Jusqu’au 31 mars , l’appel d’un montant de 2,9 milliards d’euros pour le plan 2015 de réponse stratégique pour la Syrie n’a été financé qu’à hauteur de 9 pour cent, et l’appel d’un montant de 4,5 milliards de dollars pour le Plan régional pour les réfugiés et la résilience à hauteur de 7 pour cent seulement, selon le Service de surveillance financière (FTS, Financial Tracking System) des Nations Unies.
Depuis mars 2011, 7,6 millions de personnes ont été déplacées en Syrie, 3,8 millions ont fui à l’étranger pour devenir réfugiés et de vastes pans du pays ont été dévastés.
L’échelle et la complexité de la réponse – à une époque où le monde est confronté à d’autres crises majeures telles que les confits déchirant la République centrafricaine, le Soudan du Sud et l’Irak, et Ebola en Afrique de l’Ouest – ont repoussé les limites des ressources humanitaires.
En conséquence, un certain nombre d’agences des Nations Unies ont été contraintes de revoir leur aide à la baisse, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a annoncé plus tôt ce mois-ci qu’il allait devoir « redéfinir les priorités » de son programme de distribution de coupons alimentaires en Jordanie.
La conférence offre une excellente opportunité aux Nations Unies et autres organisations humanitaires de lever des fonds pour leurs programmes.
Après les discours et présentations sur la crise, trois minutes seront accordées à chacun des bailleurs de fonds présents pour faire une déclaration et, s’ils le souhaitent, lancer un appel aux dons.
Avant la conférence, Chris Gunness, le porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, dont les besoins s’élèvent à 415 millions de dollars pour venir en aide aux plus de 550 000 réfugiés palestiniens enregistrés en Syrie, a dit : « Si nous ne recevons pas de financements immédiatement, lors de conférence de Koweït, ce n’est qu’une question de jours avant que ne s’arrête le programme de distribution d’espèces dont bénéficient près d’un demi-million de personnes ».
« Après quatre ans de crise, les appels humanitaires ont déjà été revus à la baisse pour couvrir le strict minimum », a souligné Andy Baker, qui dirige les opérations humanitaires d’Oxfam en Syrie.
« Face à un financement insuffisant, davantage de personnes dans le besoin devront recourir à des stratégies de survie désespérées, telles que le travail des enfants et le mariage précoce », a-t-il ajouté, en soulignant que depuis le début de l’année 2015, les fonds « rentrent péniblement, au compte-gouttes ».
Dans un communiqué conjoint, Yacoub El Hillo, le coordinateur humanitaire des Nations Unies en Syrie, et Kevin Kennedy, le coordinateur humanitaire régional pour la crise syrienne, invitent les bailleurs de fonds à ne pas se contenter d’allouer des fonds à court terme à l’aide d’urgence, mais à financer les projets à long terme également.
« Il nous faut de toute urgence trouver le moyen de consolider de façon significative les moyens de subsistance et les services de base tels que la santé, l’éducation et l’approvisionnement en eau partout où c’est possible par le biais d’interventions à long terme », est-il dit dans le communiqué.
Iyad Nasr, le porte-parole régional du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a dit aux journalistes à Koweït qu’il était essentiel que l’argent soit au rendez-vous pour soutenir les jeunes et éviter leur déscolarisation.
« Une génération entière est en train d’être perdue, et nous sommes là pour prévenir les dégâts irréversibles susceptibles de se produire », a-t-il dit.
Plus que de l’argent
Bien que l’objectif premier de la conférence soit de lever des fonds, d’après Eva Svoboda, chercheuse auprès du Groupe de politique humanitaire de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI) à Londres, c’est également un moyen de maintenir la Syrie à l’agenda international.
« Ce n’est pas qu’une question d’agent, il s’agit aussi beaucoup d’augmenter la visibilité de la crise », a-t-elle dit à IRIN. « Il y a toujours l’espoir qu’en captant l’attention des médias, cela encouragera les politiques à agir car bien qu’il existe un besoin urgent de financements, ce dont la Syrie a besoin avant tout, c’est d’une solution politique »
La conférence est organisée pour la troisième année consécutive par le Koweït, déclaré meilleur bailleur de fonds de la réponse stratégique pour la Syrie en 2014 par Oxfam, selon des calculs considérant l’aide versée au regard du revenu national brut (RNB).
Les chiffres d’Oxfam révèlent que ses voisins du Golfe - le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – ont également fait partie des bailleurs de fonds les plus généreux l’année dernière, aux côtés de la Norvège, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des États-Unis.
D’après leurs calculs, les cinq bailleurs de fonds les moins généreux (au regard du RNB) ont été l’Islande, la République de Corée, la Russie, la Slovaquie et l’Australie.
Pour Mme Svoboda, le fait que le Koweït organise la conférence est révélateur du rôle croissant joué par les pays du Moyen-Orient dans la réponse humanitaire.
« Pour eux il s’agit en partie de s’affirmer, mais on a également le sentiment que cette crise se déroule sur leur territoire et qu’ils ressentent la nécessité de prendre les choses en main, et je crois que les bailleurs de fonds occidentaux s’en félicitent », a-t-elle dit.
Les conférences organisées au Koweït ont permis de récolter un total de 1,5 milliard de promesses de dons en 2013, puis de 2,4 milliards de dollars en 2014 - dont 90 pour cent ont été honorées, d’après les Nations Unies.
Le détail des promesses de dons faites cette année sera dévoilé dans les jours à venir.
Oxfam a calculé la part de contribution équitable de chaque pays au regard de leur poids économique pour dégager un classement équitable des contributions
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