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Ma Kyi, déplacée par les violences au Myanmar : « Tout est parti en fumée »

Ma Kyi, a 30-year old widow, barely escaped alive following sectarian violence in the town of Meiktila between Buddhists and Muslims which left more than 10,000 displaced on 21 March Lynn Maung/IRIN
Ma Kyi, une veuve âgée de 30 ans, ne sait pas si elle pourra rentrer chez elle un jour. Elle fait partie des quelque 3 600 personnes récemment déplacées qui se sont réfugiées à la Basic Education High School No.1 de Meiktila, dans le centre du pays, à la suite des violences religieuses meurtrières entre bouddhistes et musulmans la semaine dernière.

Le 22 mars, le président birman Thein Sein a décrété l’état d’urgence dans quatre communes - Meiktila, Thazi, Wandwin et Mahlaing – et a demandé à l’armée de mettre fin aux violences, les plus graves depuis les affrontements qui se sont produits entre les bouddhistes de l’ethnie Rakhine et les musulmans Rohingya dans l’État de Rakhine, à l’ouest du pays, en 2012.

Au moins cinq mosquées et des dizaines de maisons ont été incendiées et une vingtaine de personnes auraient trouvé la mort depuis le début des violences, mais il n’y a pas de chiffres exacts. D’après les autorités locales, plus de 10 000 personnes ont été déplacées et se sont réfugiées dans six camps, dont cinq écoles et un stade de football local.

Ma Kyi a parlé à IRIN de l’épreuve qu’elle traverse.

« Jamais je n’aurais pu imaginer cela. Tout s’est passé si vite. Tout est parti en fumée. On a échappé de peu à la mort. Tout ce que je possédais, tout ce pour quoi j’ai travaillé a disparu. Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé. Des personnes que je ne connaissais pas ont incendié ma maison et ma boutique, mais pour quoi ?

« Je ne sais pas comment on va s’en remettre. Je suis veuve depuis peu et j’avais déjà des difficultés à m’occuper de ma famille et de mon bébé de deux mois. Aujourd’hui, on a plus que les vêtements que l’on porte sur le dos.

« Le pire, c’est que j’ai perdu les médicaments dont j’ai besoin dans l’incendie, je souffre d’un problème de tension artérielle et d’une maladie du rein. Je n’ai pas eu le choix, je suis partie sans les prendre pour mettre mes parents à l’abri. Si je tombe malade, je ne sais pas ce qu’il arrivera à mon fils. Depuis que je suis tombée malade, je ne peux plus l’allaiter et je dois lui donner du lait en poudre. Aujourd’hui, je n’ai plus rien et il a l’air tellement faible.

« Lorsque les violences ont éclaté, on ne savait pas quoi faire ou où aller. On avait peur d’être tués par les bouddhistes qui sillonnaient les rues. Finalement, mes parents, mon frère et moi nous sommes réfugiés dans les bois avec nos voisins. On était environ 200.

« On s’est caché pendant trois jours, on n’avait ni nourriture ni eau. Il faisait chaud et [on] n’avait rien, mais on n’a pas osé rentrer, on ne pouvait pas dormir. On faisait très attention lors de nos déplacements.

« On ne savait pas quoi penser, car on entendait beaucoup de rumeurs – de menaces selon lesquelles des gens nous surveillaient et nous attaqueraient une fois la nuit venue.

« Finalement, le quatrième jour, les policiers sont arrivés. Grâce à eux, on a pu quitter les bois en toute sécurité et on s’est réfugié dans l’école.

« On n’avait jamais connu une situation pareille, je ne sais même pas comment ça a commencé. Les musulmans et les bouddhistes ne s’étaient jamais comportés de la sorte auparavant.

« Je veux rentrer chez moi, mais je sais même pas si je peux le faire. J’ai été choquée par ce que j’ai vu ».

lm/ds/rz-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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