Des milliers d’habitants des districts de Dweiqa et Ezbat Bekhiet, déplacés suite à la chute d’énormes blocs de pierre le 6 septembre, sont aujourd’hui confrontés à un avenir incertain alors qu’ils campent dans les rues de Manshiet Nasser, le plus ancien bidonville du Caire, la capitale égyptienne. Entre 30 et 50 habitations ont été détruites lors de la catastrophe, et près de 250 personnes auraient péri.
L’Association pour le développement et l’émancipation des femmes (ADEW), une organisation non gouvernementale (ONG) travaillant à Manshiet Nasser, a estimé le nombre de personnes disparues à 500.
Cependant, le responsable de l’unité d’urgence du ministère de la Santé et du logement, Muhammad Sultan, a déclaré que d’après le décompte officiel, 75 personnes étaient décédées et 58 avaient été blessées.
Le gouverneur du Caire, Abdel Azim Wazir, a dit le 12 septembre que 2 000 logements seraient mis à la disposition des survivants de Dweiqa.
Mais les habitants de Dweiqa et Ezbat Bekhiet restent sceptiques. « Nous en sommes venus à attendre de moins en moins de ce gouvernement », a dit l’un d’entre eux, qui vit sous tente, sur un site où les survivants attendent d’être relogés.
« Je suis venu m’installer ici [à Dweiqa] avec ma famille il y a exactement 10 ans et j’ai plaidé auprès du conseil municipal à de nombreuses reprises pour de meilleurs logements et des conditions de vie plus sûres. La seule réponse qu’on ait eu a été : ‘lorsque quelqu’un mourra vraiment, revenez nous en parler’ », a-t-il raconté.
Photo: Marwa Awad/IRIN |
Tentes de déplacés installées sur le site du Centre de la jeunesse de Manshiet Nasser |
Mais de nombreux habitants refusent de partir. Um Salamah, dont la maison fait face au site, a affirmé qu’elle ne quitterait pas les lieux tant qu’elle n’aurait pas la certitude que le gouvernement lui attribuerait un appartement, pour sa famille et elle-même.
« On nous a tous promis les appartements Suzanne Moubarak [du nom de la Première dame d’Egypte], mais qui a eu ce qui avait été promis ? Si nous partons sans avoir obtenu le titre de propriété d’un nouveau logement, nous risquons de nous retrouver à la rue », a-t-elle dit.
Réclamations frauduleuses
Les habitants des bidonvilles des quartiers pauvres environnants ont profité de la confusion engendrée par la catastrophe pour présenter des documents falsifiés à la municipalité, afin de bénéficier illégalement d’appartements dans un complexe destiné de longue date à accueillir des résidents de Manshiet Nasser.
Pour combattre le phénomène, des représentants officiels vont être envoyés auprès des habitants des bidonvilles afin de déterminer ceux qui sont éligibles à ces logements, a annoncé Abdel Fatah Abdel Aziz, responsable des comités d’enquête de la municipalité, le 14 septembre.
Photo: Marwa Awad/IRIN |
Le site de la catastrophe |
ADEW, qui fournit certains services aux habitants des bidonvilles, comme les aider dans leurs démarches administratives pour l’obtention de documents légaux et de cartes d’identité, a découvert un certain nombre de documents falsifiés. « Alors que nous commencions à récolter des données sur les survivants [des zones sinistrées], nous tombions tout le temps sur les noms de personnes qui n’avaient pas été enregistrés lors du recensement de 2007 dans la zone », a dit Marwa Abdel Hamid Ali, chargée de programmes au bureau d’ADEW à Manshiet Nasser.
« Pour mettre fin aux réclamations frauduleuses de non résidents prétendant venir des zones affectées, le personnel d’ADEW a commencé à réunir des informations détaillées sur les habitants, afin de distinguer les victimes du désastre des non résidents. Le personnel connaît les habitants et cela aide dans le processus d’identification », a-t-elle expliqué.
L’enquête effectuée après la catastrophe sera comparée avec le dernier recensement pour identifier ceux qui peuvent prétendre à un logement compensatoire de la part du gouvernement, a dit Mme Ali.
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