Il ne s’agit là que d’une des conclusions du rapport très critique publié le 3 septembre par l’Inspecteur général pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR, selon le sigle anglais), qui avait été mandaté par le Congrès américain pour faire un audit et enquêter sur l’efficacité des 110 milliards de dollars alloués depuis 2002 à des projets d’aide et de reconstruction menés en Afghanistan.
Le rapport cite l’évaluation d’un programme de distribution de terres géré par le ministère des Réfugiés et des Retournés (Ministry of Refugees and Returnees, MoRR). L’évaluation, réalisée en 2013, a découvert que le programme était « affecté par une corruption d’envergure institutionnelle ».
« L’évaluation citait également la subornation, la contrefaçon, le népotisme, les détournements de fonds et la médiocrité du service à la clientèle comme des obstacles à la mise en oeuvre du programme », selon le rapport du SIGAR.
Les allégations de corruption ont incité le Département d’État des États-Unis à couper les fonds accordés au ministère et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à restreindre l’aide accordée à des « éléments essentiellement non financiers », indique le rapport.
Des responsables afghans ont reconnu qu’il y avait eu de la corruption par le passé. Ils ont cependant ajouté que le nouveau gouvernement, qui a pris le pouvoir l’an dernier, prenait des mesures pour y remédier.
« Nous avons eu des défis, des problèmes et des difficultés par le passé. Personne ne peut ignorer cela », a dit Sayed Hussain Alimi Balkhi, qui a été nommé ministre début 2015.
« Mais nous avons commencé à lutter contre la corruption et à mettre en place des mesures qui, nous l’espérons, seront acceptables pour les partenaires et les ONG internationales, notamment le HCR et l’OIM [Organisation internationale pour les migrations], et pour ceux qui nous regardent travailler, comme les médias », a-t-il dit à IRIN.
Rohullah Hashimi, conseiller auprès du MoRR, a dit que le ministère avait établi une commission pour lutter contre la corruption et que les mesures envisagées incluaient le remplacement des membres du personnel ayant été trouvés coupables de pratiques corrompues.
Le rapport du SIGAR signale par ailleurs que le nouveau gouvernement afghan « a exprimé sa volonté de répondre aux besoins des réfugiés en matière d’intégration et de s’attaquer aux problèmes de corruption et de capacité au sein du MoRR, mais qu’il est encore trop tôt pour savoir si ses efforts seront efficaces ».
Voici quelques conclusions importantes du rapport du SIGAR :
• En raison de la mauvaise gestion d’un programme d’allocation de terres par le MoRR, seulement 38 000 des 266 000 familles ayant déposé une demande ont reçu des parcelles et seules 9 200 d’entre elles ont pu s’installer sur leurs terres.
• En 2012, l’Afghanistan a adopté une « stratégie de solutions » visant à offrir « un niveau de vie minimum » aux rapatriés, et notamment des moyens de subsistance. Le MoRR n’a cependant pas réussi à « identifier les besoins des rapatriés dans les principales zones de retour et à communiquer ces besoins aux autres ministères ».
• Selon un haut responsable du gouvernement afghan, « les réfugiés n’obtiennent pas beaucoup d’attention parce qu’ils ne sont pas une priorité et que les ministères ne considèrent pas qu’ils sont directement liés à leur travail ».
• Le Département d’État des États-Unis a financé un programme dirigé par l’OIM visant à renforcer les capacités au sein du MoRR. Avant la fin du programme, en 2014, l’OIM l’a restreint aux bureaux provinciaux en raison de la relation « extrêmement difficile » qu’elle entretenait avec le ministère lorsqu’il était dirigé par le ministre précédent. Le Département d’État a finalement décidé de ne pas reconduire le programme en raison des capacités existantes et de problèmes de corruption.
• Le MoRR a été trouvé coupable d’avoir « détourné environ 117 000 dollars issus des fonds du HCR pour verser des primes au personnel, rembourser des responsables en s’appuyant sur des documents contrefaits et louer un bureau alors que certaines conditions contrevenaient directement aux règles du HCR et à la législation afghane ».
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