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Comment se préparer au lancement du vaccin contre le VIH/SIDA ?

H1N1 vaccine. For generic use Greg Hinson/Flickr
Tirer les leçons du lancement d’autres vaccins pour se préparer au lancement du vaccin contre le VIH
Il est nécessaire d’accorder davantage d’attention à l’exécution des programmes de prévention et de traitement du VIH afin de préparer les populations au lancement potentiel d’un vaccin qui, selon les spécialistes, devrait montrer une efficacité partielle.

« Comment fournir un vaccin efficace à 31 pour cent – c’est un travail difficile, un travail nouveau, dont le coût n’a pas été chiffré », a dit à IRIN Mitchell Warren, directeur exécutif de la Coalition pour le plaidoyer en faveur du vaccin contre le SIDA (AVAC), une organisation non gouvernementale (ONG) basée à New York.

En 2009, les résultats de l’essai clinique du vaccin RV144, mené en Thaïlande sur une durée six ans, ont montré pour la première fois qu’un vaccin peut offrir une certaine protection contre l’infection à VIH.

Le vaccin a démontré une efficacité de 31 pour cent, mais les résultats ont soulevé des questions sur la manière dont un vaccin qui a une efficacité partielle peut contribuer à la prévention du VIH.

« Je pense que nous avons vu que la conception de vaccins potentiels nous permet d’aller aussi loin que possible, jusqu’à ce que nous disposions de davantage de données sur la manière dont un vaccin va opérer – concrétisant certaines hypothèses, comme celle l’efficacité, et la manière dont nous le fournirions sur un plan programmatique », a dit M. Warren.

Selon le Programme commun des Nations Unies sur le SIDA (ONUSIDA), on recense environ 2,5 millions de nouvelles infections à VIH chaque année. Depuis la découverte du virus il y a plus de 30 ans, le développement d’un vaccin contre le VIH demeure un objectif insaisissable.

En attendant un vaccin…

« Les vaccins ne sont pas inclus dans les guides et directives 2013 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’accès au traitement [du VIH], car il est impossible d’élaborer une directive sur un produit qui n’a pas été homologué pour utilisation. À ce jour, il n’existe pas de vaccin sûr et efficace », a dit à IRIN par courriel un porte-parole de l’ONUSIDA, basé à Genève. Il a ajouté que l’agence soutient les efforts entrepris pour trouver un tel vaccin.

Si personne ne peut dire quand – ou si – un vaccin sera homologué contre le VIH/SIDA, les spécialistes reconnaissent que le succès du lancement dépendra d’un travail qui doit débuter dès aujourd’hui. Actuellement, on recense 35 essais cliniques de vaccins contre le SIDA dans le monde.

Le renforcement des programmes de dépistage du VIH sera fondamental, tout comme le suivi des aspects logistiques du lancement du vaccin, indiquent-ils.

« Si nous disposons d’un vaccin d’une efficacité modérée, par exemple comprise entre 50 pour cent et 70 pour cent, je pense que nous devons l’utiliser. Mais il ne faut pas créer un faux sentiment de sécurité », a dit à IRIN Michael Merson, directeur de l’Institut mondial de santé de l’université américaine de Duke, en Caroline du Nord.

« Aujourd’hui, les discussions devraient notamment porter sur un futur vaccin, mais elles devraient reposer sur une compréhension globale des interventions les plus efficaces pour prévenir le VIH chez différentes populations », a-t-il dit.

Tirer les leçons des autres vaccins

Selon l’OMS, s’il existe de nombreuses directives sur l’utilisation des vaccins, aucune directive ne traite spécifiquement la question des vaccins à efficacité partielle. Selon les spécialistes, une série de facteurs doivent être pris en compte et certains d’entre eux sont déjà présentés dans les interventions de santé publique.

« Il y a quelques questions fondamentales sur le vaccin qui détermineront les détails de son lancement », a dit M. Merson de l’université de Duke. « Quelles sont les caractéristiques du vaccin ? S’agit-il d’un vaccin oral ? D’un vaccin par injection ? Quel groupe d’âge recevra le vaccin ? À quelle fréquence doit-il être administré ? », a-t-il demandé, notant que les réponses à ces questions auront des répercussions sur les coûts et l’éducation du public.

Selon M. Warren, les autorités peuvent tirer les leçons de l’utilisation du vaccin contre le papillomavirus humain (VPH).

« C’est non seulement un très bon vaccin, un vaccin très efficace, mais c’est aussi notre premier grand exemple de vaccin à donner aux jeunes hommes et aux jeunes femmes », a dit M. Warren, ajoutant que les adolescents seront probablement un groupe cible pour un vaccin contre le SIDA.

Il faut prendre en compte les inquiétudes liées au consentement, les personnes vaccinées qui se sentent encouragées à avoir des comportements sexuels à risques, et la réticence des parents à faire vacciner leurs enfants, a-t-il ajouté.

« Si nous prenons l’exemple du vaccin contre le VPH, dès que nous aurons le vaccin contre le SIDA, nous pourrons nous appuyer sur l’expérience acquise avec le VPH », a-t-il dit, reprenant les affirmations d’un groupe de scientifiques qui ont examiné les leçons tirées de l’expérience avec d’autres vaccins pour le vaccin contre le VIH.

« La seconde partie concerne la logistique – la gestion, les composantes opérationnelles, la distribution du vaccin », a dit M. Merson.
De plus, « une fois que vous informez les gens de l’existence du vaccin et que vous développez un système opérationnel, vous devez assurer la fourniture des vaccins », a-t-il dit.

« Sinon, on risque de créer un sentiment de méfiance à l’égard du système de soins de santé et de dissuader les populations de la population de se faire administrer d’autres vaccins ou plus généralement de se faire soigner ».

Sensibiliser la communauté des bailleurs de fonds

Selon Naresh Pratap Kc, directeur du centre national pour le contrôle du SIDA et des maladies sexuellement transmissibles (National Centre for AIDS and Sexually Transmitted Disease Control, NCASC) au Népal, préparer les systèmes de santé à l’arrivée d’un vaccin contre le VIH ne se limite pas aux questions liées à la chaîne du froid et à la livraison.

« Les pays comme le Népal ont une solide infrastructure de développement avec des agences et des projets mis en œuvre au niveau national », a dit à IRIN M. Kc. Il a indiqué que cela pouvait être une force ou une faiblesse, selon le rayonnement et l’influence exercés par les agences.

« Il faut éduquer les personnes qui ont besoin du vaccin en fait partie, mais aussi informer les agences de développement sur la manière de travailler dans chaque pays. Nous ne pouvons pas partir du principe que les agences savent ce qu’elles font avec un vaccin contre le SIDA parce qu’elles connaissent les expériences obtenues dans un autre pays ou pour un autre vaccin », a-t-il dit, renforçant l’appel de l’ONUSIDA et l’OMS - lancé pour la première fois en 2002, il a gardé toute sa pertinence – à informer les décideurs politiques en leur fournissant des faits scientifiques précis sur un vaccin contre le VIH dès le début du processus de lancement.

Dépistage du VIH

En attendant la création d’un vaccin, d’autres méthodes de prévention ont fait leurs preuves, soulignent les militants.

« Nous ne devons pas attendre l’arrivée du vaccin. Il n’est pas magique. Il ne va pas apparaître dans les mains des gens parce qu’ils sont exposés au risque d’infection par le VIH », a dit à IRIN M. Warren.

« Certains disent que le vaccin est la seule solution pour mettre fin à l’épidémie. Un vaccin ne permet pas de mettre fin à une épidémie si les gens ne viennent pas se faire dépister, nous avons donc plusieurs problèmes à surmonter », a-t-il dit.

Une étude a été réalisée auprès d’hommes qui ont eu des rapports sexuels avec d’autres hommes (MSM) dans une région de l’Australie : elle a montré qu’avec une couverture vaccinale de 30 pour cent et 60 pour cent, un vaccin offrant une efficacité partielle contre le VIH avait eu des résultats modestes, avec une réduction du taux d’incidence (nouveaux cas diagnostiqués) de 23 pour cent au maximum sur dix ans. En 2011, les auteurs ont recommandé que l’utilisation d’un vaccin à efficacité partielle soit « associée à d’autres stratégies biomédicales et éducatives ».

Mais des recherches publiées en 2008 ont montré que l’application de vaccins standards (y compris les vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole) aux populations les plus touchées par le VIH aux États-Unis était parmi la plus faible dans le pays. Elles suggèrent donc qu’il pourrait être difficile d’encourager les personnes qui en ont le plus besoin à se faire vacciner, étant donné la stigmatisation qui entourent les personnes infectées par le VIH.

Selon les spécialistes, cela montre la nécessité de mettre en œuvre de meilleures méthodes de livraison, de renforcer les interventions couronnées de succès et d’améliorer ce que M. Warren appelle « la science de la livraison ».

« Penser à la livraison un jour après que l’efficacité du produit a été prouvée, c’est trop tard » a dit à IRIN M. Warren.

Selon l’ONUSIDA et l’OMS, l’efficacité de la première génération de vaccins contre le VIH pourrait être modérée. Cependant, l’efficacité de la santé publique devrait être plus élevée, si le vaccin est associé à d’autres formes de prévention.

M. Warren est d’avis qu’il faut briser les silos de la prévention contre le VIH.

« Ce n’est pas le vaccin ou la PrEP ou les microbicides – c’est le vaccin et la PrEP et les microbicides, et un mélange de prévention et de compréhension, où la prévention est conforme au traitement », a dit M. Warren, en référence à la prophylaxie pré-exposition, c’est-à-dire l’utilisation de médicaments antirétroviraux pour réduire le risque d’infection à VIH chez les personnes séronégatives, et les microbicides, un gel vaginal ou anal contenant une substance antirétrovirale.

Approche communautaire

« S’il y a un vaccin efficace à, disons, 60 pour cent ou 70 pour cent, je pense que l’on s’en accommoderait une fois qu’il aurait été homologué au niveau international », a dit M. Kc du NCASC du Népal. « Mais je demanderais aux populations clés touchées leur point de vue sur le plan de mise en œuvre ».

Bon nombre d’acteurs de la prévention contre le VIH approuvent ces propos, et indiquent que les communautés les plus exposées au risque d’infection à VIH devraient être au cœur des prises de décisions liées à la mise en œuvre des politiques et des programmes.

Les projections économiques indiquent que le fait de se concentrer sur les « populations clés touchées », y compris les MSM, les usagers de drogues injectables et les travailleurs du sexe, peut être rentable, un élément important si l’on prend en considération la diminution des fonds alloués à la lutte contre le VIH/SIDA.

Et étant donné que l’efficacité dépend du nombre de personnes vaccinées (et des catégories de personnes), les spécialistes soulignent l’importance des « recherches sociales sur l’acceptation d’un vaccin à efficacité partielle et sur la réponse à son introduction ».

kk/pt/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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