Le Projet Sphère, dans le cadre duquel des ONG (organisations non gouvernementales) internationales et le mouvement de la Croix-Rouge cherchent à améliorer la qualité des interventions en cas de catastrophes, expose les meilleures pratiques en matière d’aide alimentaire, de nutrition, de santé, d’eau, d’installations sanitaires et d’hébergement d’urgence.
« Nous sommes très loin des normes Sphère, en particulier en ce qui concerne le groupe de responsabilité sectoriel WASH [eau, assainissement et hygiène] », a dit à IRIN David White, directeur pays d’Oxfam à Colombo, qui cite l’exemple de certaines personnes ayant passé jusqu’à trois jours sans eau de lavage.
« Il y a beaucoup de chemin à faire », a affirmé un autre travailleur humanitaire international. « Avec l’arrivée de la mousson, la situation va s’empirer », a-t-il averti.
Aujourd’hui, près de 300 000 personnes vivent dans des conditions déplorables dans 30 camps gouvernementaux des districts de Vavuniya, Mannar, Jaffna et Trincomalee, après avoir fui les affrontements entre les forces du gouvernement et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (TLET), qui ont été vaincus au bout de plus de vingt ans de combat pour obtenir un Etat tamoul indépendant.
Les camps ont été construits à la hâte durant les derniers jours de guerre, lorsque des milliers de personnes sont parties en direction du sud, fuyant les zones contrôlées par les TLET. Beaucoup de ces camps sont aujourd’hui largement surpeuplés.
Ils sont situés pour la plupart à Vavuniya ou en périphérie de cette ville, qui constitue l’épicentre de l’une des zones de l’île où l’on compte le plus grand nombre de personnes déplacées.
« Bon nombre des camps sont aujourd’hui en situation de surpopulation par rapport à leur capacité théorique », a confirmé un travailleur humanitaire international à Vavuniya.
Sur les 246 000 personnes déplacées de Vavuniya, plus de 200 000 sont actuellement logées à Menik Farm, un vaste site de 809 hectares situé à environ 50 kilomètres de la ville, et divisé en six zones distinctes. Ce camp est de loin le plus surpeuplé de tous.
La situation ne s’améliore pas, malgré le fait qu’un grand nombre des personnes déplacées ont en réalité de la famille dans la région, qui pourrait les héberger.
Photo: Contributor/IRIN |
Un exemple d’eau de lavage que certains résidents ont dû utiliser |
La décongestion est donc particulièrement urgente, aujourd’hui plus que jamais.
« Le problème a déjà été reconnu par le gouvernement à la fin du mois de mai, lors de la visite du Secrétaire général des Nations Unies, comme l’a indiqué la déclaration commune du président Rajapakse et de [Ban Ki-moon], et les personnes impliquées travaillent sans relâche pour que les habitants soient réinstallés et que les personnes les plus vulnérables puissent au moins quitter les camps », a déclaré Neil Buhne, Représentant résident des Nations Unies à Colombo.
« Les inquiétudes concernant la sécurité sont partagées par tous, mais, d’après les discussions que j’ai eues avec les personnes travaillant sur la question – du gouvernement aux Nations Unies en passant par les ONG – tout le monde reconnaît également que plus tôt les résidents pourront retourner chez eux ou être hébergés par des familles d’accueil, mieux ce sera. »
« Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), ainsi que ses partenaires pour les questions d’hébergement, soutiennent les efforts de décongestion du gouvernement, qui visent à garantir le respect des normes internationales dans les sites d’hébergement d’urgence », a indiqué Elizabeth Tan, représentante de l’UNHCR au Sri Lanka, qui collabore avec le gouvernement afin de préparer autant que possible l’arrivée prochaine de la moisson.
Plus de trois mois après la fin du conflit, la Zone deux de Menik Farm accueille toujours près de 55 000 personnes, soit presque le double de sa capacité théorique.
« Si ces zones hébergeaient le nombre de personnes qu’elles sont censées accueillir, nous serions beaucoup plus proches des normes Sphères », a déclaré M. White, d’Oxfam.
Dans les faits, dans certaines zones de Menik Farm, on compte un seul WC pour 80 personnes [alors que les normes Sphère préconisent un WC pour 20 personnes], et certaines tentes conçues pour cinq personnes hébergent jusqu’à 14 personnes.
Cependant, d’après M. Buhne, les conditions sont plus ou moins éloignées des recommandations du Projet Sphère selon les secteurs et selon les emplacements à l’intérieur des camps.
Photo: Contributor/IRIN |
La mousson, qui doit arriver bientôt, est source d’inquiétude |
« Jusqu’à mi-août, on a observé une stabilisation progressive des conditions de vie dans les camps », a-t-il dit, mentionnant les efforts fournis par le gouvernement et les organisations internationales depuis le dernier afflux à la fin du mois de mai.
« Des écoles [et] des centres de santé avaient été mis en place, ou l’ont été à ce moment-là ; l’accès à l’eau et aux installations d’assainissement avait été amélioré, et la plupart des habitants recevaient une quantité de calories suffisante », a-t-il précisé.
Mais d’après lui, malgré ces progrès, les camps sont encore confrontés à de grandes difficultés, qui ont été mises en évidence et accentuées par les pluies récentes.
« Nous devons considérer les pluies de la semaine dernière comme un avertissement. Il faut agir, et sans tarder », a dit une travailleuse humanitaire.
La mousson, qui doit arriver d’ici quelques semaines, mettra à rude épreuve la capacité de réaction des autorités et de la communauté humanitaire.
« La communauté internationale observe la situation. Nous ne pourrons pas prétendre que nous ne savions pas ce qui allait se passer », a-t-elle déclaré, en expliquant que même si 50 000 personnes quittaient les camps demain, une fois que la mousson sera là, les camps ne seront plus viables.
« Le compte à rebours est lancé », a-t-elle dit.
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