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Accroître l’efficacité de l’aide humanitaire musulmane

A man chops up an animal that has been slaughtered for the Muslim Eid al-Adha holiday in Dakar, Senegal in 2007. Normally, such meat is distributed to the poor, and the rest of the body thrown away, but Muslims are increasingly finding innovative ways to Heba Aly/IRIN
Entre l’aide étrangère versée par les riches États pétroliers du Golfe et les milliards de dollars dépensés par les musulmans par le biais de l’aumône « obligatoire » et des dons aux œuvres caritatives chaque année, le monde musulman constitue, de l’avis général, un vaste réservoir de potentiel dans le monde du financement de l’aide humanitaire.

Les acteurs de l’aide musulmane indiquent cependant qu’une grande partie de l’argent alloué à l’aide humanitaire et aux œuvres caritatives est mal gérée, gaspillée, dépensée sans planification et de manière inefficace.

Voici quelques-unes des initiatives mises en œuvre pour accroître l’efficacité de l’aide :

Madad : Créée par un activiste égyptien âgé de 30 ans et qui a participé au soulèvement de 2011 contre le régime du président Hosni Moubarak, Madad est une jeune entreprise privée à vocation sociale. Elle s’est donnée pour objectif d’orienter une partie des 5 à 20 milliards de lires égyptiennes (entre 825 millions de dollars et 3,3 milliards de dollars ; les données statistiques ne sont pas homogènes) qui seraient chaque année versées par la population à des œuvres caritatives vers des projets favorisant un développement plus durable. L’idée est de parcourir les gouvernorats égyptiens et de rencontrer les quelque 40 000 organisations non gouvernementales (ONG) afin d’identifier les organismes qui conduisent des projets efficaces et durables pour soutenir les moyens de subsistance et tenter de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Par la suite, Madad présenterait ces projets par le biais de plateformes en ligne afin que les donateurs soient capables de prendre des décisions informées sur la manière de dépenser leur argent et de contrôler l’utilisation des fonds versés. L’entreprise commencera par quelques petits projets déjà identifiés, et étendra son activité lorsqu’elle aura élargi son réseau. L’objectif est que les ONG s’adresse à Madad afin d’améliorer leur visibilité. Son PDG, Samed Awad, considère qu’il ne s’agit pas simplement de donner des fonds, mais aussi des ressources, une visibilité, une sensibilisation et des connaissances aux donateurs et aux ONG. Le lancement commercial est prévu pour le début de l’année 2013. 

L’International Waqf and Zakat Organization : L’International Waqf and Zakat Organization, une initiative au départ présentée à l’Organisation de la coopération islamique (OCI) par le gouvernement malaysien en 2005, a pour objectif de devenir un fonds mondial qui permettrait de mettre en commun la « zakat » (aumône obligatoire) et de l’utiliser de manière plus stratégique pour des objectifs à long terme. Cette initiative toujours en développement a reçu peu de soutien, car beaucoup de pays considèrent que la gestion de la « zakat » est une responsabilité qui relève de leur souveraineté.

Le Hasanah Trust Fund : Créé par le Congrès mondial des philanthropes musulmans, le Hassanah Trust Fund espère devenir un mécanisme durable par le biais duquel l’argent serait collecté auprès des gouvernements et du secteur privé avant d’être transmis aux agences des Nations Unies et aux ONG qui ont de très bonnes références dans les domaines de la réduction de la pauvreté, des moyens de subsistance durables et de la sécurité alimentaire.

Awqaf New Zealand : Chaque année, des millions de moutons seraient tués à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha. Plutôt que de distribuer de la viande aux pauvres, Awqaf New Zealand, une ONG créé en 2011, a mis en place un projet durable misant sur l’utilisation de toutes les parties de l’animal pour générer un revenu redistribué aux pauvres. Une partie de la viande est mise en conserve en vue de sa distribution par les agences d’aide humanitaire. La laine et la peau sont données aux réfugiés (qui bénéficient également d’une formation, de machines à coudre et d’une assurance médicale) pour fabriquer des couvertures distribuées lors de situations d’urgence (revendues à bas prix aux agences d’aide humanitaire) ou des pièces comme des mocassins qui permettent aux réfugiés de l’Ouest de protéger leur héritage. Dans les années à venir, Awqaf New Zealand prévoit d’utiliser les os pour fabriquer de la gélatine halal et, peut-être, le sang des moutons pour produire de l’engrais.

Care by Air : L’initiative Care by Air créée par Maximus Air Cargo à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, est une organisation à but non lucratif regroupant plusieurs compagnies aériennes et sociétés de transport qui ont accepté d’utiliser l’espace disponible dans leurs avions pour transporter les marchandises destinées aux organisations humanitaires et aux œuvres caritatives à prix coûtant. Selon l’Association internationale du transport aérien, quelque quatre millions de tonnes d’espace sont disponibles chaque semaine dans les avions. Utiliser 0,0003 pour cent de cet espace permettrait de fournir des repas à cinq millions de personnes, selon Care by Air.

LiveFeed : Profitant de la popularité du musicien Sami Yusuf pour sensibiliser les plus jeunes générations de musulmans, la campagne LiveFeed, lancée en décembre 2011, poursuit sa collecte d’argent pour le Programme alimentaire mondial dans le but de répondre à la sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique. La vidéo de son titre « Forgotten Promises » a été visionnée par plus d’un million de personnes sur YouTube et a atteint au moins 1,5 million d’autres personnes sur sa page Facebook et sur son compte Twitter. « Les populations du Moyen-Orient sont déterminées à agir », a dit M. Yusuf à IRIN. « Il faut simplement leur en donner l’opportunité et les moyens ».

« Waqf » au sein des entreprises : En Malaisie, la société de placement de l’État de Johor, Johor Corporation, a signé un partenariat avec l’Islamic Religious Council pour gérer le « waqf » (donation religieuse) au sein des entreprises. Les membres peuvent verser un certain pourcentage des parts et des actions de leur entreprise. Les retours permettent de financer les centaines de milliers de traitements médicaux des patients pauvres de l’hôpital Waqaf An-Nur Hospital et de ses cliniques partenaires. Selon un expert local, le fond a plus que doublé pour atteindre plus de 500 millions de ringgits malaisiens (157 millions de dollars) au cours des dix dernières années.

« Waqf » collectif : Une autre initiative fondée sur la tradition séculaire de la donation religieuse est le « waqf » collectif : plusieurs personnes mettent en commun leurs contributions pour créer un seul « waqf ». L’ONG britannique Muslim Aid est sur le point de mettre en œuvre un système de legs qui permettra aux gens de faire don d’une partie de leur richesse dans leur testament à des œuvres caritatives gérées par Muslim Aid.

Variations de la microfinance islamique : Les ONG musulmanes, comme Islamic Relief, Muslim Aid, Misr al-Kheir et Amanah Ikhtiar Malaysia ont recours à la microfinance sans intérêt depuis plusieurs années, mais d’autres testent les microcrédits (à partir de 20 dollars) et les prêts de groupe. Ces derniers sont accordés à un groupe de personnes toutes responsables du remboursement du prêt ; la pression des paires augmente et le taux de remboursement s’améliore.

Bureau pour la coordination de l’aide étrangère des Emirats Arabes Unis (EAU) : Opérationnel depuis 2009, le Bureau pour la coordination de l’aide étrangère surveille les fonds qui sortent des Émirats Arabes Unis. Le premier en son genre dans la région, le bureau est pionnier de la transparence de l’aide parmi les bailleurs de fonds du Golfe. Il fournit des informations qui permettent de définir les politiques. Il forme également les autres bailleurs de la région à ses pratiques. « Les pays musulmans devraient davantage se concentrer sur les projets liés au développement durable au lieu de se contenter de réagir aux crises humanitaires », a dit à IRIN Hazza Alqahtani, le directeur-général de l’OFCA, qui insiste sur le fait que le monde musulman doit fournir une « aide plus efficace ».

Structures de l’aide musulmane : Plusieurs groupes ont fait leur apparition au cours de ces dernières années pour aider les organisations musulmanes qui travaillent dans le domaine de l’aide. Le fondateur d’Islamic Relief, Hany El Banna, a créé le Forum humanitaire, qui encourage le dialogue et la coordination entre les agences d’aide humanitaire du monde musulman et du secteur humanitaire en général ; quant au Muslim Charities Forum, il a joué un rôle important en encourageant les érudits musulmans à élargir les définitions des œuvres caritatives acceptables dans l’Islam. En 2008, l’OCI a créé le Département des affaires humanitaires qui joue un rôle de plus en plus important dans la coordination de l’aide au sein des pays membres, particulièrement dans les zones sinistrées où les travailleurs humanitaires musulmans jouissent d’un meilleur accès.

ha/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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