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Les réfugiés libériens submergent une localité frontalière

Country Map - Cote D'Ivoire (Ivory Coast) IRIN
La Côte d'Ivoire
L'arrivée de près de 30 000 réfugiés libériens à Tabou durant les deux mois écoulés, a fait valser les prix des denrées alimentaires et déclenché une crise sanitaire dans cette petite localité côtière de la Côte d'Ivoire.

Son système de distribution d'eau et son générateur électrique peu fiable ne peuvent plus répondre à la demande d'une population locale qui a pratiquement quadruplé. Le personnel de l'hôpital local, qui reçoit de l'eau de ville trente minutes tous les deux jours, se débat pour faire face à une augmentation des cas de diarrhée, de vomissements et de paludisme.

D'autre part, l'hostilité est grandissante entre les réfugiés libériens et leurs hôtes Ivoiriens, bien qu'ils soient pour la plupart issus de la même tribu Krahn. Ce sentiment croissant est dû à la sinistre réputation des mercenaires libériens qui se battent pour le compte des deux côtés belligérants dans la guerre civile ivoirienne, plus à l'intérieur du pays. Non rémunérés et incontrôlés, ces hommes armés ont violé, tué et pillé dans chaque village qu'ils ont traversé.

Les soldats ivoiriens se sont retirés du fleuve Cavally, qui borde le Liberia, à 30 km à l'ouest de Tabou. Mais à leur place, des groupes de la jeunesse locale, armés de machetes et de quelques fusils automatiques s'appelant 'guerriers', fouillent et contrôlent tous ceux qui tentent de faire la traversée en canoë. Beaucoup sont obligés de faire demi tour.

Un groupe d'agences humanitaires, sous la houlette du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a visité Tabou à la fin de la semaine afin d'évaluer la crise humanitaire émergente. Elle a pour but d'élaborer une stratégie pour dissiper la tension dans la région et pour veiller à ce que la population locale ainsi que les réfugiés soient bien nourris et en bonne santé.

Panos Mountzis, directeur intérimaire du HCR en Côte d'Ivoire, a été à la tête de la mission dans cette petite localité maritime à 400 km à l'ouest d'Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire. " Nous devons éviter que le désoeuvrement croissant chez les jeunes aggrave la tension qui existe entre la population locale et les réfugiés ", a-t-il expliqué à IRIN.

L'un de ces projets consiste à faire en sorte que les réfugiés et la population locale cultivent ensemble le manioc et d'autres cultures vivrières. D'autres efforts humanitaires sont également en cours.

Les réfugiés ont commencé à franchir en masse la rivière Cavally pour Tabou au début du mois de mai, au moment où le groupe rebelle Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL) progressait rapidement dans le sud-est du Liberia et a capturé le port de Harper, proche de la localité.

Selon le UNHCR, il y aurait au moins 27 000, voire 29 000 réfugiés à Tabou et dans les districts environnants. La plupart d'entre eux vivent avec des amis ou de la famille, mais 3 700 se sont réfugiés dans le camp de passage, hâtivement mis sur pied dans un ancien champ de manioc à la périphérie de la ville, et beaucoup d'autres couchent encore à la dure.

Le camp de transit, intialement prévu pour 1000 occupants au maximum, est déjà très surpeuplé. Les travailleurs humanitaires ont indiqué qu'il est entrain de se transformer rapidement en un camp permanent de réfugiés.

Plusieurs agences de secours ont déjà commencé à s'activer sur place. L'organisation allemande GTZ fournit aux camps de l'eau à boire, CARITAS sert à ses habitants trois repas chauds par jour, et Save the Children s'occupent de 240 jeunes réfugiés séparés de leurs parents.

Pour l'instant, il n'y a pas eu de graves pénuries alimentaires à Tabou. La plupart des personnes fuyant les combats au Liberia ont réussi à apporter un peu d'argent avec elles. Le Programme alimentaire mondial a transporté par camions des secours d'urgence sur la route cahoteuse du port de San Pedro. Mais au marché de Tabou, les prix des denrées comme le manioc, la banane, les tomates et les piments, ont triplé depuis le début de l'exode.

A l'hôpital local, Nathalie Kouakou, une jeune fille de la localité, se tord de douleur dans la salle d'accouchement en attendant d'accoucher car il n'y a plus de médicaments pour aider à provoquer la naissance de son bébé. Le fardeau supplémentaire que les réfugiés font peser sur les maigres ressources de l'hôpital a épuisé ses réserves de médicaments et de vaccins.

"L'hôpital pâtit déjà d'un manque de matériels, de médicaments et de matériels de premiers soins", a noté le chirurgien Jean Agbate-Agbate, alors qu'il faisait visiter les lieux à des travailleurs humanitaires à la lumière d'une lampe de poche, l'électricité ayant été encore une fois coupée. "Comme la population a plus que triplé en raison de l'affluence des réfugiés, notre citerne d'eau, qui n'est réapprovisionnée qu'entre 6H00 et 6H30 du matin tous les deux jours, a été prise d'assaut par la population locale", a-t-il ajouté.

Les relations avec les forces du MODEL, qui a hissé le drapeau libérien de l'autre côté de la rivière Cavally, demeurent tendues. Bouah Kamon, un responsable auprès du ministère ivoirien de la Défense, a déclaré que le gouvernement estime que le MODEL retenait en otage 3 000 réfugiés ivoiriens à Harper en vue d'éventuelles négociations avec les autorités d'Abidjan.

Bien que les diplomates estiment que le gouvernement ivoirien a armé et appuyé le MODEL, apparu sur la scène en mars de cette année, le mouvement rebelle libérien et les habitants du district de Tabou ne s'apprécient guère.

"Chaque jour, les 'guerriers' du côté ivoirien de la riviére et les rebelles du MODEL de l'autre côté, se regardent en chiens de faïence ", a commenté John Tahine, le chef du village de Prollo.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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