1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Eswatini

Des bureaux de poste humanitaires

Le cœur de métier traditionnel du bureau de poste –envoyer le courrier, vendre des timbres- semble un peu anachronique à l’époque des courriers électroniques et des téléphones portables, mais de nouveaux usages ont été trouvés à cette institution, dotée de branches dans certaines des régions les plus reculées du Swaziland.

Les bureaux de poste jouent depuis longtemps un rôle important dans la facilitation des transactions financières, du versement des factures pour les services publics à l’envoi et à la réception de mandats.

Un programme pilote a permis d’aller plus loin dans cette idée, en testant les capacités des services postaux à aider à la prestation des secours humanitaires.

Il s’agissait d’explorer l’utilisation des transferts de fonds en situation de crise humanitaire, en versant aux personnes dans le besoin des allocations mensuelles par l’intermédiaire du bureau de poste le plus proche.

L’essai, lancé en novembre, l’année dernière, visait à tirer parti du rôle communautaire unique que jouent les bureaux de poste du Swaziland, points de rencontre généraux dans les régions rurales, et du nombre de leurs antennes, supérieur à celui des banques.

« Il s’agissait d’un projet pilote aide financière/aide alimentaire qui a duré six mois, mais les bénéficiaires étaient contents et nous recommandons au ministère de la Santé et des affaires sociales de poursuivre ce programme », a indiqué Clara Dube, chargée de programme au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), qui s’est associé à l’organisme d’aide au développement Save the Children et au gouvernement swazi pour lancer cette initiative.

Les bénéficiaires étaient des orphelins et des enfants vulnérables, dont les allocations étaient versées à leurs tuteurs ou aux enfants chefs de famille.

Des pièces d’identité spéciales avaient été délivrées par le ministère de la Justice pour permettre aux 7 650 foyers participant au programme de recevoir leurs allocations, soit 30 rands (quatre dollars) par mois pour chaque enfant, et 45 rands (six dollars) supplémentaires par foyer, pour l’achat de produits non-alimentaires.

Au début du projet, la somme totale de 470 rands (63 dollars) a été transférée à chaque foyer pour aider à l’achat d’intrants agricoles au début de la période des semailles ; à la fin de l’initiative, en avril, une dernière somme de 350 rands (47 dollars) a été versée pour soutenir les projets de génération de revenus post-récoltes.

Le Swaziland affiche le taux de prévalence du VIH le plus élevé au monde, et selon l’UNICEF, dans deux ans, 200 000 enfants swazis auront perdu leurs parents, emportés par la pandémie.

Le petit royaume montagneux a également été confronté à plusieurs saisons consécutives de pénuries alimentaires liées à la sécheresse ; ainsi, en 2007, près de la moitié des 950 000 habitants que compte le pays ont reçu une forme d’aide alimentaire.

Quelques problèmes

Le programme pilote de transfert de fonds était une opération de « secours d’urgence face à la sécheresse, ciblée sur le centre et le sud du pays », a expliqué Nathi Vilakati, chargé de programmes à Save the Children, au Swaziland.

Les bénéficiaires ont également eu le choix de retirer leurs paiements dans une agence bancaire, et certains ont choisi cette option.

« L’idée initiale était de créer un compte pour chaque enfant responsable de famille et de lui délivrer une carte de données, comme une carte de retrait », a dit M. Vilakati. « Au bureau de poste, le guichetier aurait passé la carte, consulté le solde du compte et délivré les allocations mensuelles, qui auraient été automatiquement versées sur le compte par le gouvernement ».

Bien que les cartes de retrait n’aient finalement pas été délivrées, et que les employés de la poste aient dû se livrer au laborieux travail de remplir des formulaires de retrait, le concept à l’origine du projet pilote a été jugé bon, a indiqué M. Vilakati.

« Pour se rendre dans une banque, les populations rurales doivent parfois parcourir de longues distances et assumer les frais de transport, à une époque où les tarifs de bus sont de plus en plus élevés ; en revanche, il y a généralement un bureau de poste dans leur communauté », a noté Elizabeth Kgololo, chargée de communication à Save the Children.

Les services postaux swazis ont néanmoins leurs limites, soulignées par l’expérience des retraités qui ont tenté de déposer leurs chèques dans des bureaux de poste (au lieu de les déposer aux bureaux des autorités locales) lorsqu’on leur a donné le choix de le faire, en 2006.

« L’intention était bonne, mais le bureau de poste n’avait pas, à ce moment-là, les capacités de prendre en charge ce travail », a expliqué Mme Kgololo. « Les gens faisaient de longues queues ; les personnes âgées étaient obligées d’attendre pendant des heures, parce que leurs versements n’étaient pas arrivés. Beaucoup d’entre elles étaient renvoyées chez elles, et devaient revenir plusieurs fois ».

Il y avait également un problème de sécurité. « Les horaires auxquels les personnes âgées pouvaient venir retirer leurs allocations étaient publiés dans les journaux et diffusés à la radio. Les criminels savaient quand l’argent serait versé, et ils venaient là pour attendre les personnes âgées », a-t-elle indiqué.

C’est pourquoi les retraités se sont vu proposer le choix des agences bancaires.

Mais le projet pilote de transfert de fonds au Swaziland s’est révélé « important à la fois pour guider les interventions d’urgence à venir, surtout à une époque où le prix des denrées alimentaires est de plus en plus élevé, et pour établir des systèmes de transferts sociaux prévisibles –possiblement à long terme- pour les familles vulnérables », peut-on lire dans une évaluation réalisée par Save the Children.

« Souvent, la difficulté, pour les organisations humanitaires, consiste à gérer la distribution de fonds en toute sécurité, convenablement et de manière rentable », a noté Save the Children.

« La difficulté, pour les bureaux de poste, est de trouver comment ils peuvent offrir ce service à titre commercial (compte tenu des possibilités qui s’offrent à eux d’attirer de nouveaux clients à long terme), tout en reconnaissant les objectifs humanitaires qui motivent les organisations non-gouvernementales (ONG), certaines agences des Nations Unies et les bailleurs de fonds publics dans les situations d’urgence ».

Face au déclin des correspondances écrites, les services postaux sont de plus en plus confrontés au choix d’évoluer ou de devenir obsolètes, en fonction de leur capacité à attirer et à fidéliser les consommateurs.

« On ne peut pas faire disparaître les bureaux de poste par la simple volonté de l’esprit, bien que la technologie semble avoir pris le dessus dans la plupart des systèmes de communication. Nous devons leur insuffler de nouvelles idées », a déclaré à IRIN Thandi Shongwe, ministre swazi de la Communication.

jh/oa/he/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join