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Les difficultés continuent pour les déplacés victimes d’une coulée de boue

Thousands of homes, as well as schools, government offices, factories, mosques and valuable farmland have been lost to the mud. Brennon Jones/IRIN
Près de 50 000 personnes déplacées en Indonésie manquent encore de services essentiels et attendent une indemnisation totale après qu’une coulée de boue a détruit leurs maisons et leurs cultures il y a environ quatre ans.

La coulée de boue et les émissions de gaz toxiques provenant d’un volcan de boue dans le district de Sidoarjo, dans la province du Java oriental, ont commencé en mai 2006 et continuent toujours. Selon l'agence officielle de Sidoarjo chargée du suivi de la catastrophe (BPLS), le volcan rejette quotidiennement 60 000 mètres cubes de boue liquide. Environ 14 000 maisons ont été submergées.

Dans le village de Besuki, dans le sous-district de Porong — à cinq minutes de route du volcan — les personnes déplacées ont trouvé refuge le long d’une route, dans des cabanes en bambou qu’ils ont construites eux-mêmes. 

Les déplacés disent qu’ils attendent toujours une indemnisation totale pour avoir perdu leurs terres et leurs maisons et qu’ils ne peuvent pas se permettre de déménager avant de recevoir tout l’argent. Nombre d’entre eux déclarent qu’ils n’ont reçu que 50 pour cent de l’indemnisation, ce qui représente pour la plupart environ 100 millions de rupiahs (10 000 dollars). Ils s’attendent à recevoir le reste dans un an.

« Oubliés »

Siti Rochma, âgée de 37 ans, vit dans un abri d’une seule pièce depuis deux ans.

« Je partage la pièce avec mon mari et nos quatre enfants. Il fait très chaud la nuit et la pluie coule à travers le toit. Personne ne peut dormir », a-t-elle dit à IRIN.

« Nous avions beaucoup de journalistes et de personnes qui écrivaient des rapports ici, mais ils ne sont plus très nombreux à venir », a-t-elle dit. « Nous pensons que les gens nous ont oubliés ».

Outre des abris convenables, les personnes déplacées manquent encore d’infrastructures et de soins essentiels.

« Nous avons besoin d’aide pour installer des toilettes et avoir accès à l’eau, au gaz et à l’électricité », a dit Khusnul Hokhtima, âgée de 40 ans et mère de deux enfants.

La BPLS dit que le gouvernement prévoit de mettre en place des infrastructures d’eau, de gaz et d’électricité l’an prochain pour les personnes déplacées et que les soins de santé sont gratuits. Mais les survivants contestent ces affirmations.

Siti Rochma in her family's one-room bamboo shelter in Besuki village, in the district of Sidoarjo in East Java Province, Indonesia
Photo: Angela Dewan/IRIN
Siti Rochma dans l’abri en bambou d’une pièce de sa famille, dans le village de Besuki, dans le district de Sidoarjo, dans la province du Java oriental, en Indonésie
Atituk, âgée de 30 ans, a dit qu’elle avait payé à chaque fois qu’elle avait amené son fils d’un an chez le médecin.

« Il y a toujours beaucoup de gaz dans l’air, alors il souffre d’angines chroniques. Nous lui avons donné du sirop, mais il est quand même malade tout le temps », a-t-elle dit.

Retards d’indemnisations

Les débats ont fait rage sur la question de savoir si l’éruption volcanique avait été causée par la compagnie énergétique PT Lapindo Brantas ou par un important séisme qui avait eu lieu deux jours plus tôt, dans la province de Yogyakarta, à quelque 300 kilomètres de là.

La Cour suprême a acquitté Lapindo en septembre 2009, n’ayant pas trouvé de preuves suffisantes pour faire le lien entre ses activités de forage et la coulée de boue.

Malgré cela, deux décrets présidentiels obligent Lapindo à payer des indemnités à 40 000 personnes déplacées de la zone immédiate de la catastrophe.

Quant au gouvernement, il est chargé d’indemniser 9 000 personnes déplacées dans des villages touchés en marge de cette zone. Jusqu’à présent, il a dépensé environ 27 millions de dollars pour couvrir 50 pour cent des indemnisations.

En 2007, Lapindo a payé 20 pour cent des indemnités dues. Cependant, en août dernier, la compagnie n’a pas payé le montant restant dans les temps, alléguant des difficultés financières dans un contexte de récession économique mondiale.

Au lieu de cela, Lapindo va payer les indemnités restantes par versements échelonnés, a dit le responsable adjoint du département social de la BPLS, Sutjahjono Soejitno.
« Certains recevront la totalité de leur indemnité dans les trois prochains mois, tandis que ceux qui doivent recevoir des sommes importantes vont vraisemblablement devoir attendre trois ans », a dit M. Soejitno à IRIN.

En outre, environ 114 foyers de la zone de la catastrophe doivent encore recevoir une indemnité, car les demandeurs ont été incapables de prouver qu’ils étaient propriétaires de leurs terrains, a dit la BPLS.

Besuki village, which is just across the road from the IDPs old destroyed neighbourhood
Photo: Angela Dewan/IRIN
Le village de Besuki, qui se trouve juste de l’autre côté de la route de l’ancien quartier de personnes déplacées, aujourd'hui détruit 
Une crainte de nouvelles éruptions

Un geyser a été trouvé à environ 1,5 kilomètre du volcan de boue, à Sidoarjo, provoquant des craintes de nouveaux dangers pour les communautés des alentours.

« C’est un petit geyser, mais il peut être tout aussi dangereux que des gros, car ils émettent tous du méthane, qui est hautement inflammable, malodorant et qui peut causer des migraines », a dit Amien Widodo, écogéologue pour l’Institut de Technologie du 10 Novembre à Surabaya.

Des craintes se font également sentir concernant la stabilité d’énormes digues de terre — certaines hautes de 18 mètres — qui ont été construites pour contenir la boue.

« Comme Sidoarjo connaît des précipitations importantes, la terre est sensible aux effondrements », a dit M. Widodo.

L’adjoint aux opérations pour la BPLS, Sofiian Hadi, a ajouté : « les digues ont déjà baissé de trois mètres. Elles pourraient baisser encore, mais des gens sont là pour vérifier chaque jour qu’il n’y a pas de fissures ».

Les géologues ne sont pas sûrs de quand ni comment le volcan arrêtera de rejeter de la boue et du gaz.

« La quantité de boue qui sort actuellement a diminué de moitié depuis 2006, alors peut-être qu’elle sera encore divisée par deux dans trois ans », a dit M. Hadi. « Cela pourrait donc s’arrêter dans environ 10 ans, mais nous ne pouvons évidemment pas en être sûrs ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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