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Le responsable des secours d’urgence : « Il n’est pas nécessaire de transformer les Nations Unies »

In his first official visit as United Nations Under Secretary-General for humanitarian affairs and emergency relief coordinator, Stephen O'Brien visits a camp for the displaced in the Iraqi city of Erbil Campbell MacDiarmid/IRIN
Stephen OBrien began his tenure at the beginning of June
Le plus important effort de réforme de l’aide d’urgence de ces dernières décennies a été déployé, alors que le nombre de personnes affectées par des crises dans le monde atteint des chiffres record. Le sommet international qui se tiendra à Istanbul l’année prochaine sera le point culminant de cet effort. Mais, à écouter les propos du coordonnateur de l’aide d’urgence des Nations Unies, un changement fondamental n’est pas nécessaire.

« Bien souvent, les questions que l’on me pose laissent entendre que, d’une manière ou d’une autre, rien ne fonctionne. Mais cela n’est pas le cas. Le système n’est pas défaillant ».

A l’occasion des dernières consultations pour le Sommet humanitaire mondial qui se sont achevées le16 octobre à Genève, Heba Aly, rédactrice en chef d’IRIN, s’est entretenue avec Stephen O’Brien, le nouveau Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, pour comprendre sa vision de l’aide d’urgence internationale, alors que le monde est secoué par des crises sans précédent.

Voici ce qu’il a dit à IRIN, un peu plus de cent jours après sa nomination :
  • Les Nations Unies n’ont pas besoin d’une réforme radicale (mais elles pourraient bénéficier de quelques « améliorations ») ; le système d’aide internationale n’est pas défaillant
  • L’idée selon laquelle les Nations Unies deviennent moins pertinentes que les autres organisations qui répondent aux crises est erronée ; les Nations Unies restent le premier fournisseur d’aide humanitaire dans le monde
  • En tant que Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, il place la mobilisation des ressources (y compris la nécessité d’élargir la base des bailleurs de fonds), la production de données communes de meilleure qualité et la réflexion sur la manière de mettre les populations affectées au cœur de la réponse humanitaire parmi ses priorités
  • Le processus du Sommet humanitaire mondial devrait contribuer à des efforts plus importants pour trouver des solutions politiques aux conflits et rendre l’action humanitaire plus efficace (cela va de la protection des populations civiles et de l’évaluation des zones isolées/touchées par l’insécurité à une redevabilité et une transparence accrues)
  • Mettre l’accent sur des actions concrètes issues du SHM [Sommet humanitaire mondial] est « ennuyeux », « banal » et « tellement irréaliste »
  • Modifier les mandats des Nations Unies constituerait une « distraction irresponsable » et standardiser les interventions d’urgence des Nations Unies empêcherait de prendre en compte les circonstances et le contexte de chaque crise
  • L’organisation OCHA n’est pas trop importante ; elle a dû grandir pour répondre à des besoins croissants
  • Son parcours d’homme politique britannique devrait être considéré comme un atout et non pas un handicap
Lors de l’entretien, il s’est refusé à donner des détails sur les résultats précis à atteindre en vue du Sommet humanitaire mondial - un processus qui coûte 24 million de dollars - en insistant sur le fait que le rôle du secrétariat du SHM était d’« écouter » et non pas de « transmettre ».

Cependant, dans son allocution lors de la conclusion des consultations de Genève, il a promis d’obtenir l’engagement des gouvernements et des autres institutions à se rassembler autour de propositions spécifiques qui contribuent à une « dynamique politique » – des recommandations dont « nous ne pouvions qu’espérer qu’elles deviennent réalité » il y a quelques années encore. Il a abordé les sujets suivants :
  • L’autonomisation des femmes et des filles pour qu’elles deviennent des actrices importantes de la réponse humanitaire
  • Un mécanisme de contrôle de l’application du droit humanitaire international
  • Des solutions de financement qui permettraient aux réfugiés et aux communautés hôtes de mener une vie décente
  • Un financement adéquat et stable de l’aide d’urgence et une allocation des ressources basée sur les besoins
  • Une capacité renforcée, en matière de moyens de financement et de soutien, pour les premiers intervenants locaux
Lisez notre entretien – coupé en raison de sa longueur - ou écoutez-le dans son intégralité en cliquant sur le lien ci-dessous.
  



Heba Aly : Le monde est confronté à un nombre record de crises humanitaires et le système d’aide internationale traditionnel s’efforce d’y faire face. Alors que des acteurs – autres que les Nations Unies – jouent un rôle de plus en plus important dans la réponse aux crises, les Nations Unies semblent perdre leur rôle de premier superviseur de la réponse humanitaire. Selon vous, quels sont les changements à apporter au système de l’aide internationale d’urgence pour qu’il soit plus efficace ? Et pouvez-vous nous donner un aperçu des principaux points que vous couvrirez pendant votre mandat ?


Stephen O’Brien : Je pense que votre question est sans fondement, car si vous faites le point sur la situation dans le monde, les besoins humanitaires s’élèvent à quelque chose comme 25 ou 26 milliards de dollars, et les Nations Unies ont la responsabilité de trouver une vingtaine de milliards de dollars. C’est à peu près ce qu’il faut pour sauver environ 80 millions de vies. […] Et les Nations Unies sont devenues le principal fournisseur d’aide humanitaire…

Et – soyons clairs – le monde n’a jamais été aussi généreux qu’aujourd’hui. Le problème est que l’augmentation des besoins humanitaires s’est poursuivie. Et c’est à ce moment-là, évidemment, qu’il y a une tension dans le système… [nous] constatons que l’écart augmente entre ce que nous voulons et devons faire – et ce que nous pouvons faire avec les moyens dont nous disposons.

Et c’est la raison pour laquelle il appartient aux Nations Unies de comprendre et de rassembler les faits, d’établir des données rapidement pour que nous ayons une appréciation commune de la nature et de l’ampleur du défi. Nous pouvons définir les exigences des besoins et c’est notre travail : convaincre les personnes de nous offrir un soutien généreux et de continuer à nous offrir ce soutien, assurer la protection des civils, aider les populations vulnérables et dans le besoin à retrouver l’espoir et la dignité.

Mais pensez-vous que les Nations Unies doivent changer leur façon de travailler ?

Je pense que cette question suggère qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Cela n’est pas le cas. Réjouissons-nous des nombreuses et fantastiques interventions déployées par les Nations unies et les agences des Nations Unies, tous les personnels des Nations Unies, dont beaucoup ont payé le sacrifice ultime…

La réponse est donc non, il n’est pas nécessaire de transformer les Nations Unies. Ce qu’il faut faire, c’est s’appuyer sur ce fantastique bilan et sur le meilleur, et oui, ensuite, on pourra apporter des changements en renforçant l’innovation, les compétences, la capacité à générer des résultats significatifs en matière de survie et de protection des civils qui, comme nous le savons, peuvent être obtenus et en renforçant les collaborations en travaillant avec de nouveaux partenaires …

Vous avez parlé des données, de l’allocation des ressources. En tant que [coordinateur de l’aide d’urgence], quelles devraient être vos priorités au cours des années à venir ?

Il est évident qu’il est absolument crucial de mobiliser toutes les ressources possibles, et il nous faut trouver des sources innovantes et différentes de financement pour accroître et élargir la base actuelle des bailleurs de fonds, les partenariats.

Il est évident que nous avons besoin de la gestion et de la saisie des données, d’une collaboration entre les différentes agences et les différents partenaires pour avoir une idée précise de ce qu’il faut faire et de la manière de le faire …

C’est la raison pour laquelle l’innovation, l’appel qui nous a été lancé à tous, participants aux consultations pour le [Sommet humanitaire mondial], parties prenantes du monde entier, est de réfléchir à la manière de placer les populations affectées au cœur de toutes nos interventions. C’est bien sûr ce qui motive toutes les personnes engagées dans cette action ambitieuse. Mais comment faire ? Comment développer cette idée de partenariats collaboratifs avec les populations affectées ? Plutôt que de savoir qu’il y a un problème et, pour ainsi dire, d’intervenir auprès des populations au lieu de travailler avec elles.


Nous sommes à six mois de ce sommet majeur, historique, qui devrait contribuer à une réforme radicale de la mise en œuvre de l’aide humanitaire pour répondre plus efficacement aux besoins des personnes affectées par les crises. IRIN a suivi les consultations sur le sommet. Jusqu’ici, je n’ai pas vu les participants – notamment, mais pas exclusivement, les gouvernements - se rassembler autour d’un ensemble concret de propositions. Pensez-vous que le système d’aide humanitaire changera radicalement après le Sommet humanitaire mondial ?

A la façon dont je vois les choses, le verre est à moitié plein. Je rejette toute idée selon laquelle nous partons d’une mauvaise situation. N’oublions jamais qu’un travail énorme, phénoménal est en cours. Lors de ces sommets, nous devons nous montrer très prudents lorsque nous nous donnons l’opportunité – une opportunité pour notre génération – de nous réapproprier la cause, d’offrir le meilleur de notre humanité à nos frères et sœurs. Et c’est l’objectif du sommet : stimuler l’ambition, redonner de l’énergie, mobiliser notre capacité à répondre à ces besoins croissants.

Soyons clairs : la première et la meilleure façon d’aborder les besoins humanitaires est de ne pas avoir de situation de conflit. Nous savons que des catastrophes naturelles se produiront... Mais sachant que 80 pour cent des besoins humanitaires sont engendrés par des conflits, il faut le dire : la première chose qu’il faut, c’est la paix. Cela veut dire que les structures et les solutions politiques doivent venir en premier.

Ensuite, nous devons être plus efficaces dans la fourniture du soutien humanitaire, notamment en matière de protection des populations civiles, de fourniture des services de base dans les zones de conflit, d’accès aux personnes dans le besoin et de collecte de ressources, car cela constituera une incitation pour les bailleurs de fonds – qui, nous l’espérons, seront plus nombreux – qui auront la certitude que l’argent public qu’ils donnent avec tant de générosité est utilisé de façon à obtenir les meilleurs résultats possibles. Cela veut dire que nous devons être plus efficaces que jamais, plus transparents que jamais, plus redevables que jamais. Sans être un fardeau pour ceux qui travaillent en première ligne, sur le terrain, et qui doivent respecter les procédures et la bureaucratie, si bien que cela les empêche parfois d’obtenir les résultats que nous voulons tous atteindre. Et c’est un équilibre qu’il faut trouver.

Alors oui, j’espère qu’il y aura de nouvelles solutions spectaculaires pour mettre en œuvre l’action humanitaire. Mais je pars de l’idée que le verre est à moitié plein. Je ne pars pas d’une situation négative. Souvent, les questions que l’on me pose partent de l’idée que rien ne fonctionne. Le système n’est pas défaillant. Il a tout simplement un problème de financement. Les demandes sont plus nombreuses que les ressources dont on dispose pour répondre aux besoins.

Vous avez évoqué plusieurs points ici : un appel à la paix, une meilleure protection des civils dans les situations de crise, la redevabilité et la transparence. Pouvez-vous me donner trois objectifs concrets ou trois propositions que vous mettrez en avant au Sommet pour obtenir ces résultats ?

…Le mot même de « résultat » implique qu’il faudra un certain nombre de propositions qui feront l’objet de négociations. Cela n’est pas notre objectif ici.

Le sommet est l’opportunité pour notre génération d’apporter un nouveau souffle, de repartir de la base, de proposer une vision, de s’assurer que les individus soutiennent vraiment cette grande cause qu’est l’action humanitaire. Et c’est la raison pour laquelle le Secrétaire général en a pris l’initiative et la direction. Il y a deux ans, il a appelé le monde à se rassembler – toutes les parties prenantes, un processus à intervenants multiples – et c’est ce que nous nous efforçons de mettre en place pour que toutes les voix soient entendues lors des consultations mondiales organisées aux quatre coins du globe, des huit consultations régionales et des nombreuses consultations thématiques.

Nous disposons désormais du rapport de synthèse. Il contient un ensemble de recommandations et d’appels à l’action articulés autour de cinq grands thèmes, et il apporte une grande clarté et crée une dynamique pour préparer le sommet.

Après Istanbul, il faudra déployer un plan pour mettre en œuvre ces grandes idées, stimulantes et visionnaires, construire en s’appuyant sur le meilleur, nous assurer que nous utilisons l’innovation et les meilleurs moyens pour étendre nos actions. Autrement, les gens parlent toujours d’actions concrètes comme s’il y avait des négociations en amont d’Istanbul. C’est bien évidemment une mauvaise lecture de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Et en effet, l’Assemblée générale de 2014 a adopté une résolution qui consacre et approuve cette idée d’un processus de sommet multipartite et nous y sommes.

Si je vous comprends bien, cela veut dire qu’il n’y aura pas de résultats spécifiques ou de propositions adoptés à Istanbul ?

Non, ce n’est pas ce que j’ai dit et je ne répondrai certainement pas à cette question, car cela voudrait dire que vous savez tout sur le sommet avant qu’il ait eu lieu. Je veux dire qu’il serait extraordinaire qu’une personne qui travaille pour IRIN me pose la question, alors que tout le monde va devoir faire preuve de patience et attendre cette opportunité fantastique et excitante que sera le sommet.

Et autrement, il faudrait négocier le contenu de ces résultats et cela serait totalement inapproprié, car nous visons un très haut niveau d’inspiration et de leadership. Il ne s’agit pas de trouver un accord fondé sur le plus petit dénominateur commun.

Mais j’entends tous les participants au sommet dire : c’est super cette inspiration et cette discussion, mais nous ne savons pas ce qu’il y a de concret sur la table pour nous. Comment mettre en œuvre cette vision si nous n’avons pas de feuille de route ? J’ai entendu plusieurs gouvernements dirent qu’ils n’enverraient pas leur ministre ou leur Premier ministre au sommet s’ils n’avaient pas plus de précisions.

Et bien, vous venez précisément de poser la mauvaise question, car vous avez dit ‘tout le monde’ et ensuite vous avez parlé des Etats membres. En réalité, il y a très peu d’Etats membres ici. Il s’agit surtout d’une consultation du monde. Il s’agit d’une consultation mondiale. Les Etats membres sont des parties prenantes de premier plan, mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à l’action humanitaire, à l’inspiration et au leadership.

Ainsi, quand vous dites avoir entendu ces propos concernant une feuille de route, alors oui, bien sûr, les bureaucrates veulent pouvoir parler d’un document. Mais cela ne suscite pas du tout l’inspiration. Ce n’est pas ce qui donne aux gens de l’inspiration et un sentiment de réelle motivation politique pour se rassembler autour de l’idée de donner le meilleur de l’humanité à nos frères et sœurs dans le besoin.

Et donc je pense qu’il y a un grave danger que les journalistes et les travailleurs se disent : « Oublions toutes ces choses enthousiasmantes et inspirantes ; retrouvons l’ennui du travail quotidien et des négociations pour parler de quelques éléments concrets qui pourraient entraîner un changement marginal’. C’est tellement irréaliste. Et donc, si vous me le permettez, vous venez de me poser la mauvaise question.

Je dirais que ce ne sont pas seulement les Etats membres qui ont exprimé ces inquiétudes, mais également les acteurs de la société civile. Ces mêmes acteurs de la société civile et ces parties prenantes dont vous avez parlé ont également dit : « Comment allons-nous y arriver ? ». Je pense qu’il y a beaucoup d’inquiétudes, les gens se disent que c’est bien d’avoir des discussions, mais que s’il n’y a pas de plan concret, nous n’assisterons jamais au changement dont vous avez parlé. L’inquiétude est générale, elle ne concerne pas seulement les gouvernements.

Ce n’est pas comme cela que vous avez posé la première question. Mais ceci étant dit, si je devais répondre à cette question maintenant, la consultation globale à laquelle nous assistons serait totalement hypocrite, absolument pas authentique. Nous sommes ici aujourd’hui car c’est le moment culminant d’une consultation mondiale. Nous avons écouté, pas transmis.

L’une des propositions issues des consultations en vue du sommet – et je pense que nous avons atteint le moment où il est temps de s’appuyer sur des idées spécifiques ; la phase de consultation arrive à son terme – … l’une des recommandations préconise de rendre le système international d’aide d’urgence plus inclusif et plus cohérent, et notamment de changer la composition du mécanisme directeur de coordination – l’IASC (le Comité permanent interorganisations) – et de réexaminer les mandats des Nations Unies. Une recommandation en particulier préconise de transformer la dizaine d’agences des Nations Unies chargées de la réponse humanitaire en un système d’urgence plus unifié avec des procédures standardisées en matière de redevabilité. Est-il possible d’envisager un vrai changement en ce qui concerne les mandats ou le rapprochement des agences ?

Peut-être ne parlons-nous pas avec les mêmes personnes, mais je n’ai pas entendu de demandes concernant les mandats, parce que les gens savent que c’est une question très introspective qui nous immobilisera pendant des années et qui entravera l’opportunité d’intensifier et d’augmenter notre capacité à réaliser une intervention humanitaire sur le terrain, dans ce monde où l’action humanitaire est de plus en plus nécessaire. Alors non, je n’ai pas entendu les gens demander que l’on change les mandats et que l’on lance un grand débat sur la question, non. En fait, j’entends le contraire – j’entends dire que cela constituerait une distraction des plus irresponsables. Cela donnerait aux commentateurs du grain à moudre, mais cela serait complètement vain aux yeux des personnes en difficulté qui ont le plus besoin de nous.

En ce qui concerne l’architecture et les instructions pour la fourniture de l’aide par les agences des Nations Unies et autres, nous parlons des ONG internationales, des nombreuses ONG nationales qui travaillent avec beaucoup de courage sur le terrain. Nous parlons des philanthropes, des universitaires, des acteurs locaux, des bénévoles et des communautés, et de l’entraide offerte par les personnes qui sont soudainement confrontées à des demandes périlleuses. Il est évident qu’il y a toujours un moyen de mieux faire les choses ; il y a toujours un moyen d’être plus efficaces. Mais il doit y avoir une vraie harmonie entre les compétences et l’expérience, et cela n’existe que lorsque que l’on a une grande architecture universelle, qui serait comme un guichet unique. On peut penser aux demandes d’aide provenant du Népal et aux demandes d’aide pour les personnes qui ont été contraintes de fuir Ramadi pour rejoindre Bagdad, pour échapper à de terribles pressions. On parle de compétences différentes qui nécessitent l’intervention de personnes différentes qui vont accomplir des interventions différentes et offrir la meilleure aide possible.


Votre prédécesseur, Valerie Amos, est connue pour avoir donné à votre agence, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, sa notoriété. Le budget d’OCHA a augmenté pour atteindre environ 300 millions de dollars par an. Il emploie près de 2 000 personnes. Mais OCHA est censé être un organisme de coordination. Et certains gouvernements se plaignent qu’il est devenu un peu trop important ; nous assistons à un élargissement de son mandat ; et la qualité de collecte des informations qu’ils aimeraient avoir n’est pas vraiment au rendez-vous. Que pensez-vous faire pour diriger OCHA comme une organisation ?

Voilà qui est intéressant. Pas un gouvernement ne m’a tenu ces propos. Pas un seul. Et je suis en poste depuis quatre mois.

La seule chose que j’ai apprise – et dont je suis sûr – est la collecte des informations, la saisie des données, l’autorité conférée par la connaissance des faits, plus rapide sur le terrain, d’une manière crédible et bien documentée. Puis les rassembler de manière à les transmettre largement afin que les gens puissent s’en servir pour prendre des décisions, de manière à ce que nous mobilisions les moyens nécessaires pour financer les actions que nous devons mettre en œuvre pour fournir une aide et une protection aux civils. Grâce à de bonnes infographies qui tiennent sur une page, tout le monde peut comprendre quels sont les besoins en et autour de la Syrie en ce moment, et cette information, vous pouvez l’obtenir grâce à un document particulier qu’OCHA a la capacité de produire. Pour moi, il est évident que cette activité de base est très appréciée et je n’ai reçu et entendu que des félicitations à ce sujet et je considère que nous devons continuer à investir dans ce domaine…

Avec la forte hausse des demandes, il est évident qu’OCHA a dû grandir – pas en proportion – pour s’assurer que l’on réponde à ces demandes…

Je pense qu’il est très important de reconnaitre que nous avons une vraie mission qui est de faire de notre mieux, de nous montrer plus efficaces, de mieux utiliser les ressources mises à notre disposition, et j’en ai tout à fait conscience, car j’ai été de l’autre côté de la table au cours de ma carrière, mais il faut reconnaitre que les besoins n’ont jamais été aussi importants. Il nous faut donc trouver le moyen de grandir pour répondre à ces défis.

Il y a quelques mois, IRIN a publié un texte de John Holmes, un autre de vos prédécesseurs. Il vous donne quelques conseils pour accomplir votre mandat. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de le lire, mais le premier point sur sa liste est : Oubliez votre nationalité. Tout le monde sait que vous êtes un homme politique originaire du Royaume-Uni. Vous avez été Sous-Secrétaire d’État parlementaire au développement international. Et j’ai entendu des acteurs du secteur de l’aide humanitaire s’inquiéter du fait que vous étiez très proche de Downing Street et que vous ne représentiez pas suffisamment le secteur de l’aide humanitaire. Que souhaitez-vous répondre à ces personnes ?

Je pense que ces remarques ne sont pas fondées. Je pense que lorsque l’on devient un fonctionnaire international, ce qui est mon cas depuis quatre mois, il est très important d’être attentif au contexte international.

Personne ne peut oublier ses expériences passées et j’espère que je pourrai m’appuyer sur mes différentes expériences professionnelles en tant qu’avocat international, fabricant industriel international, homme politique élu, puis ministre et envoyé dans une des régions les plus nécessiteuses au monde – le Sahel, au sud du Sahara, s’étend sur plusieurs pays africains – et j’espère pouvoir m’appuyer sur ces expériences ainsi que sur mes activités de bénévole – particulièrement axées sur le contrôle du paludisme et d’autres maladies tropicales négligées – dans mes nouvelles responsabilités, qui consistent à diriger une organisation remarquable et des personnes dévouées et compétentes dont l’objectif est de répondre à tous les besoins humanitaires sur notre planète.

J’espère le faire au mieux de mes capacités et j’espère que les gens se rendront compte que ce n’est pas parce que l’on est originaire de tel pays, que l’on a telles expériences, tel CV – personne ne travaille dans ce secteur sans expérience – que l’on est partial. J’espère que quand les gens me connaitront mieux, ils comprendront que cette remarque n’est pas fondée et que cette critique est tout à fait déplacée.

ha/ag-mg/amz

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