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La sélection d’IRIN : Tremblements de terre, racisme et homophobie

A displaced mother walked for hours with her son to get food relief and a blanket in the village of Kharanitar in Nepal's Nuwakot district. Supplies are often dropped far away from remote villages Naresh Newar/IRIN

Voici la liste des lectures recommandées par IRIN pour cette semaine. Chaque semaine, notre réseau mondial de correspondants spécialisés partage sa sélection d’articles de recherche, de podcasts, de rapports, de billets de blogues et d’articles de fond à ne pas manquer pour rester au fait de l’actualité mondiale en matière de crises. Nous signalons également les conférences importantes à venir, les publications de livres et les débats sur les politiques.

À lire : notre Top 4

Génération perdue ?

Pourquoi tant de personnes risquent-elles leur vie pour fuir en Europe ? Ils fuient la guerre, oui, mais la vie est aussi de plus en plus difficile dans de nombreuses régions du Moyen-Orient, même pour ceux qui ont échappé aux dangers. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council, NRC) s’est entretenu avec des jeunes de 15 à 24 ans en Jordanie, au Liban, en Turquie et au Kurdistan irakien – des réfugiés, mais aussi des membres des communautés hôtes. Ces derniers ont parlé de leurs préoccupations et de leurs expériences liées au manque de documentation, aux violences liées au genre (y compris le mariage forcé et précoce) et à l’insécurité en général. Il est difficile de trouver du travail et les jeunes réfugiés qui y parviennent sont souvent exploités et faiblement rémunérés. Leurs compatriotes non réfugiés ont l’impression qu’il est plus difficile de trouver un emploi depuis l’arrivée massive des Syriens. Mais il est encore possible d’éviter que la génération actuelle ne soit une génération perdue. Les jeunes interviewés dans le cadre de ce rapport souhaitent en effet étudier, travailler et contribuer à la société dans laquelle ils vivent. Les préoccupations et les besoins des jeunes devraient se trouver au cœur des politiques, mais, malheureusement, il n’est pas rare qu’ils soient négligés dans le contexte des crises humanitaires.

More than just luck: Innovation in humanitarian action [Au-delà de la chance : l’innovation dans l’action humanitaire]

Le terme « innovation » est particulièrement à la mode depuis quelques années dans le secteur humanitaire. Or les organisations d’aide humanitaire peinent à innover de façon systématique et à appliquer ces innovations à plus large échelle. Ce rapport est le résultat d’une recherche menée pendant un an par le Réseau d’apprentissage actif pour l’obligation de rendre des comptes et la performance dans l’action humanitaire (ALNAP) et le Fonds d’innovation humanitaire. Les auteurs se sont fondés sur 15 études de cas – de l’utilisation d’OpenStreetMap par les humanitaires au développement de fauteuils roulants plus durables et légers pour les personnes handicapées dans des contextes d’urgence – pour tirer des conclusions au sujet de l’innovation. Ils offrent par ailleurs un guide détaillant les diverses étapes de l’innovation et identifient plusieurs éléments permettant d’en assurer le succès : avoir les bonnes informations avant de commencer, inclure les utilisateurs finaux dans le processus d’innovation et identifier des modèles durables pour la mise à l’échelle, par exemple. (Pour en savoir plus, consultez l’analyse d’IRIN sur la démarche permettant de faire passer l’innovation du mythe à la réalité : Les idées lumineuses doivent-elles être encadrées en matière humanitaire ?)

Trop de tremblements de terre

À la suite des deux séismes majeurs qui ont frappé le Japon et l’Équateur le weekend dernier, les tremblements de terre sont un sujet chaud au sein de la communauté humanitaire. Le 25 avril marquera par ailleurs l’anniversaire d’un an du tremblement de terre dévastateur qui a fait plus de 8 000 morts au Népal. Au Japon et en Équateur, les séismes se sont produits à quelques heures d’intervalle seulement, ce qui a incité certains à croire qu’il y avait un lien entre eux. Ce n’est pas le cas, selon le New York Times. Ces séismes nous ont cependant permis de comparer les dommages subis par rapport aux niveaux de préparation et d’intervention de chacun des pays, comme l’illustre cette animation d’IRIN. De la même façon, l’anniversaire du séisme au Népal incite de nombreuses organisations à publier des déclarations évaluant les efforts de reconstruction menés jusqu’à présent. Plan International a ainsi signalé que le gouvernement népalais empêchait la reconstruction des écoles, tandis que la Croix-Rouge a fait remarquer que 4 millions de personnes demeuraient toujours sans logis. Plus tôt ce mois-ci, IRIN a rapporté qu’une grande partie des 4 milliards de dollars promis pour la reconstruction n’avaient pas été dépensés en raison de la mauvaise gestion du gouvernement. Ces problèmes semblent pourtant avoir échappé au représentant spécial des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe. Celui-ci a en effet applaudi le gouvernement népalais pour sa « détermination à ne pas faire comme si de rien n’était » en rédigeant de nouveaux codes du bâtiment pour s’assurer que les nouvelles constructions résistent aux séismes. Il s’agit d’une initiative louable, évidemment, mais le gouvernement a-t-il vraiment besoin d’autant de temps pour mettre en place ces nouveaux codes ?

Des pop-up pour combattre le racisme

Les utilisateurs allemands de YouTube qui tentent de visionner des vidéos publiées par Pegida, un groupe d’extrême droite anti-immigration, ou qui saisissent des termes de recherche tels que « réfugiés dehors » se voient obligés de visionner des clips qui visent à remettre en question leurs préjugés. Les clips ont été réalisés par neuf réfugiés dans le cadre d’une campagne appelée « Search racism. Find truth » [Chercher le racisme : trouver la vérité]. Tout comme les publicités que nous sommes souvent contraints de visionner avant les vidéos YouTube, ils ne peuvent être passés. Ainsi, quelqu’un qui cherche à regarder une vidéo de Lutz Bachman, le fondateur de Pegida, devra d’abord écouter ce qu’Arif, un jeune Syrien de 31 ans, a à dire. « Lutz Bachman va vous dire que tous les réfugiés sont des criminels. Je n’ai jamais fait de prison, mais Lutz Bachman en a fait, lui », dit-il, avant de lister les crimes pour lesquels M. Bachman a été condamné. Parmi les autres réfugiés qui participent à la campagne, on trouve notamment le réalisateur syrien Firas al-Shater, qui est devenu une célébrité sur YouTube en Allemagne. Il utilise en effet ses talents humoristiques pour dissiper la méfiance qui existe actuellement envers les réfugiés.

La campagne a été lancée mercredi dernier par l’organisation allemande Refugees Welcome, qui est connue pour mettre en contact des réfugiés ayant besoin d’un endroit où rester et des personnes disposées à les accueillir.

À regarder :

#GayTurtle

Si vous deviez ne regarder qu’une seule vidéo de tortues gays cette semaine, ce devrait être celle-ci. Dans une animalerie turque à l’éclairage tamisé, une caméra cachée filme des clients en train d’examiner les tortues à vendre. Un sympathique employé les informe que la tortue qui les intéresse est homosexuelle. Un couple d’acheteurs n’a aucun problème avec cela « puisqu’ils ont l’intention de l’offrir en cadeau de toute manière ». « Est-ce contagieux? » demande une femme. Un homme dit vouloir simplement « une tortue normale, non gay, standard ». Absurde, brillante, voire un peu drôle, cette vidéo d’Amnesty International Turquie se termine cependant sur une note sombre en indiquant que l’homophobie a été à l’origine de centaines de crimes haineux et de 41 meurtres haineux au cours des cinq dernières années en Turquie. « L’amour est l’amour. La haine est un choix », conclut la vidéo, avec un hashtag accrocheur. La campagne est simple et efficace, et il n’est pas étonnant que la vidéo ait été visionnée par plus d’un million de personnes. #GayTurtle.

Une publication d’IRIN :

Where are they hiding? [Où se cachent-ils ?]

Un nombre inconnu de criminels de guerre syriens ont réussi à atteindre l’Europe en se mêlant aux réfugiés qui ont afflué sur le Vieux Continent l’an dernier.

À son arrivée en Suède, Mohamed Abdullah a publié une photo de lui sur Facebook. Mais des activistes et d’autres réfugiés ont aussi fait circuler des images horribles de son passé. Sur l’une d’elles, Abdullah est debout, le pied posé sur le cadavre d’un homme en civil. Autour d’eux se trouvent d’autres corps. Il regarde directement la caméra, un demi-sourire sinistre sur les lèvres. M. Abdullah a finalement été accusé de crimes de guerre commis entre 2012 et 2015, mais son cas a été abandonné en raison d’un manque de témoins concordants. Les autorités suédoises ont relâché M. Abdullah le mois dernier et on ignore maintenant où il se trouve.

Cet article fascinant, rédigé par Tom Rollins, un contributeur d’IRIN, nous entraîne dans le mystérieux univers des unités spéciales d’enquête, des transfuges du régime et des renseignements anonymes. Jusqu’à 2 000 criminels de guerre syriens pourraient se cacher en Europe, selon une source. Or, il risque d’être extrêmement difficile de les poursuivre. L’accès aux scènes de crime en Syrie est presque impossible et il est encore plus difficile de trouver des témoins concordants que de retrouver les suspects.

À venir :

Êtes-vous à l’écoute ?

Jeudi 5 mai 2016, 14 heures @ City University London

Ce n’est pas un secret. On peut le crier sur les toits. Le besoin de communiquer – et l’idée selon laquelle l’information est une forme d’aide à part entière – est de plus en plus reconnu comme un élément fondamental, urgent et négligé de la réponse aux catastrophes. Cet événement, qui aura lieu à la City University de Londres, a pour but d’explorer de quelle façon les organisations humanitaires peuvent mieux communiquer avec les personnes affectées par les catastrophes ainsi que d’offrir une critique du travail de développement des médias mis en oeuvre au Népal depuis le tremblement de terre de 2015. Les participants au groupe de discussion présidé par le City’s Humanitarian News Research Network incluent des représentants du Département britannique pour le développement international (DFID), d’Internews, de BBC Media Action et de CDAC Network. IRIN propose des articles sur le sujet en général et sur le cas du Népal en particulier.

Cliquez ici pour vous inscrire ou pour obtenir plus de détails.

« Endurance »

À l’approche de l’anniversaire du tremblement de terre de magnitude 7.8 qui a dévasté le pays, il se peut que vous soyez intéressé par le projet d’ouvrage photographique du photojournaliste espagnol Omar Havana. Ses images, à la fois magnifiques et choquantes, nous rappellent les histoires humaines qui se cachent derrière les statistiques.

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