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Emmad Saeed, « Je sais que je ne vais pas mourir et c’est un soulagement »

Emmad Saeed (not his real name) and his young nephew are among 23 Syrian refugees who recently arrived on the Greek island of Lesvos in a bid to reach Europe and safety Kristy Siegfried/IRIN
Dans le village encore endormi de Skalochori, sur l’île grecque de Lesbos, un groupe de 23 réfugiés syriens partage en hâte un repas composé de poisson et de pain offerts par la population locale avant qu’un camion de police arrive pour les placer en détention.

Au cours des deux derniers mois, plusieurs îles de cette zone de la mer Égée ont vu accoster des bateaux chargés de migrants dont la plupart étaient des Syriens fuyant le conflit armé qui ravage leur pays.

Ce groupe, une grande famille étendue, comprend six femmes, quatre enfants et Emmad Saeed*, âgé de 23 ans, étudiant en dernière année de droit. Il a raconté à IRIN comment lui et les siens étaient arrivés à Lesbos.

« Nous habitons un petit village du nord-est de la Syrie, dans le gouvernorat d’Al-Hasakah. La région était calme mais [ensuite] les Kurdes ont commencé à s’armer et le régime a commencé à tous nous bombarder. Le régime est cruel mais l’opposition ne se bat pas bien. La plupart des gens soutiennent [les rebelles] mais ils ne veulent pas perdre leurs enfants et, quand les forces révolutionnaires entrent dans un village, le régime le bombarde. Une bombe a atterri tout près de notre village.

« Avant, nous vivions bien en Syrie. Nous avions des maisons et des voitures. C’était une belle vie. Il n’y avait ni extrémisme religieux, ni tensions. Peu importe quelle était ta religion. Maintenant, l’économie s’est détériorée et c’est très difficile pour nous.

« Il y a un peu plus d’une semaine, un homme arabe est venu dans notre village et a dit qu’il pouvait emmener des gens en Europe pour 2 500 euros chacun. Nous avons de la famille en Allemagne et en Suède donc nous avons pensé y aller et rester jusqu’à la fin de la guerre. Nous ne voulions pas vivre dans des camps comme des animaux.

« Une nuit, il nous a fait monter dans un petit autobus aux vitres obscurcies et nous avons roulé – nous ne savions pas dans quelle direction. Il a dit ‘pas de question’ et normalement, nous n’aurions pas accepté mais nous avons juste payé. C’était un trajet mouvementé de plus de 30 heures et nous ne nous sommes pas arrêtés, même pas pour aller aux toilettes. C’était très dur pour les enfants.

« Nous sommes arrivés sur un rivage où il y avait un canot pneumatique. Nous n’avons pas parlé au conducteur et il ne nous a pas parlé. La mer était un peu agitée et nous avions tous le mal de mer. Après environ cinq heures et demie, nous avons accosté sur une côte rocailleuse. Le conducteur a dit ‘Europe’, nous avons pris nos sacs et il est reparti. Nous avons fait un petit feu sur la plage et, au matin, nous avons rencontré un homme et une femme et nous leur avons demandé où nous étions. Ils ont répondu ‘c’est la Grèce’ et ce fut un choc pour nous. Nous pensions qu’il nous avait emmenés en Italie.

« Nous ne sommes pas des parasites. Nous sommes instruits, nous savons travailler. Nous voulons juste être en sécurité. La Grèce ne peut rien nous offrir alors nous partirons d’ici mais comment, nous ne le savons pas. Nous n’avons apporté aucun papier car nous avions peur que la police ne nous attrape et ne nous tue. L’important est que le régime ne peut pas nous atteindre maintenant. Je sais que je ne vais pas mourir et c’est un soulagement. En temps normal, je serais anéanti : je ne voulais pas quitter la Syrie ».

*Nom d’emprunt

ks/rz-fc/ag


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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