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Les jeunes réfugiés s'unissent contre l'abus des drogues

Les sigles sur les murs et les poteaux indicateurs portent le témoignage du travail que les ONG et les agences de l'ONU ont accompli pour améliorer les conditions de vie des réfugiés dans le sud de la Guinée. Depuis les centres médicaux jusqu'aux latrines, des cantines aux écoles techniques, les services les plus essentiels ont été démarrés par la communauté humanitaire.

Mais les personnes qui portent le flambeau de la lutte contre les drogues à Kountaya, l'un des camps de réfugiés d'Albadaria, dans le sud de la Guinée, ne sont ni des responsables des ONG ni des employés de l'ONU. Leur Community Action Against Drug Abuse (CAADA) est une association formée par les réfugiés eux-mêmes.

"Nous avons découvert qu'il y avait un fossé auquel les ONG ne prêtait pas beaucoup d'attention: l'abus des drogues », a déclaré le directeur de la CAADA, Chernoh Chargha. Lui et ses pairs, a-t-il ajouté, ont plus d'une raison pour lutter contre les stupéfiants. "Les drogues sont l'une des raisons pour lesquelles nous sommes réfugiés », a-t-il expliqué. En outre, de nombreux jeunes réfugiés ont amené cette habitude avec eux ou se sont adonnés aux drogues à cause des expériences qu'ils ont vécues.

La documentation ne manque pas sur l'abus des drogues de la part des combattants dans la guerre civile qui a déchiré la Sierra Leone - jusqu'à l'année dernière - et le Liberia. Les atrocités qu'ils ont commises ont aidé à provoquer un des mouvements de population les plus importants en Afrique de l'Ouest depuis la Guerre du Biafra au Nigéria en 1967-1970.

Des centaines de milliers de personnes ont fui la Sierra Leone et le Liberia. Une fois qu'elles franchissaient les frontières, c'est comme si leurs vies antérieures avaient été effacées. Ils n'étaient plus enseignants, cuisiniers, ingénieurs, agriculteurs ou infirmiers, mais juste des réfugiés. M. Chernoh a raconté à IRIN que sa vie avant le statut de réfugié avait consisté à travailler avec Amnesty International et Prison Watch, en plus d'une besogne en tant qu'enquêteur de la sécurité pour le compte de la compagnie nationale d'extraction des diamants de la Sierra Leone. Il travaillait aussi comme thérapeute psychosocial dans le district de Kono, à l'est du pays, lorsque les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) ont occupé la région, le forçant à se joindre à l'exode.

A son arrivée en Guinée en 1998, a-t-il poursuivi, il a réalisé que l'abus des drogues était un problème majeur dans le camp et, avec l'un de ses compagnons, ils ont décidé de faire quelque chose à cet égard. "Nous ne voulions pas tout laisser aux ONG », a-t-il souligné. « Nous voulions faire quelque chose pour nous-mêmes, alors nous avons formé une association pour voir comment on pouvait travailler avec la communauté ».

Un comité consultatif constitué de chefs de file religieux, de femmes et d'autres personnalités a aidé à orienter la formation de l'association, forte actuellement de 78 membres, 48 hommes et 30 femmes. Six Guinéens figurent parmi eux, notamment Sassouboye Kamano, qui a été déplacé par des attaques transfrontalières à la fin de l'an 2000 et au début de 2001. Il se trouvait à Kissidougou, à environ 90 km du camp, quand il a eu vent du travail de la CAADA et a décidé de se joindre au groupe, a-t-il expliqué.

La CAADA s'est employée à faire prendre conscience de l'abus des drogues (ainsi que des MST et du VIH) à travers des discussions au niveau communautaire, des pièces de théâtres et des conseils aux jeunes. La sensibilisation a commencé avec les membres de l'association même. « Pour changer les idées, nous devions nous changer nous mêmes. Nous avons donc commencé par nous puis nous sommes allés sensibiliser les autres », a ajouté M. Chernoh.

"Tout provient de nos propres efforts », a-t-il affirmé avec une pointe de fierté. "Nous avons tout fait nous-mêmes ».

Pourtant maintenir ces efforts exigera une assistance, a-t-il admis. Il leur faudrait de l'aide pour acheter du matériel tels que des mégaphones pour transmettre leur message à plus de personnes. Plus encore, pour que les jeunes restent à l'écart des drogues, il faudrait aussi leur procurer des alternatives.

Beaucoup de jeunes dans les camps viennent du district de Kono producteur de diamant, « mais il n'y a pas de diamant dans le camp », note M. Chernoh. Le résultat, a-t-il ajouté, est que des centaines de jeunes oisifs sont extrêmement vulnérables aux tentations de la marijuana, du diazepam ou de la colle, pour ne citer que les substances les plus communes.

L'une des choses que la CAADA a réussi à faire est d'avoir persuader certains menuisiers et tailleurs dans le camp de prendre des jeunes comme apprentis. Toutefois, le nombre des artisans qui peuvent exercer leur métier dans les camps de réfugiés est réduit, ce qui fait que le nombre des jeunes qu'ils peuvent prendre est limité.

Ce que la CAADA désirerait, déclare M. Chernoh, ce serait d'aider sous forme de projets générateurs de revenus pour les jeunes.

Leur lutte contre l'abus des drogues sera-t-elle terminée lorsque aussi bien eux que les autres réfugiés auront refait leurs valises et rejoint les convois qui emmènent leurs compatriotes en Sierra Leone ? Le jeune thérapeute psychosocial ne le pense pas.

"Nous avons déjà deux ou trois de nos membres qui sont retournés en Sierra Leone », a-t-il informé. « Je projette également de voir comment on peut continuer le travail là-bas ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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