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Manque de transparence chez les donateurs internationaux

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La transparence sera à l’ordre du jour du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, qui aura lieu à Busan, en Corée du Sud. Selon une étude réalisée par le groupe de pression Publish What You Fund (PWYF) [publiez ce que vous financez], la plupart des bailleurs de fonds internationaux ne sont pas suffisamment transparents au sujet de leurs programmes d’aide, et certains ne fournissent aucune information.

Le groupe de surveillance de l’aide humanitaire a voulu vérifier si les donateurs publiaient des informations sur leur budget, leurs politiques d’attribution de l’aide et leurs procédures de passation de marchés et s’ils divulguaient les rapports d’audit faisant état de leurs performances. Et qu’en était-il des programmes nationaux? Mettaient-ils à la disposition du public leurs stratégies, leurs budgets prévisionnels, leurs évaluations et leurs résultats ?

Les activités financées par les donateurs ont également été examinées de manière plus approfondie. PWYF a vérifié dans quelle mesure les personnes de l’extérieur pouvaient se renseigner sur les projets et les sources de financement et obtenir des détails sur les appels d’offres, les contrats et les études d’impact.

L’étude classe 58 pays et organisations en fonction de la transparence dont ils ont fait preuve sur 37 aspects de leurs programmes d’aide.

La question avait été abordée lors des précédents Forums et l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) a été lancée à Accra, au Ghana, en 2008. Certains donateurs ont fait des progrès.

Comment s’en sortent-ils ?

L’Association internationale de développement (AID) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui font partie du Groupe de la Banque mondiale, se situent en tête du classement. Elles ont fourni 78 pour cent des informations requises et obtenu la mention ‘satisfaisant’[Fair]. Aucun donateur n’a obtenu la mention ‘bien’ [Good].

La Banque mondiale a fait preuve d’une grande transparence au sujet de ses opérations, mais elle est restée plus discrète sur l’organisation elle-même, refusant de publier son budget actuel, son budget prévisionnel ou ses résultats d’audit. Aussi, même lorsque les informations étaient disponibles, elles étaient souvent dispersées sur différents sites web et dans plusieurs bases de données et n’étaient pas toujours faciles à trouver.

Plus tôt cette année, la Banque mondiale est devenue le premier donateur multilatéral à satisfaire les critères de transparence de l’aide établis par l’IITA.

Deux autres bailleurs de fonds multilatéraux, le Fonds mondial et la Banque africaine de développement (BAD), figurent aux deuxième et troisième rangs, suivis de près par les meilleurs donateurs nationaux : les Pays-Bas, le Département britannique pour le développement international (DFID) et la Suède.

S’il peut être tentant d’assumer que les institutions multilatérales obtiennent de meilleurs résultats parce que les gouvernements qui les financent exigent une certaine transparence, il n’existe aucune tendance claire permettant de confirmer cette hypothèse. En effet, certaines institutions multilatérales, notamment GAVI Alliance (anciennement l’Alliance mondiale pour les vaccins et l'immunisation) et la Banque européenne d’investissement, se retrouvent dans la moitié inférieure du classement.

Si on peut également supposer que les donateurs plus importants ou qui sont établis depuis plus longtemps font preuve d’une plus grande transparence que leurs homologues plus petits ou plus récents, il existe cependant plusieurs exceptions. L’Estonie obtient en effet un bon score, contrairement à l’Espagne et à l’Italie. La Chine est le seul pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui figure au classement et elle fait partie des pays les moins transparents. Tout en bas se trouvent la Grèce, Chypre et Malte, les deux derniers ayant obtenu un score de zéro pour n’avoir fourni aucune des informations requises.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est la seule agence des Nations Unies qui figure au classement. Il obtient un score particulièrement élevé pour la transparence dont il fait preuve au sujet de l’organisation elle-même. Il se mérite une note de 58 pour cent et termine au 10e rang du classement général.

Le cas des États-Unis démontre l’incohérence qui règne parfois entre les agences d’un même pays. Le Millennium Challenge Corporation (MCC) obtient un bon score et figure parmi les pays et les institutions multilatérales qui s’en sortent le mieux. L’Agence américaine pour le développement international (USAID), le principal organisme d’aide humanitaire américain, n’obtient pour sa part que 25 pour cent et se classe au 38e rang. L’USAID fait preuve de transparence au sujet de ses politiques d’attribution de l’aide, ses procédures de passation de marchés et, ce qui est plus inhabituel, ses résultats d’audit, mais elle ne divulgue pas d’informations au sujet des pays où elle mène ses opérations.

Quatre autres agences d’aide américaines figurent au classement : le Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et les départements d’État, de la Défense et du Trésor. Aucune ne s’en sort particulièrement bien : les départements de la Défense et du Trésor se retrouvent dans le groupe inférieur, pas très loin devant la Chine.

Dans l’ensemble, les résultats sont très décevants, estime Karin Christiansen, directrice de PWYF. « Le manque de transparence est en partie responsable des gaspillages, des doubles emplois et de l’inefficacité de l’aide. Il entrave les efforts réalisés en vue d’améliorer la gouvernance et de réduire la corruption et rend l’évaluation des résultats difficile. À une époque où les budgets consacrés à l’aide étrangère sont soumis à des pressions particulièrement fortes, il importe plus que jamais de favoriser la transparence et la reddition de comptes ».

S’ils connaissaient les politiques d’attribution de l’aide, les procédures de passation de marchés ainsi que les stratégies et les budgets prévisionnels des donateurs pour leur pays et pour les trois prochaines années, les responsables des pays bénéficiaires pourraient procéder à une meilleure planification. D’un autre côté, la publication des documents d’évaluation et des conditions de financement pourrait placer les bailleurs de fonds dans des situations gênantes.

Si de nombreux donateurs font de la transparence une condition pour l’attribution d’une aide financière, certains, comme l’Australie, le Canada, la Finlande, l’Irlande, la Norvège et le PEPFAR, ne mettent pas en pratique ce qu’ils prônent.

Le DFID se classe au deuxième rang des meilleurs bailleurs de fonds nationaux. « La Grande-Bretagne a… considérablement accru la transparence de ses programmes d’aide en divulguant toutes les dépenses supérieures à 500 livres sterling et en créant un organe de surveillance indépendant... Les contribuables peuvent ainsi savoir précisément où va l’argent et de quelle façon il est dépensé. Les programmes d’aide doivent être fondés sur des indications claires, pas sur des hypothèses », a dit le ministre du développement international Andrew Mitchell.

La Grande-Bretagne n’obtient pourtant qu’un score de 63 pour cent et ne révèle pas les données potentiellement embarrassantes comme les documents d’évaluation ou de stratégie pour les différents pays. Elle reste également discrète à propos des conditions des projets, des accords et des protocoles d’entente.

Tous les donateurs craignent les désagréments qui risquent de survenir si un allié découvre qu’il obtient moins d’aide que son voisin ou qu’on lui impose des conditions plus strictes pour l’attribution de l’aide.

À Busan, PWYF fera pression en faveur d’une transparence accrue, mais il est fort probable que le groupe se heurte à une forte réticence.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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