Dans la semaine du 24-30 novembre, la Sierra Leone a signalé 537 cas confirmés d’Ebola, soit 152 de plus que la semaine antérieure et plus de quatre fois le total des cas signalés en Guinée et au Liberia à la même période, selon les dernières actualisations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Depuis plus d’un mois, l’épidémie perd de la vitesse au Libera, qui a signalé 43 cas entre le 24 et le 28 novembre. En Guinée, où le virus a été signalé en mars pour la première fois, le nombre de cas enregistre une légère hausse depuis octobre. Soixante-dix-sept cas ont été signalés la dernière semaine de novembre, indique l’OMS.
D’après les autorités sanitaires de Sierra Leone, la négation de l’existence d’Ebola et les inhumations à risque font grimper le nombre d’infections. Soixante-dix pour cent des infections sont dues à l’inhumation à risque de victimes d’Ebola, a dit Brima Kargbo, médecin en chef au ministère de la Santé et de l’Assainissement, à des journalistes le 3 décembre.
« Le problème de la négation est encore [répandu] dans nos communautés en dépit d’une prise de conscience et d’une sensibilisation accrues. On continue à cacher les malades ; on continue à laver les corps », a dit M. Kargbo.
« Ce que nous avons fait, c’est de continuer à engager le dialogue avec les chefs communautaires, afin qu’ils comprennent bien les facteurs de risque d’Ebola et la nécessité de s’impliquer dans la lutte [contre la maladie] en donnant l’alerte au plus tôt lorsque leurs proches sont malades, tout en cessant d’inhumer sans l’appui des équipes médicales. »
« Un problème humain difficile »
En septembre, le gouvernement sierra-léonais a ordonné un confinement d’envergure nationale, d’une durée de trois jours, pour tenter d’endiguer la propagation d’Ebola. Il semblerait que le couvre-feu ait été efficace. Mais des trois pays d’Afrique de l’Ouest aux prises avec Ebola, la Sierra Leone est celui affichant le taux de transmission le plus élevé à l’heure actuelle.
Alors que les cas d’infection ont été largement enrayés dans l’est du pays où Ebola est d’abord apparu plus tôt cette année, le virus se propage agressivement dans l’ouest, où se trouve la capitale, Freetown. Sur les 93 cas confirmés signalés le 3 décembre, 75 étaient localisés à l’ouest.
Le manque de place dans les centres d’isolement de l’ouest du pays, la survenue d’infections lors du transport jusqu’aux centres d’isolement et les mouvements de population sont quelques-uns des facteurs expliquant la propagation intensive du virus.
« Il est très difficile de changer notre comportement, en tant que composante culturelle, face à la mort. Imaginez devoir dire à une mère de ne pas bercer son enfant mort. Qui en est capable ? Les changements de comportement peuvent sembler stériles, mais si on les décompose et que l’on s’intéresse à leur signification, ça devient un problème humain très [compliqué] », a dit Winnie Romeril, porte-parole de l’OMS en Sierra Leone, à IRIN.
Réponse lente
Il a également été reproché à la réponse médicale d’urgence d’être inefficace. Les appels passés au numéro vert mis à disposition pour contacter le service d’ambulance et les équipes d’inhumation pour le retrait des corps sont rarement suivis d’une réponse rapide. M. Kargbo a dit que les équipes d’inhumation et de surveillance avaient doublé, passant à 160, et qu’une évaluation était en cours pour déterminer si la réponse s’améliorait.
« Le gouvernement aurait dû prendre des mesures drastiques et mettre en quarantaine les villes et les villages où Ebola est initialement apparu. [Il] n’aurait pas dû permettre qu’Ebola se propage dans tous les districts du pays », a dit Mariama Kargbo (aucun lien de parenté avec Birma), qui vit à la capitale.
« Je ne peux plus rendre visite à ma famille dans d’autres régions du pays, car il est devenu très cher et stressant de voyager. Le gouvernement doit en faire plus. Chaque jour on entend les sirènes des ambulances qui passent. Si vous levez les yeux, c’est une ambulance Ebola. Si je pouvais, je quitterais le pays. C’est très triste. »
Lors d’une conférence de presse récente, Elhadj As Sy, le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a dit qu’en raison de la stigmatisation de la maladie « de nombreux patients se cachent et il y encore de nombreuses personnes qui tombent malades et dont les familles ne veulent pas qu’on vienne les chercher », a-t-il dit.
Changement comportemental
Mais M. Sy a souligné que la plupart des patients d’Ebola cherchaient à se faire soigner, et que nombreuses étaient les personnes à respecter les mesures sanitaires et de précaution et à éviter les pratiques à risque. Sidi Yahya Tunis, le chargé de la communication du Centre sierra-léonais de réponse à l’épidémie d’Ebola, a dit que bien que la persistance de certaines croyances et pratiques à risque dans certaines communautés restait « l’obstacle majeur que nous observons dans cette lutte », une collaboration accrue avec les communautés se mettait en place pour contenir Ebola.
Mohamed Conteh est originaire de Kenema, une ville de l’est du pays. Il a survécu à Ebola et fait l’éloge des campagnes de sensibilisation du gouvernement et des organisations d’aide humanitaire. « Sans l’action du gouvernement pour sensibiliser la population au virus et améliorer les centres de traitement, j’aurais pu mourir ou d’autres personnes seraient mortes », a-t-il dit à IRIN.
Cependant, l’objectif fixé par la mission des Nations Unies pour une réponse d’urgence à Ebola d’isoler et de traiter 70 pour cent des patients et d’inhumer sans risque 70 pour cent des victimes d’Ebola au 1er décembre en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone n’a été que partiellement atteint : la Guinée et le Liberia ont dépassé l’objectif s’agissant de l’isolement et du traitement des patients, mais la Sierra Leone était en deçà.
L’objectif ultime, fixé pour le 1er janvier 2015, est d’être capable d’isoler tous les cas d’Ebola et d’inhumer sans risque toutes les personnes succombant au virus.
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