1. Accueil
  2. Asia
  3. Myanmar

Les migrants birmans, solidaires de leurs compatriotes

En tant que coordinateur à la Grassroots Foundation for Education and Development, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui offre des formations éducatives aux enfants des travailleurs saisonniers birmans installés en Thaïlande, Hla Phone s’occupe d’aider les autres migrants à se tenir au courant de l’évolution de la situation dans leur pays, depuis la catastrophe.

« Nous lisons les journaux et l’actualité sur Internet et nous imprimons les articles pour les distribuer », a-t-il expliqué à IRIN. « Les gens sont très en colère. Ils veulent que la junte autorise l’aide internationale sur leur territoire. Ils attendent ».

Lorsque le cyclone Nargis s’est abattu sur le Myanmar, M. Phone était mort d’inquiétude pour sa famille, restée à Bago, une région gravement touchée par la tempête, de catégorie quatre.

« J’étais tellement inquiet ; je n’arrivais pas à contacter ma famille ni mes amis. Personne », a-t-il raconté. « Tout ce que je pouvais faire, c’était regarder CNN ; donc, je savais que beaucoup de gens mouraient ».

Mais après plusieurs jours de frustration, M. Phone est enfin parvenu à contacter un ami à Bago, puis à s’assurer que ses parents n’avaient pas été touchés.

Bien que la région de Bago ait été dévastée par le cyclone, elle se situe trop à l’intérieur des terres pour avoir été frappée par les ondes de tempête violentes qui ont suivi et seraient à l’origine d’une majorité des plus de 30 000 décès confirmés.

Pourtant, aujourd’hui encore, M. Phone, comme tous les Birmans de la diaspora, est captivé par la catastrophe.

En effet, dans les usines, les fermes et les terrains de construction de la Thaïlande voisine, les travailleurs saisonniers et les exilés politiques birmans, choqués, suivent avec consternation et colère le drame qui secoue leur patrie.

Bon nombre d’entre eux bouillonnent devant l’inertie du gouvernement birman, à qui l’on reproche de limiter le flux d’aide humanitaire internationale acheminée dans les régions sinistrées, où, selon les estimations des Nations Unies, entre 1,5 et 1,9 million de personnes ont été gravement touchées et sont particulièrement exposées au risque de contracter des maladies hydriques.

Mobilisation des secours

D’autres exilés tentent de contribuer à des opérations de secours laborieuses, en envoyant des fonds et du matériel de secours par des canaux reconnus, ou même en revenant au pays pour aider sur le terrain.

« Tout le monde se mobilise, dans le pays et ailleurs », a confirmé Aung Naing Oo, un analyste birman installé en Thaïlande. « Tout le monde tente de donner tout ce qu’il peut. Les gens envoient de l’argent à différentes organisations, et les jeunes Birmans qui font leurs études au Royaume-Uni ou ailleurs reviennent au pays pour venir en aide aux populations ».

« L’armée manque à son devoir, les étrangers ne sont pas autorisés à se rendre dans la région, alors, nous devons intervenir », a-t-il expliqué. « L’armée a dit que les groupes locaux d’entraide pouvaient s’aider les uns les autres, alors les gens s’efforcent tous d’unir leurs forces ».


Photo: AFP Photo/IRIN
Une survivante du cyclone Nargis tente de s'abriter avec son bébé dans les ruines d'une hutte
La Thaïlande compte près de deux millions de travailleurs saisonniers et de réfugiés originaires du Myanmar, bien que le delta de l’Irrawaddy, la région la plus gravement touchée, ne fasse pas partie des principales régions d’origine des Birmans qui migrent en Thaïlande.

Selon Htou Chit, directeur de la Grassroots Foundation, les migrants originaires des régions les plus touchées qui travaillent dans les stations balnéaires du sud de la Thaïlande sont retournés au Myanmar depuis la catastrophe pour rechercher les membres de leurs familles ou avoir de leurs nouvelles.

« Ils retournent apporter leur aide, et pensent aussi revenir en Thaïlande avec leurs familles », a-t-il expliqué.

La colère des migrants

Dans la province thaïlandaise de Samut Sakhon, les migrants originaires du Myanmar qui travaillent dans l’industrie des fruits de mer moyennant une rémunération inférieure au salaire minimum rassemblent actuellement des ressources pour aider leurs compatriotes.

« Les migrants sont vraiment furieux de voir que la communauté internationale veut aider les victimes de la catastrophe, mais que le gouvernement ne l’autorise pas à se rendre sur place », a expliqué Ko Ko Aung, activiste birman du Réseau de promotion du droit des travailleurs, à Samut Sakhon.

« Même si leur propre situation n’est pas terrible, les travailleurs migrants essayent de rassembler des habits ou des médicaments, de récolter de l’argent ou quoi que ce soit d’autre qu’ils puissent offrir ».

A ce jour, a-t-il dit, son organisation a récolté assez de vêtements, d’aliments secs et autres matériels de secours pour remplir six pick-up ; elle va à présent tenter d’acheminer ces ressources dans le pays pour les distribuer ensuite par le biais de réseaux reconnus.

Les universitaires birmans contribuent eux aussi aux opérations de secours, en traduisant en birman diverses informations pertinentes sur différents sujets, tels que l’évacuation des cadavres, la purification de l’eau et la gestion de la catastrophe ; ces informations sont ensuite envoyées aux organisations communautaires locales qui opèrent dans les régions sinistrées.

« Voir tous nos concitoyens souffrir de cette façon, ça va au-delà de la détresse, de la tristesse », a confié Win Min, l’un des traducteurs, originaire de Bogolay, une ville gravement frappée par le cyclone. « C’est vraiment, vraiment terrible ; ça dépasse l’entendement ».

ak/ds/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join