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Quand doit-on parler de migrants, de réfugiés ou de demandeurs d’asile ?

An Afghan refugee arrives on the island of Lesvos Socrates Baltagiannis/UNHCR
Il est devenu très délicat pour les journalistes de choisir les bons termes lorsqu’ils écrivent sur la crise des migrants en Europe.

Pour commencer, ce n’est pas exactement une « crise des migrants », car la plupart des personnes dont il est question sont des réfugiés syriens, afghans ou érythréens qui fuient la guerre ou les persécutions.

Dans le cadre de ce débat, Al Jazeera a décidé d’arrêter complètement d’utiliser le mot « migrant » pour désigner les personnes qui traversent la Méditerranée, mais de nombreux grands médias continuent de se tromper. Voici certaines des erreurs les plus courantes :

Parler de migrants lorsqu’il s’agit manifestement de réfugiés

« Ils fuient les persécutions, la guerre et la famine dans leur pays d’origine et la majorité des migrants viendraient d’Érythrée, de Syrie et d’Afghanistan », pouvait-on lire récemment dans The Independent.  

S’ils ont fui les persécutions et la guerre (comme c’est le cas pour les Érythréens, les Syriens et les Afghans), ce sont des réfugiés, ou au moins des demandeurs d’asile.

Au sens strict du terme, il s’agit bien de migrants, c’est-à-dire de personnes se déplaçant d’un pays à un autre. Mais s’ils fuient des pays connus pour être en guerre ou coupables de violations généralisées des droits de l’homme, il existe un terme plus spécifique : réfugié.  

Les principaux itinéraires de migrations vers l’Europe sont actuellement empruntés à la fois par des demandeurs d’asile (personnes qui ont demandé ou prévoient de demander le statut de réfugié, mais dont la requête n’a pas encore été l’objet d’une décision définitive) et par ce qu’on appelle des « migrants économiques », ce qui peut porter à confusion. Mais lorsque l’on fait exclusivement référence à des Syriens, comme dans ce reportage de CBS, rien ne justifie d’employer le mot « migrants ».

Parler invariablement de réfugiés lorsque certains n’en sont pas

Cette erreur est moins courante, mais l’initiative d’Al Jazeera rend de plus en plus probable des phrases comme celle-ci, tirée d’un article publié cette semaine par la chaîne d’informations :  

« Un nombre record de réfugiés a afflué de la Serbie vers la Hongrie, quelques jours à peine avant que ce pays membre de l’Union européenne achève l’installation d’une clôture frontalière, selon la police. »

 Même si la majorité des personnes qui arrivent en Hongrie pourraient prétendre au statut de réfugié, d’autres tentent d’atteindre l’Europe en quête d’une meilleure situation économique plutôt que de protection.

S’il n’est pas à proprement parler erroné d’appeler un réfugié un migrant, il est incorrect de qualifier tous les migrants de réfugiés. 

 À lire : Réfugiés ou migrants : faut-il inventer un nouveau terme ? 

Modifier les politiques de l’UE

Ces derniers mois, l’Union européenne (UE) a publié un certain nombre de propositions et de mesures importantes concernant les migrations. Celles qui ont déclenché le plus de controverses et de débats acharnés sont celles qui concernent la réinstallation des réfugiés reconnus comme tels dans les États membres et la relocalisation des demandeurs d’asile arrivant en Grèce ou en Italie vers d’autres pays de l’UE. 

De nombreux médias déforment ces politiques en utilisant le terme migrant pour faire référence à ces personnes réinstallées ou relocalisées.

Ce reportage de la BBC parle de « plans de réinstallation de dizaines de milliers de migrants à travers l’Europe » et d’« objections à la relocalisation des migrants en fonction de quotas obligatoires ». 
  
Cet article du Daily Mail commet la même erreur : « La Grande-Bretagne ne tiendra pas compte de la demande faite par l’UE aux États membres d’accueillir 40 000 migrants en provenance d’Italie ou de Grèce. » 

Les migrants et les demandeurs d’asile dont la requête a été rejetée ne sont pas concernés par la réinstallation ou la relocalisation et ont plus de chances d’être expulsés. Utiliser le terme « migrant » dans ce contexte renforce l’idée reçue selon laquelle l’UE ferait pression sur les États membres pour qu’ils accueillent plus de migrants.

Employer des métaphores rebattues et déshumanisantes

Tout journaliste ou presque ayant écrit sur les niveaux de migration record vers l’Europe ces derniers mois a probablement été tenté d’employer les mots « vague », « afflux », ou « marée ». Cet article publié en avril par le Washington Post les utilise tous et va même encore plus loin en parlant de " raz de marée d’êtres humains ».  

Non seulement les métaphores maritimes sont-elle rebattues et clichées, mais elles sont alarmistes et renforcent la peur irrationnelle d’une Europe risquant d’être engloutie par un océan d’étrangers indésirables. 

Oui, le taux d’immigration est élevé par rapport aux années passées, mais il ne s’agit toujours que des quelques centaines de milliers de personnes réparties dans une région de 508 millions d’habitants. 

ks/ag/ha-ld/amz 

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