1. Accueil
  2. Americas
  3. Haiti

Résoudre l’énigme de l’assistance américaine à Haïti

Hillary Clinton, US Secretary of State sskennel/Flickr
Hillary Clinton, US Secretary of State, described widespread sexual violence against women in the DRC as "a crime against humanity" (file photo)
En annonçant que « pas un centime » des 1,15 milliard de dollars promis par les Etats-Unis pour la reconstruction d’Haïti lors de la conférence des donateurs organisée par les Nations Unies en mars n’avait atteint les victimes, l’Associated Press en a largement attribué la responsabilité à un seul sénateur, Tom Coburn, républicain conservateur d’Oklahoma qui s’était opposé à une condition mineure dans la législation autorisant cette dépense.

M. Coburn a « retardé » la loi « de façon anonyme » jusqu’à ce que ses questions aient obtenu une réponse, a indiqué l’agence de presse le 28 septembre, et le sénateur a rapidement été vilipendé par des libéraux influents pour sacrifier les pauvres d’Haïti sur l’autel de sa campagne actuelle en faveur de la prudence fiscale. Le comédien Jon Stewart l’a qualifié « d’en** international du mystère » pour avoir émis une « objection secrète » au projet de loi. Le présentateur de MSNBC Keith Olbermann a déclaré que M. Coburn « commettait un véritable crime envers le peuple haïtien et qu’il le faisait au nom de “Nous, le peuple” des Etats-Unis ».

Il est vrai que M. Coburn a mis en attente des fonds pour Haïti - 500 millions de dollars en fait - dont le pays a grand besoin. Mais ce n’est pas lui qui retarde les 1,15 milliard de dollars que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton avait promis sous les applaudissements à la conférence des donateurs des Nations Unies.

Cet argent a été inclus dans une loi de financement annexe qui a été adoptée par les deux chambres du Congrès, après des mois d’allers-retours entre les différents bureaux, et a été signée par le président Barack Obama le 29 juillet 2010. L’administration Obama avait demandé au Congrès un total de 2,8 milliards de dollars pour aider Haïti, mais la version définitive de la loi (H.R. 4899, P.L. 111-212) a inclus un total de 2,93 milliards de dollars. L’argent se divisait en trois catégories : 1,642 milliard étaient destinés aux secours d’urgence, 1,140 milliard au relèvement et la reconstruction – l’argent promis par Mme Clinton - et 147 millions à des opérations diplomatiques, selon un rapport du Service de recherche du Congrès du 6 août 2010.

En septembre, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a indiqué que plus de 1,1 milliard sur les 1,642 milliard de secours d’urgence à Haïti avaient été dépensés depuis le séisme. Mais les 1,140 milliard prévus pour le relèvement et la reconstruction n’ont pas quitté le Trésor américain, parce que la majeure partie de cette aide ne peut pas être déboursée tant que la secrétaire d’Etat n’a pas indiqué aux diverses commissions du Congrès la façon exacte dont cet argent sera dépensé et comment sera gérée la supervision des fonds. Le Sénateur Coburn n’a rien à voir avec le blocage de ces fonds.

Selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Clinton vient seulement de commencer à remplir les conditions imposées par la loi. L’administration « est encore en train de travailler sur ces questions avec les commissions compétentes », a-t-il dit. « Nous avons mené toute une série de réunions au Capitole, afin d’assurer la coordination et la consultation ». Entre temps, le gouvernement américain a reprogrammé « environ 300 millions de dollars pour la phase initiale de relèvement en Haïti… afin de poser les bases d’un développement durable à long terme ».

« Nous pensons que nous serons bientôt en mesure de débloquer notre aide à la reconstruction », a-t-il ajouté.

En réponse au tollé provoqué par son blocage, M. Coburn a fait remarquer que c’était l’administration Obama qui était responsable du retard des fonds de reconstruction, blâmant la complexité de « la bureaucratie de la branche exécutive » pour le délai. « Quoique plus de 10 semaines se soient écoulées depuis que ce projet de loi a été voté, la secrétaire d’Etat ne semble avoir rempli cette condition [de déblocage des fonds] que cette semaine, » a-t-il écrit le 7 octobre.

Deux objections

Mais tout ceci ne change rien au fait que M. Coburn retient 500 millions de dollars destinés à Haïti et qui font partie d’une autre section de la loi, la Loi sur l’autonomisation, l’assistance et la reconstruction d’Haïti, qui a été adoptée par la Commission des affaires étrangères du Sénat le 25 mai. Le sénateur d’Oklahoma a deux objections à cette loi : il pense que la création d’un nouveau poste de conseiller et coordinateur de la politique des Etats-Unis ferait double emploi avec les tâches déjà entreprises par l’ambassadeur américain en Haïti. Il affirme également que les 500 millions compris dans la loi « doivent être compensés par des coupes ailleurs dans les programmes de moindre priorité du budget annuel démesuré du gouvernement fédéral qui atteint 3,7 trillions de dollars ».

« Il est irresponsable d’autoriser une nouvelle dépense pour laquelle l’argent n’est pas disponible, parce que le résultat serait d’abaisser le niveau de vie aux Etats-Unis et de mettre notre nation dans l’incapacité de fournir de l’aide quand des désastres et d’autres crises frapperont à l’avenir », a-t-il écrit.

Un membre de la Commission des Affaires étrangères du Sénat a dit à IRIN que des négociations étaient en cours avec M. Coburn pour trouver une solution. « Nous sommes certains que nous serons en mesure de faire avancer la situation », a-t-il indiqué.

En attendant, Haïti continue de souffrir. D’autres pays ont également repoussé l’envoi de leur aide à la reconstruction. Moins de 15 pour cent de l’argent promis à la conférence des donateurs pour 2010-2011 a été reçu. « Les tergiversations américaines en matière de remise des fonds d’aide… établissent un précédent négatif », a dit Dan Beeton du Center for Economic and Policy Research de Washington. « Cela pourrait décourager d’autres pays, dont certains ont sans doute nettement moins d’argent mais qui autrement seraient peut-être plus enclins à partager, à soutenir Haïti au moment où le pays en a le plus besoin ».

pd/cb/og/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join