La survenue d’un évènement spécifique ne peut toutefois être attribuée au changement climatique, qui indique des tendances à long terme (des décennies ou davantage) de la variabilité climatique. Les experts s’accordent cependant à attribuer cet épisode de sécheresse à l’épisode actuel, particulièrement fort, de La Niña. L’impact du changement climatique sur l’intensité et la fréquence des prochains épisodes de La Niña et d’El Niño reste la grande inconnue.
IRIN s’est entretenu avec deux experts, un environnementaliste et un scientifique qui ont beaucoup travaillé dans la région:
Philip Thornton, un scientifique qui collabore notamment avec l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) basé à Nairobi et l’Institute of Atmospheric and Environmental Sciences basé à l’université d’Édimbourg, a réalisé des travaux pionniers dans le domaine des projections sur les effets du changement climatique en Afrique de l’Est et en Afrique australe.
Par courriel, il a indiqué à IRIN que les projections sur les effets du changement climatique en Afrique de l’Est posaient un « un problème », car le quatrième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat « évoquait un consensus sur les modèles climatiques qui prévoient une augmentation des précipitations au cours de ce siècle.
Mais de nouveaux travaux réalisés par d’autres climatologues montrent que ... certains des phénomènes qui se produisent dans l’océan Indien ne se produiront pas forcément en Afrique de l’Est.
Certains pensent que l’Afrique de l’Est s’assèche, et qu’elle s’est asséchée au cours de ces dernières années ; aujourd’hui, nous n’en avons pas de preuves solides et générales, et il est pour l’instant très difficile d’évaluer les tendances statistiques des précipitations dans la région, mais ces tendances apparaîtront clairement au fil du temps ». [voir Les secrets de la Niña]
Le cinquième Rapport d’évaluation de l’IPCC sera publié en 2014.
Jan de Leeuw est le chef de projet opérationnel chargé de la question de la vulnérabilité et de la durabilité des systèmes pastoraux et agropastoraux dans le cadre du programme Élevage, populations et environnement de l’ILRI. Il souligne que cet épisode de La Niña est l’un des plus forts depuis les années 1970. Mais, selon lui, La Niña et El Niño sont des phénomènes cycliques que « nous ne comprenons pas ».
Photo: ILRI |
En Afrique de l'Est, les précipitations liées à l'oscillation australe El Niño indiquent que la Niña est dans une phase très forte |
M. De Leeuw écrit : «Les phénomènes de La Niña étaient fréquents des années 1950 jusqu’à 1976. Ensuite, nous avons eu deux décennies [jusqu’en 1996 environ] marquées par des épisodes moins fréquents et d’une intensité moins importante. Depuis, cela a changé, et ces 15 dernières années environ, nous avons constaté une augmentation de la fréquence des épisodes du phénomène de La Niña ».
Des épisodes aussi forts que l’actuel épisode de La Niña ne se produisent qu’une fois tous les 20 ou 30 ans, écrit M. De Leeuw. « Nous sommes dans une période où le phénomène de La Niña se produit plus souvent, mais nous avons déjà connu cette situation entre 1950 et 1976 ».
M. Thornton a le mot de la fin : il dit que la recherche doit se concentrer sur la mise en œuvre de systèmes d’alarme précoce plus efficaces et sur la manière d’aider les populations affectées par ces évènements, car les réflexions « académiques » sur les liens avec le changement climatique ne les aident pas à s’adapter aux niveaux actuels de variabilité météorologique, « quoi qu’il arrive à l’avenir ».
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