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Des déplacés « rémanents » ont besoin d’aide pour rentrer

Families carrying home their share of food, Oromi IDP camp, Kitgum District, northern Uganda, 18 May 2007. WFP gives IDPs partial rations to supplement what they can grow near the camps. Manoocher Deghati/IRIN
Bon nombre d’Ougandais déplacés par 20 années de conflit dans le nord sont retournés dans leur village, mais un nombre important reste bloqué dans des camps et aurait besoin d’aide pour repartir, selon des observateurs.

« Un nombre significatif de ceux qui restent dans les camps sont là, non pas par choix, mais parce qu’ils ne peuvent pas revenir dans leur région d’origine », selon un rapport datant d’août du Centre de suivi des déplacements internes (IDMC).

« Certains [déplacés internes] ne peuvent pas rentrer parce que des problèmes fonciers les empêchent d’accéder à la terre, pendant que des [personnes déplacées] vulnérables et avec des besoins spéciaux ne peuvent pas subvenir à leurs besoins dans les régions où elles rentrent ».

Des années de conflit entre le gouvernement et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ont forcé deux millions de personnes à fuir leur foyer, mais selon le gouvernement, moins de 500 000 personnes sont encore dans des camps.

« Soutenir le retour reste un défi qui doit être abordé avec des activités de développement et de relèvement ayant un impact rapide, ce qui demande des actions plus fortes [provenant] des agences de développement et du soutien des donateurs », a dit Walter Kälin, Représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour les droits humains des personnes déplacées, lors d’une déclaration à l’Assemblée générale le 26 octobre.

« Malgré les énormes progrès réalisés jusqu’à présent, le sort d’un nombre considérable d’individus particulièrement vulnérables laissés dans les camps ou vivant dans des sites de transit, ainsi qu’un manque général de synchronisation entre l’abandon progressif de l’assistance humanitaire et l’accroissement des activités de développement dans les régions de retour, constituent toujours une source d’inquiétude », a-t-il ajouté.

Témoignages

Au camp de Geregere à Pader, les personnes déplacées ont dit que l’âge et le handicap les avaient empêchées de construire des abris ou de faire des cultures. Elles ont également cité les maladies, ainsi que les conflits autour de la propriété et de la propriété foncière.

Richard Opio, âgé de 62 ans, a dit qu’il était entièrement dépendant des dons de nourriture depuis son arrive à Geregere en 2003. Pour compléter ces rations, il a essayé de faire des plantations, aidé par deux de ses huit enfants.

Cependant, il n’a pas pu partir, car il a été handicapé par une longue convalescence qui a suivi des violences infligées par la LRA. Il a mal aux genoux et a dit attendre des bœufs pour l’aider à cultiver.

Avant la guerre, a-t-il dit, il cultivait ses 15 hectares à deux kilomètres du camp, alternant le sorgho, le maïs, les arachides et le mil. Il possédait aussi sept vaches, 11 chèvres et neuf moutons.

A la question de savoir ce qu’il fera si l’aide attendue n’arrive pas, il a dit qu’il rentrerait malgré tout l’année prochaine quand l’herbe serait haute.

Josephine Ladwong, âgée de 73 ans, est arrivée à Geregere depuis le village de Lateling, à cinq kilomètres de là. Au départ, elle est restée dans le camp de Patongo, puis elle s’est rendue à Geregere en 2005, dans le cadre d’un plan de réimplantation pour les camps surpeuplés.

« Malgré les énormes progrès réalisés jusqu’à présent, le sort d’un nombre considérable d’individus particulièrement vulnérables laissés dans les camps ou vivant dans des sites de transit, ainsi qu’un manque général de synchronisation entre l’abandon progressif de l’assistance humanitaire et l’accroissement des activités de développement dans les régions de retour, constituent toujours une source d’inquiétude  »
Elle avait 12 enfants, et 10 sont morts – dont deux tués par la LRA. Elle a dit qu’elle était restée à Geregere parce qu’elle n’était pas assez robuste pour construire une hutte sur sa propre terre, attendant que quelqu’un vienne l’aider.

Theophilo Ongwec a hérité de la terre de son père, sur laquelle le camp de personnes déplacées de Gergere a été installé. Lorsque le gouvernement a installé le camp en 2005, il n’a pas reçu de compensation.

A la question de savoir si de l’aide lui avait été proposée pour réhabiliter sa terre quand les gens seraient rentrés chez eux, il a dit qu’on lui avait promis un tracteur, mais qu’il ne l’avait pas encore reçu.

Les retours ont suivi la signature d’un accord de cessation des hostilités entre le gouvernement et la LRA en 2006.

« La plupart des 15 pour cent de personnes qui restent dans les camps sont particulièrement vulnérables – des veuves, des personnes âgées et handicapées, des foyers dirigés par des enfants et des personnes souffrant du VIH/SIDA », a dit John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, durant une visite le 21 octobre dans ce camp.

Manque de biens essentiels

Selon l’IMDC, les communautés de gens qui rentrent ont eu besoin d’assistance pour réintégrer ces personnes déplacées vulnérables. En même temps, il reste beaucoup de travail à faire pour s’assurer que les gens qui rentrent peuvent subvenir à leurs besoins.

Par exemple, les infrastructures et services de base dans les régions de retour sont inadéquats ou n’existent pas. Le manque d’accès à de l’eau potable pose le problème d’un risque d’épidémies, et les cliniques et les écoles luttent pour faire face à un manque de personnel qualifié et de structures suffisantes.

Alors que les gens qui sont rentrés commencent à cultiver leurs produits alimentaires, la situation demeure fragile, notamment parce que selon les prévisions, les récoltes pourraient être inférieures de 60 pour cent à la normale, en raison de la faible pluviométrie depuis avril 2009.

« Les personnes âgées, les orphelins, et les malades en phase terminale sont bloqués dans les camps et alors que d’autres personnes sont parties pour rentrer chez elles, elles ne peuvent pas [le faire] et leurs droits dans plusieurs domaines sont compromis », a dit Norbert Mao, chef du district de Gulu, à IRIN en juillet.

Surnommant ces gens « les victimes invisibles de la guerre », il a demandé une aide urgente pour leur permettre de quitter les camps de personnes déplacées et retourner à une vie normale.

Les autorités ougandaises ont commencé à fermer les camps dans le nord en octobre.
« Nous devons faire plus pour les aider à retrouver une vie indépendante en dehors du camp », a dit M. Holmes après sa visite, décrivant les personnes déplacées vivant toujours dans les camps comme des « dossiers rémanents ».

eo/kk/mw/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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