À l’approche des élections législatives, les premières élections organisées depuis la révolution égyptienne et qui se tiendront le 28 novembre, des manifestants de différents horizons politiques ont condamné un document du gouvernement qui stipule que le conseil militaire est le gardien de la « légitimité constitutionnelle », et qui retire au Parlement le contrôle du budget de l’armée, selon les médias.
Les Frères musulmans et des représentants des partis laïques ont participé à ces manifestations pour demander davantage de contrôle sur la Constitution qui sera rédigée par le futur Parlement.
« Ces élections sont extrêmement importantes, car le nouveau Parlement sera chargé de la rédaction de la Constitution de ce pays », a dit à IRIN Emad Gad, un expert du groupe de réflexion local Al Ahram Centre for Political and Strategic Studies. « Cette Constitution déterminera la nature de l’État égyptien pour les décennies à venir peut-être ».
Quelque 50 partis politiques et plus de 8 000 candidats indépendants vont participer à ces élections, qui représentent l’exercice démocratique le plus important de l’histoire égyptienne, afin d’obtenir des sièges dans les deux chambres du Parlement égyptien (l’Assemblée du Peuple et l’Assemblée de la Choura).
Les partis islamistes, emmenés par les Frères musulmans bannis de la sphère politique sous le régime de l’ancien président Hosni Moubarak, le parti libéral, le parti socialiste et les représentants du mouvement des jeunes révolutionnaires se disputeront les suffrages de plus de 50 millions d’électeurs.
Espoirs
Les théoriciens égyptiens espèrent que le scrutin permettra d’élire un Parlement représentatif de toutes les puissances politiques et de toutes les réalités politiques nées de la révolution qui a entraîné le départ de M. Moubarak en janvier. Selon eux, un Parlement représentatif rédigera une Constitution qui satisfera tout le monde.
« Cela permettra également d’établir une Constitution représentative des aspirations de toutes les composantes de la société, sans discrimination », a dit Abdullah Al Senawi, un éditorialiste. « Dans le cas contraire, la paix sociale et politique du pays sera menacée ».
Une étude récemment réalisée par l’Al Ahram Centre for Political and Strategic Studies a montré que 59 pour cent des Égyptiens espéraient que les élections favoriseraient une transition longtemps attendue vers la démocratie.
Toutefois, nombre d’Égyptiens se montrent sceptiques quant à la capacité du gouvernement et de l’armée à organiser des élections libres et justes dix mois après l’effondrement du système de sécurité égyptien lors des combats meurtriers entre les manifestants anti-Moubarak et les policiers.
Mises en garde
Saad Al Zunt, qui dirige le groupe de réflexion local « Centre for Political Studies », avertit que les élections pourraient être sanglantes. Il évoque une dégradation des conditions de sécurité et des inquiétudes concernant la capacité de la police à protéger les élections.
« Certains Égyptiens espèrent que les élections se dérouleront dans un climat de paix », a dit M. Al Zunt. « Je leur dis que cela ne sera peut-être pas le cas ».
Il s’attendait à des affrontements religieux, à des confrontations entre le peuple et l’armée, et à des attaques terroristes avant et pendant les élections.
Alors que M. Al Zunt s’exprimait, des voyous s’en sont pris à des centaines de manifestants chrétiens qui se rendaient dans le quartier de Shubra au Caire. Ces affrontements religieux, qui ont fait dix blessés, se sont produits près d’un mois après les combats qui avaient opposé des milliers de manifestants chrétiens à la police militaire, faisant 27 morts et quelques centaines de blessés.
D’autres experts ont mis en garde contre de possibles frustrations si le Parti national démocratique de M. Moubarak, qui a été dissous, gagnait un grand nombre de sièges au Parlement.
Les révolutionnaires n’ont pas réussi à obtenir une décision de justice interdisant aux membres de l’ancien parti de M. Moubarak de se présenter aux élections.
« Ces élections pourraient être décevantes pour tout le monde », a dit Gamal Zahran, professeur de sciences politiques à l’université du Canal de Suez et ancien législateur qui a décidé de boycotter les élections. « Les nouveaux partis révolutionnaires n’ont pas eu suffisamment de temps pour se présenter au public, donc ils ont peu de chance de remporter les élections ».
[Pour en savoir plus : Voicing election hopes in Egypt]
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