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Pas de place pour la complaisance

A tsunami survivor is reunited with her mother (L) after a two month separation following the disaster. The women found each other during prayers at Baiturahman Mosque in Banda Aceh, February 5, 2005 Jefri Aries/IRIN
A tsunami survivor is reunited with her mother (L) after a two month separation following the disaster. The women found each other during prayers at Baiturahman Mosque in Banda Aceh, February 5, 2005
Une semaine après le lancement d’une alerte au tsunami sur la côte occidentale de l’Indonésie, les agences et les experts en matière de catastrophes naturelles indiquent qu’il n’y a pas de place pour la complaisance.

« Nous ne devons pas baisser la garde – il y a toujours place à l’amélioration », a dit à IRIN Ignacio Leon-Garcia, chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Indonésie.

« Le fait que la plupart des gens qui vivent dans les zones affectées ont été alertés rapidement et déplacés vers des endroits plus élevés est la preuve de l'efficacité des mesures préparatoires et des systèmes d'alerte précoce. »

Un tremblement de terre de magnitude 8,6 s’est produit le 11 avril à 15h38 heure locale à 437 kilomètres au large de Sumatra, l’une des îles les plus occidentales de l’archipel indonésien. Une alerte au tsunami a été décrétée pour les provinces d’Aceh, de Sumatra-Nord, de Sumatra-Ouest, de Lampung et de Bengkulu.

Deux heures plus tard, une secousse d’une magnitude de 8,2 a déclenché une seconde vague d’alertes.

Nouveau système d’alerte précoce

Selon des responsables du gouvernement, l’Indonésie dispose maintenant d’un système d’alerte au tsunami entièrement opérationnel.

« En l’espace d’environ cinq minutes, nous pouvons obtenir toutes les informations nécessaires sur le séisme et identifier les zones qu’il risque d’affecter. Ces données sont transmises à un système central de soutien décisionnel qui permet au gouvernement de prendre une décision éclairée quant au niveau de réponse nécessaire », a dit Surharjono, le directeur du Centre pour les séismes et les tsunamis de l’Agence indonésienne de météorologie, de climatologie et de géophysique (BMKG), qui, comme de nombreux Indonésiens, ne porte qu’un nom.

L’Indonésie partage maintenant 70 sismographes (instruments qui enregistrent les mouvements du sol pendant les séismes) avec d’autres pays de la région et dispose également de 250 accéléromètres sismiques (instruments qui mesurent la vitesse à laquelle le sol bouge) qui lui appartiennent en propre, a-t-il expliqué.

Sutopo Purwo Nugroho, directeur des données et des relations publiques de l’Agence nationale de gestion des catastrophes (BNPB), a ajouté que 180 stations marégraphiques, 34 sirènes d’alerte précoce et 25 bouées de détection des tsunamis avaient également été installées dans l’ensemble du pays.

Vulnérabilités passées

L’Indonésie est située sur la ceinture de feu du Pacifique, où se produisent 90 pour cent des séismes mondiaux, selon l’Institut de veille géologique des États-Unis (United States Geological Survey, USGS).  Si l’ensemble du pays est vulnérable aux tremblements de terre et aux tsunamis, la côte occidentale de Sumatra est la région qui a subi le plus de pertes et de dommages.

En 2004, un tremblement de terre de magnitude 9,1 est survenu au large de la côte d’Aceh, la province la plus septentrionale du pays. Le séisme a provoqué un tsunami dévastateur qui a fait plus de 130 000 victimes. Hamza Latief, qui travaille au département d’océanographie de l’Institut de technologie de Bandung (ITB), a dit à IRIN que la perception des tsunamis avait beaucoup changé depuis.

« Trois semaines avant le tsunami de 2004, j’ai participé à une réunion avec des représentants des gouvernements des districts et des provinces de l’ensemble du pays », a-t-il dit. « J’essayais de les sensibiliser à la menace que représentent les tsunamis pour l’Indonésie, mais personne ne s’intéressait à ce que je disais parce qu’on n’avait encore rien vu qui ait l’ampleur de ce qu’on a expérimenté par la suite. »

À l’époque, le pays n’était pas équipé d’un système d’alerte au tsunami. Les habitants de Sumatra ne pouvaient donc pas se douter que des vagues de 30 mètres de hauteur se dirigeaient vers l’île avant qu’elles n’atteignent le rivage.

Vulnérabilités actuelles

Si la réponse de l’Indonésie face à la menace des tsunamis s’est améliorée, M. Nugroho, de la BNPB, croit que le système national doit encore être renforcé. « Dans la région d’Aceh, il y avait six sirènes en opération au moment du séisme de la semaine dernière, mais trois seulement ont fonctionné », a-t-il dit. « Deux d’entre elles n’ont pas retenti du tout et la troisième n’a commencé à sonner qu’après 30 minutes. »

As part of the city's disaster preparedness efforts, Padang authorities have constructed a number of tsunami evacuation routes in the city
Photo: Marianne Kearney/IRIN
Les points d’évacuation doivent être mieux signalés
Selon les médias locaux, le vice-président indonésien Boediono, qui s’est rendu dans la province d’Aceh deux jours après le tremblement de terre pour évaluer les efforts de réponse, a dit que la circulation avait été paralysée à Banda Aceh, la capitale de la province, parce que les gens fuyaient les zones côtières.

« Nous devons construire beaucoup plus d’abris et mettre en place des sirènes supplémentaires afin qu’il soit plus facile pour les habitants de se déplacer vers des endroits plus élevés », a dit Nugroho.

Phillip Charlesworth, chef de la délégation de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR) à Jakarta, a dit : « Les sirènes sont reliées au système électrique. Certaines sirènes n’ont pas pu fonctionner parce que l’électricité avait été coupée à la suite du séisme. »

Même s’il y avait suffisamment d’appareils pour faire passer le message, M. Charlesworth s’inquiète du fait que les sirènes et les bouées sont souvent placées dans des zones isolées. « Une bouée située juste à côté de l’épicentre du séisme n’a pas fonctionné », a-t-il noté.

M. Latief, de l’ITB, a dit que l’utilisation de bouées de détection précoce devait être repensée. « Les bouées peuvent facilement être vandalisées… Peut-être devrions-nous examiner la possibilité d’utiliser des détecteurs de tsunamis placés au fond de l’océan ? Ces appareils sont moins vulnérables parce qu’ils sont situés sous l’eau. »

Quand les sirènes sont défectueuses, il devient problématique de faire connaître aux habitants des zones rurales isolées la menace qui pèse sur eux. « Ils n’ont pas accès à Internet ou à la télévision. Si une sirène ne fonctionne pas, ils n’ont aucun moyen de savoir ce qui se passe. »

« La terre a tremblé pendant trois minutes »

Selon les experts, il est possible que les événements de la semaine dernière aient eu un effet traumatique sur la population locale. M. Latief a reconnu que cette question devait être examinée à Aceh. « Peut-être devrions-nous améliorer la signalisation des points d’évacuation afin d’éviter les mouvements de panique comme ceux que comme nous avons vus la semaine dernière dans les rues ? »

M. Charlesworth, de la délégation de la FICR en Indonésie, a dit : « La terre a tremblé pendant trois minutes, mais les gens ont paniqué parce qu’ils s’inquiétaient des conséquences d’un éventuel tsunami plutôt que du tremblement de terre lui-même. »

De nombreux habitants de la province d’Aceh ont fait des rechutes à cause de ce qu’ils ont vécu en 2004. Or, selon M. Charlesworth, il est trop tôt pour savoir si les communautés d’Aceh développeront des problèmes psychosociaux à grande échelle à la suite de l’alerte de la semaine dernière. Il a par ailleurs ajouté que les équipes de la Croix-Rouge indonésienne s’étaient rendues à Aceh pour évaluer les besoins.

mw/ds/he-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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