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La sélection d’IRIN : Ce que veulent les Syriens, politiques dissuasives et diminution des conflits en Afrique

Destroyed apartment buildings Tom Westcott/IRIN

Voici la liste des lectures recommandées par IRIN. Chaque semaine, nous partageons une sélection d’articles de recherche, de podcasts, de rapports, de billets de blogues et d’articles de fond à ne pas manquer pour rester au fait des crises mondiales.

À lire : notre Top 6

What Syrians want [Ce que veulent les Syriens]

Il n’a jamais été facile de sonder l’opinion du public en Syrie, un pays où le président est régulièrement élu avec plus de 90 pour cent des suffrages. Et, après cinq années de guerre, ce sont les voix les plus fortes qui attirent le plus l’attention. Un sondage réalisé auprès de 2 000 réfugiés syriens au Liban – un échantillon des quelque 1,5 million d’entre eux qui y vivent – permet d’avoir une idée de ce que pensent et veulent les Syriens. Les résultats du sondage ont été résumés dans Foreign Affairs par Daniel Corstange, de l’Université Columbia.

Voici quelques conclusions importantes : un peu plus de la moitié des réfugiés soutiennent l’opposition, mais une part importante (40 pour cent) prend parti pour le régime du président Bachar Al-Assad. Les sympathisants de l’opposition qui appuient les factions islamistes sont à peine plus religieux que ceux qui défendent les rebelles nationalistes. Comme on s’y attendait, les partisans de l’opposition sont généralement plus pauvres et moins bien éduqués que ceux qui se rallient au régime, mais la demande pour un État religieux n’est pas aussi importante qu’on pourrait le croire. Finalement, ceux qui soutiennent les groupes d’opposition nationalistes sont 50 pour cent plus engagés politiquement que leurs pairs qui appuient Al-Assad. Ce court article est une mine d’informations utiles : examinez les chiffres par vous-mêmes.

Vas-y pendant qu’il est encore temps

Vous en avez d’abord entendu parler ici, évidemment, mais dans ce billet de blogue, l’ancien étudiant de la London School of Economics (LES) Charles Mulingi s’intéresse aux flux migratoires d’Éthiopiens le long de la route méridionale vers l’Afrique du Sud. Il découvre qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui tentent de gagner l’Europe. La majorité de ceux qui choisissent la route du sud (et non celle de l’ouest, par laquelle les migrants tentent d’atteindre l’Europe en traversant le Soudan et la Libye) le font pour des raisons de coûts, de commodité et de sécurité et parce qu’ils ont des proches et des amis dans les pays de transit et en Afrique du Sud. Or les nouvelles mesures proposées dans le Papier vert sur la migration de l’Afrique du Sud rendront sans doute la vie beaucoup plus difficile aux migrants et aux demandeurs d’asile.

Le document cite notamment le principe du « pays tiers sûr », qui permet au pays de refuser l’asile aux personnes ayant transité par un ou plusieurs pays considérés comme « sûrs ». Les mesures proposées prévoient également l’ouverture de centres de traitement des demandes d’asile près des frontières où les migrants seront contraints de rester jusqu’à ce qu’ils obtiennent une réponse à leur demande. Les migrants n’auront par ailleurs pas le droit de travailler ou d’étudier pendant cette période. L’Afrique du Sud semble s’inspirer du modèle européen. Il est fort probable que le gouvernement réussisse ainsi à séduire une part importante de l’électorat.

The ‘ripple effect’ of refugee deterrence policies [Les répercussions des politiques de dissuasion à l’égard des réfugiés]

Lorsqu’elle a commencé à tenter d’empêcher les réfugiés d’atteindre ses côtes en obligeant leurs bateaux à rebrousser chemin et en transférant les demandeurs d’asile dans des centres de traitement offshore, l’Australie a dû essuyer des critiques de la part de la communauté internationale, mais elle n’a fait l’objet d’aucune sanction. Certains pays européens ont au contraire commencé à considérer « le modèle australien » comme un exemple à suivre, en particulier dans le contexte de l’afflux sans précédent de demandeurs d’asile vers l’UE enregistré en 2015. Au cours de la dernière année, de plus en plus d’États membres de l’UE ont adopté des mesures de dissuasion à l’égard des demandeurs d’asile. Nous avons également pu constater que l’Australie et l’UE sont prêtes à donner beaucoup d’argent aux pays d’origine et de transit pour s’assurer que les demandeurs d’asile n’atteignent pas leurs frontières. Dans ce nouveau texte, à la fois document de travail et note de politique, le Groupe de politique humanitaire (Humanitarian Policy Group) de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI) signale que les politiques de dissuasion mises en oeuvre par les pays riches ont des répercussions dans les pays à plus faible revenu.

Les auteurs se sont intéressés à l’Indonésie, au Kenya et à la Jordanie et ont trouvé des preuves suggérant un accroissement des restrictions imposées aux réfugiés dans de nombreux pays à faible et moyen revenu. Si de telles politiques sont souvent le résultat de pressions intérieures, les entretiens mettent cependant en évidence dans quelle mesure les pays industrialisés offrent un « exemple » pour le reste du monde. Résultat : « une tendance claire à l’érosion de la protection des réfugiés à l’échelle mondiale ». Les auteurs terminent toutefois sur une note un peu plus positive en affirmant que cette tendance n’est pas irréversible.

The coming peace – Africa’s declining conflicts [Un espoir pour la paix – diminution des conflits en Afrique]

L’idée selon laquelle l’Afrique est un continent ravagé par la guerre est dépassée. Au XXIe siècle, les conflits en Afrique ont considérablement diminué. La plupart des Africains sont plus en sécurité aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été. Certes, des points chauds existent toujours, mais le portrait global, qui suggère un recul des conflits, « a des implications quant à la façon dont nous considérons les besoins sécuritaires africains », indique cet article publié sur le site de Sustainable Security.

Cela suppose tout d’abord de soutenir l’Union africaine pour lui permettre d’améliorer ses capacités en matière de maintien de la paix et de résolution des conflits. Les embargos sur les armes imposés aux combattants et les restrictions sur le commerce des minerais en provenance de zones de conflit peuvent également être utiles, de même qu’un meilleur contrôle des flux financiers qui y sont liés. Et, enfin et surtout, le monde devrait « tenter de ne pas créer de nouveaux terreaux fertiles pour les conflits », comme en Libye.

Un processus de paix fragile au Soudan

Les pourparlers de paix entre le gouvernement soudanais et Sudan Call, un groupe qui rassemble plusieurs mouvements d’opposition, devaient commencer ce mois-ci, mais leur tenue semble extrêmement incertaine. Selon le site de Nuba Reports, la principale pierre d’achoppement dans le conflit des États du Nil bleu est la question des points d’accès pour l’aide humanitaire dans les zones affectées par la guerre. Khartoum a refusé toute aide provenant de l’extérieur du pays. Inversement, les rebelles du SPLM-N se sont opposés à toute aide émanant du Soudan, craignant que le gouvernement ne manipule les distributions d’aide. Au Darfour, la situation est plus compliquée, notamment parce que les groupes rebelles se méfient de Thabo Mbeki, médiateur de l’Union africaine et ancien président sud-africain. Le maintien de la paix n’est pas une tâche facile.

Des pourparlers de paix difficiles dans le sud de la Thaïlande

À la suite des attaques à la bombe menées dans sept villes touristiques du sud de la Thaïlande et d’une embuscade qui a tué trois policiers la semaine dernière, l’International Crisis Group (ICG) a décidé de publier un compte-rendu sur l’une des insurrections les moins bien comprises au monde. L’ICG signale tout d’abord que les attaques suggèrent un changement de stratégie : elles ont en effet eu lieu à l’extérieur « des zones de conflit habituelles dans l’extrême sud du pays », ce qui indique que « l’approche du gouvernement pour contenir l’insurrection ne fonctionne pas ». Le gouvernement précédent, renversé par les auteurs du coup d’État – qui sont maintenant à la tête du pays – avait entamé des pourparlers de paix avec les insurgés, des musulmans malais qui luttent pour la création d’un État séparé. Les Malais constituent une majorité dans le sud du pays, mais ils ne sont qu’une petite minorité dans l’ensemble de la Thaïlande, essentiellement bouddhiste. La junte au pouvoir a poursuivi le processus de négociation, mais elle a aussi posé des gestes qui ont nui à son bon déroulement. Par ailleurs, les discussions « sont aussi entravées par le manque d’unité et l’esprit de clocher des militants ». L’ICG suggère qu’un « système politique décentralisé pourrait contribuer à résoudre le conflit en respectant l’identité et les aspirations malaises-musulmanes tout en préservant l’unité de l’État ». C’est un objectif noble, mais qui semble hors de portée pour le moment.

Pour en savoir plus sur le conflit, lire le rapport spécial d’IRIN sur le sujet.

Une publication d’IRIN :

Syrian evacuations break the will to resist [Les évacuations forcées brisent la volonté de résister des Syriens]

Le conflit en Syrie semble avoir atteint un point de basculement. Alors que la plus récente tentative des États-Unis pour faire respecter le fragile cessez-le-feu avorte dans les récriminations, les erreurs et le chaos, les bombes qui pleuvent sur la ville détruite d’Alep sont plus nombreuses que jamais. L’intention du président Bachar Al-Assad et de ses alliés est claire : gagner et garder le pouvoir à tout prix. La semaine dernière, le contributeur d’IRIN Tom Rollins a examiné attentivement les tactiques brutales qui renversent le cours des choses dans cette guerre. Assiéger la ville, affamer les rebelles, évacuer l’agglomération une fois que les rebelles se sont rendus… C’est ce qui s’est passé à Daraya et on s’inquiète que les forces d’Assad cherchent maintenant à appliquer cette façon de faire un peu partout au pays : juste à côté à Moadamiyeh, dans les faubourgs de Damas situés dans la Ghouta orientale, à Homs, et même à Alep un jour. « C’est une forme de nettoyage sectaire qui passe par une certaine reconfiguration », a dit à M. Rollins Thomas Pierret, expert sur la Syrie et maître de conférences à l’Université d’Édimbourg. « En gros, le régime syrien décide que certaines communautés doivent s’installer à tel endroit parce qu’il est plus facile de les contrôler lorsqu’elles y vivent… Il s’agit d’une stratégie de concentration. » Si l’on va un peu plus loin, on peut se demander s’il s’agit d’une violation du droit humanitaire international ou si des crimes de guerre sont perpétrés. Ce sera peut-être le sujet d’un prochain article.

À venir :

“A Missing Link? Diaspora’s Place in an Enhanced International Humanitarian System” [Un chaînon manquant ? Le rôle de la diaspora dans le système international d’aide humanitaire] – Lundi 3 octobre – Copenhague

Il existe peu d’information sur le rôle de la diaspora dans la réponse humanitaire, sauf peut-être en ce qui concerne les envois de fonds. Les responsables d’un projet de recherche appelé DEMAC (Diaspora Emergency Action and Coordination) se sont donné pour mission de remédier à cet état de fait. Afford, le Conseil danois pour les réfugiés (Danish Refugee Council, DRC) et la Fondation Berghof se sont intéressés à la réaction de la diaspora sierra-léonaise à l’épidémie d’Ebola, à la réponse somalienne à la crise en Somalie et aux réactions des Syriens qui vivent en Allemagne, en Turquie et au Liban à la guerre civile qui ravage leur pays depuis cinq ans. En plus d’examiner le rôle de la diaspora, les chercheurs ont évalué les perceptions de la communauté humanitaire à l’égard des efforts de la diaspora. Leur rapport final tente de corriger les fausses perceptions selon lesquelles ces efforts touchent un faible nombre de personnes et sont généralement inefficaces ou mal ciblés. Souvent, l’humanitarisme de la diaspora va au-delà des liens familiaux : il cible les communautés les plus vulnérables, indépendamment de l’ethnicité ou de la religion de celles-ci, et met l’accent sur les efforts d’éducation ainsi que sur la fourniture de soins médicaux, la sécurité alimentaire et la défense des droits. Ces conclusions, qui ouvrent des possibilités pour la coordination et la collaboration humanitaires, seront diffusées plus largement lors d’une conférence qui aura lieu à Copenhague le 3 octobre. La directrice d’IRIN Heba Aly y animera une table ronde.

Cliquez ici pour obtenir plus d’informations ou pour vous inscrire à la conférence.

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(PHOTO DE COUVERTURE : La plupart des Syriens qui se trouvent toujours à Alep sont trop pauvres pour partir et vivent dans les ruines des immeubles à logements. Tom Westcott/IRIN)

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