Les efforts pour éradiquer la pauvreté urbaine échouent, car les décisionnaires au sein des organisations humanitaires comme au sein des gouvernements ne comprennent pas toujours sa logique, expliquent des experts de l’Institut international de l’environnement et du développement (IIED) dans un nouvel ouvrage.
S’appuyant sur 20 années de recherche, la publication intitulée Urban Poverty in the Global South: Scale and Nature (La pauvreté urbaine dans l’hémisphère sud : ampleur et nature du problème) décrit comment l’ampleur et la gravité de la pauvreté urbaine en Afrique, et dans la majeure partie de l’Asie et de l’Amérique latine, sont grandement sous-estimées du fait de définitions et d’instruments de mesure « inappropriés ».
Selon les auteurs de l’ouvrage, « le recours à des définitions inappropriées de la pauvreté, qui sous-évaluent et donnent une image trompeuse de la pauvreté urbaine, contribue à expliquer pourquoi la réduction de cette dernière a fait l’objet de si peu d’attention de la part des agences humanitaires et des banques de développement ».
Redessiner les contours de la pauvreté
Sur terre, une personne sur sept est en état de pauvreté urbaine ; un grand nombre d’entre elles vivent dans des campements de fortune au système d’eau potable et d’assainissement défectueux et aux installations sociales et médicales inadaptées.
D’après les auteurs Diana Mitlin et David Satterthwaite, les critères simplistes utilisés pour définir la pauvreté tels que le revenu ou la nutrition – y compris le célèbre seuil de pauvreté d’un dollar par jour et par personne – trahissent une mauvaise compréhension du problème.
« Si nous utilisons un instrument de mesure monétaire pour définir et évaluer les revenus ou consommations insuffisants… cet instrument doit refléter le coût des besoins alimentaires et non alimentaires », a expliqué Mme Mitlin dans un courriel à IRIN.
Les auteurs ont également critiqué l’importance accordée à la « pauvreté monétaire ».
« Une vision portant seulement sur la pauvreté monétaire peut signifier qu’un ménage à faible revenu qui vit en sécurité dans une maison et bénéficie d’un approvisionnement en eau, d’un système d’assainissement et de drainage de qualité et dont les enfants sont scolarisés, sera considéré comme étant aussi pauvre qu’un ménage à faible revenu qui ne possède aucun de ces avantages », ont-ils écrit dans le résumé du livre.
La nécessité d’une concertation
« Presque tous ces instruments de mesure officiels de la pauvreté urbaine sont également décidés sans concertation avec ceux qui vivent dans la pauvreté et qui rencontrent des difficultés à cause de leurs revenus insuffisants », indique le résumé.
« Ce sont toujours les experts qui identifient les gens ‘pauvres’ et susceptibles d’être ‘ciblés’ par un programme ; dans le meilleur des cas, ils deviennent ‘objets’ d’une politique gouvernementale qui peut améliorer leurs conditions dans une certaine mesure, mais ils sont rarement perçus comme des citoyens avec des droits et des revendications légitimes, des citoyens qui ont également des ressources et des aptitudes pouvant grandement contribuer à des programmes de réduction de la pauvreté plus efficaces ».
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