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Aider les travailleurs migrants à améliorer leurs compétences

Students and MWTF co-founder Janie Shen during the Sunday language classes in Lebanon Jenny Gustafsson/IRIN
Students and MWTF co-founder Janie Shen during the Sunday language classes in Beirut
Depuis deux mois, un projet dirigé par une équipe de bénévoles dans la capitale libanaise, Beyrouth, offre aux travailleurs migrants des cours gratuits leur permettant d’acquérir des compétences susceptibles de les rendre plus compétitifs et, avec un peu de chance, d'améliorer leurs moyens de subsistance.

« Le profil des étudiants est très varié », a expliqué Alex Shams, fondateur avec Janie Shen de la MWTF (Migrant Workers Task Force). Le projet compte 130 membres et 30 collaborateurs libanais ou étrangers qui partagent leurs compétences, notamment en théâtre, en cinéma et en cuisine.

« [Il s’agit] principalement de personnes qui travaillent comme domestiques, en cuisine ou ailleurs ; également des femmes autrefois mariées à des Libanais qui élèvent désormais leurs enfants seules », a ajouté M. Shams.

Parmi les activités proposées, on trouve notamment des cours d’informatique et de cuisine, mais les cours de langues restent les plus populaires. Cela fait maintenant deux mois que MWTF donne ses cours gratuits chaque dimanche à la Zico House de Beyrouth. Les cours sont entièrement gérés par des bénévoles et ont été conçus afin de répondre aux besoins individuels de chaque étudiant.

Le 8 mai, le jardin de la Zico House était bondé d’une bonne cinquantaine d'étudiants âgés de 15 à 50 ans et plus, originaires d’Éthiopie, du Soudan, de Madagascar, des Philippines, du Népal et de l'Inde. « Pour beaucoup d’étudiants, le dimanche est leur seul jour de congé », a affirmé M. Shams. « Le fait qu’ils se rendent en cours ce jour-là en dit long sur leur motivation ».

« Au départ, notre idée était d'enseigner des compétences permettant à nos étudiants de se défendre, et nous pensions que la plupart d’entre eux allaient vouloir apprendre l'arabe. Mais en réalité, la majorité sont avant tout intéressés par des langues qui leur serviront dans le futur ».

Des conditions difficiles

Les travailleurs migrants sont généralement confrontés à une période difficile au Liban. Selon l’organe de surveillance Migrants Rights, la dureté de leurs conditions en a même poussé certains au suicide. Il indique que le système de sponsorat qui réglemente le travail des étrangers au Liban garantit que les travailleurs migrants qui fuient leurs employeurs, même en cas d’abus, perdent leur statut légal. Ajouté à l’indifférence de la police, cela décourage de nombreux travailleurs de se plaindre de leurs employeurs ou de les quitter.

Le Liban, dont la population dépasse les 4 millions de personnes, compte pas moins de 200 000 travailleurs migrants venus de toute l’Asie et d’Afrique, essentiellement d’Éthiopie, des Philippines, du Bangladesh, du Sri Lanka et du Népal, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Kafa. Dans une étude récente, il est apparu que 65 pour cent d'entre eux avaient connu différentes formes de détresse.

« Lorsque gagner sa vie devient une denrée rare, comme ça a été le cas pour ces migrants, cela ouvre la porte à l'esclavage et à l'exploitation », a expliqué Hoda, une bénévole de la Zico House. « Si l’ensemble des travailleurs domestiques se mettaient en grève ne serait-ce qu'une journée, ce serait pire que l’effondrement du gouvernement. Et si chaque famille libanaise comprenait la valeur réelle de ses employés, les liens qui se créent lorsque l'on prend soin des autres, elle prendrait enfin conscience de ce que cela signifie que d’être humble ».

L’espoir d’une vie meilleure

Anas Kadjo et Abakr Khalil Addoumah sont venus à Beyrouth avec le même but : échapper à la violence et à la détresse économique de leur pays natal, le Soudan. Mais ils ont découvert que leurs perspectives à long terme étaient sombres.

« J’apprends pour l’avenir », a affirmé M. Addoumah, que ses amis surnomment Sami. Cela fait 6 ans qu’il travaille comme chauffeur de taxi au Liban, et ces cours lui apparaissent comme un moyen d’investir dans son avenir.

« En apprenant l’anglais, je peux améliorer ma situation », a-t-il ajouté. « La vie est très dure, surtout en ce qui concerne le travail ». Dimanche était son premier jour de cours, mais M. Kadjo fréquente quant à lui le centre depuis son ouverture.

« Je viens chaque semaine depuis le début, pour étudier l'anglais et le français », a expliqué M. Kadjo. « Toutes deux sont des langues internationales, c’est pourquoi j’améliore mes chances de trouver du travail en les apprenant ». Depuis 5 ans qu’il vit au Liban, il n’est retourné voir sa femme et sa famille à Khartoum qu’une seule fois.

« La vie au Soudan est dure », a-t-il ajouté. « Nous avons connu de nombreuses années de guerre et il n’existe pas la moindre opportunité économique. Ces cours sont l’occasion pour nous de changer notre situation. J’aimerais retourner au Soudan et utiliser ces compétences pour améliorer les choses. Mon idée est d’enseigner le français et l’anglais à Khartoum ».

MWTF propose également des cours d’amharique, de népalais, de malgache et de filipino – les langues maternelles des travailleurs migrants.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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