Maplecroft.
En 2008, les bailleurs de fonds ont versé 1,3 million de dollars au Népal pour qu’il prépare son PANA. Celui-ci a été approuvé par le gouvernement et soumis à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2010.
Le budget de 350 millions de dollars prévu par le PANA pour l’aide d’urgence à l’adaptation au changement climatique a été financé à hauteur de 10 millions de dollars par le Fonds pour les pays les moins avancés (PMA), géré par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et d’environ 25 millions de dollars par les agences bilatérales d’aide.
Le document du PANA prévoit que 80 pour cent de toutes « les ressources financières disponibles sont utilisées au niveau local pour financer les activités d’adaptation au climat sur le terrain ». Toutefois, peu de fonds ont été alloués aux projets, qui ne sont donc pas prêts à être réalisés.
« Malheureusement, nous en sommes au stade de la préparation. Nous essayons d’avancer, mais nous n’y sommes pas arrivés pour l’instant », a dit Bharat Pokharel, directeur pays du programme de l’organisation suisse de coopération au développement Helvetas.
Le budget proposé pour la préparation et l’exécution du PANA est soumis au FEM par le biais d’une Agence d’exécution (AE) définie – dans le cas du Népal, il s’agit du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Selon Batu Uprety, qui a récemment quitté son poste de directeur de la Division de la gestion du changement climatique (Climate Change Management Division) au sein du ministère de l’Environnement, de la Science et de la Technologie, la complexité et la longueur de la procédure qui permet aux PMA d’accéder aux fonds alloués par le biais de l’AE ont entraîné des délais supplémentaires.
Le PNUD insiste toutefois sur le fait que le PANA a été finalisé dans le délai imparti de 18 mois. Le calendrier « a été approuvé par le gouvernement », a indiqué Anupa Rimal Lamichhane, analyste de programmes pour le changement climatique auprès du PNUD. « Je ne peux pas dire qu’il était long ou court ».
Lors d’une présentation au CCNUCC en juillet 2012, le Népal a proposé que le FEM « prenne les mesures nécessaires pour encourager son AE à lancer une stratégie de mise en œuvre rapide afin de soutenir les PMA ».
Des projets complexes
La lenteur du processus de planification n’est pas le seul problème. D’autres projets élaborés en dehors du cadre du PANA compliquent la situation. Outre le PANA, un plan séparé a été développé en 2011 dans le cadre du Programme stratégique pour la résilience climatique (PSRC) et le Fonds d’investissement climatique (FIC) (fonds permettant aux pays en développement de favoriser un développement à faibles émissions et résilient au changement climatique) a approuvé le versement d’allocations d’un montant de 50 millions de dollars ainsi que des prêts d’un montant de 36 millions de dollars gérés par des banques multilatérales de développement.
En distinguant l’adaptation à court terme et la résilience à long terme, « ils ont bloqué les interventions auprès de la communauté et ont recommencé la planification », a dit M. Chhetri, ajoutant que des projets avaient été menés en parallèle et s’étaient chevauchés en raison d’un manque de coordination.
Photo: Phuong Tran/IRIN |
Les communautés doivent recevoir des fonds |
Des capacités limitées
Entretemps, les bailleurs de fonds hésitent à aller au-delà de la planification, de la formulation des politiques et du renforcement des capacités, car ils doutent de la capacité des organisations nationales et locales à mener les projets à terme, a dit M. Pokharel d’Helvetas.
Bon nombre de personnes considèrent que le ministère de l’Environnement, de la Science et de la Technologie est fragile. Ils notent qu’il ne dispose pas d’organes d’exécution aux niveaux des régions, des districts ou des villages, et qu’il manque d’expérience dans la coordination des projets auxquels les bailleurs de fonds ont alloué des budgets importants.
Enfin, les experts soutiennent que si le domaine récent de la climatologie nécessite une préparation, le pays ne devrait pas être dissuadé de s’occuper de l’adaptation au climat à la base. Les informations obtenues grâce au travail mené sur le terrain sont très précieuses. « Nous allons savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas », a dit M. Uprety, retraité du ministère de l’Environnement, de la Science et de la Technologie.
Plusieurs organisations ont élaboré des projets exécutés au niveau local, indépendamment des mécanismes nationaux d’adaptation au climat. « Ils sont appliqués en collaboration avec les communautés et les organisations communautaires ; innover, lancer des initiatives et enregistrer les résultats de l’exécution des politiques », indique le rapport d’Oxfam.
Pendant des décennies, les communautés de ce pays montagneux de plus de 30 millions d’habitants se sont adaptées aux changements climatiques sans l’aide de l’État et sans le soutien des bailleurs de fonds, a noté M. Pokharel. Il est temps que leurs initiatives soient reconnues et compensées, sans quoi « justice ne leur aura pas été rendue ».
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