Puis, sous la direction du Royaume-Uni - qui s’engage à allouer plus de 200 millions de dollars US à la lutte contre la maladie - ils furent conviés à formuler leurs promesses de dons.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a dit que bien que le Royaume-Uni dirige et coordonne l’intervention en Sierra Leone, l’aide de la communauté internationale était indispensable, et que le congrès avait représenté une avancée majeure : de nouveaux partenariats avaient été noués et il espérait que ces derniers aboutissent à d’importantes contributions.
« Ce que nous avons fait aujourd’hui », a-t-il dit « a augmenté les chances de succès du combat contre [Ebola] et les chances de survie de centaines de milliers de personnes dans la région », en rappelant toutefois qu’il ne s’agissait que du début du processus, et non de son aboutissement. « La lutte contre Ebola sera cruciale dans les prochains mois ; les actions entreprises dans les trois ou quatre mois à venir détermineront son succès. »
Dix mois après l’apparition de l’épidémie, le sentiment d’urgence est exacerbé, mais l’aide promise cette semaine n’arrivera pas tout de suite. En effet, bien que la Sierra Leone et les pays affectés aient besoin de fonds, l’argent ne suffit pas à couvrir toutes leurs nécessités. L’une des personnes en charge de l’organisation de la conférence a dit à IRIN qu’il était facile d’allouer des fonds, mais que de contribuer par l’envoi de personnel, de matériel et d’une aide logistique demandait plus d’efforts.
Les bénévoles veulent la garantie de pouvoir être rapatriés
Cuba est le seul pays à avoir rapidement dépêché des médecins et des infirmiers, mais en général, la décision d’affecter du personnel de santé et des membres des forces armées à une mission potentiellement dangereuse ne peut être prise à la légère. Pour Sanjayan Srikanthan du Comité international de secours (International Rescue Committee, IRC), cela relève de la responsabilité des gouvernements ; à elles seules, les organisations humanitaires n’ont tout pas simplement pas assez de personnel pour renforcer l’intervention.
« En dernier recours, nous faisons appel aux gouvernements afin qu’ils dépêchent des effectifs militaires pour aider à la mise en place et à la gestion des infrastructures […] et pour accélérer le déploiement de bénévoles provenant d’agences ou du secteur de la santé. Les gouvernements doivent également créer un environnement favorable aux bénévoles. »
« De plus en plus de personnes se portent volontaires, mais accéder à cette importante et inestimable ressource requiert un système d’évacuation sanitaire sûr, ainsi qu’un soutien logistique et financier. Nous en appelons aujourd’hui aux États pour résoudre ce problème sensible et manifeste, en acceptant de mettre sur pied et de financer un système de rapatriement sanitaire spécifique pour tout le personnel, indépendamment de leur nationalité ou de leur affiliation à telle ou telle organisation », a dit M. Srikanthan.
L’appel a été relayé par Claus Sorensen, le directeur général de l’Office d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO). Selon lui, il n’est pas suffisant de promettre aux bénévoles un bon traitement à l’échelle locale. « Il y a aussi un aspect psychologique », a-t-il fait remarquer « ils veulent la garantie de pouvoir être rapatriés. Nous devons donc établir un système d’évacuation et rationaliser les protocoles de renvoi des patients par avion ».
Le ministre britannique des Affaires étrangères M. Hammond a demandé aux pays dotés d’une flotte d’avions de transport adaptée de la mettre à disposition, que ce soit pour être utilisée directement en Afrique de l’Ouest ou pour remplacer les avions réaffectés depuis d’autres destinations telles que l’Afghanistan. Mais dans un contexte où la capacité de transport militaire suffit déjà à peine à faire face aux besoins au Moyen-Orient et ailleurs, cette requête risque elle aussi de ne pas être satisfaite immédiatement.
Leadership moral et gants en caoutchouc
Mais les pays représentés au congrès ne sont pas tous en mesure de promettre des avions ou des millions de dollars. Le Ghana, par exemple, s’est engagé à contribuer à l’effort d’aide en accueillant des infrastructures de transit, alors que les autres pays de la région cherchaient à se couper de leurs voisins touchés par le virus.
Le président John Mahama a donné l’exemple. Victor Smith, le haut-commissaire du Ghana à Londres, a dit à IRIN : « Il se trouve que notre président est aussi le président de la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest], il est donc cerné par la crise. Il se doit de faire figure de guide pour la région, et a donc dû se rendre dans tous ces pays, bien que de nombreuses personnes s’y opposaient en disant "C’est un virus très dangereux". Il devait le faire pour montrer qu’il n’est pas bon de fuir, car c’est ce qui commençait à se passer ».
Les Philippins, qui exportent pourtant leur personnel médical dans le monde entier, se sont dits réticents à exposer leurs médecins et leurs infirmiers à Ebola. Le Royaume-Uni leur a alors suggéré de se charger de la formation du personnel médical. Le Japon fournit des kits de protection personnelle. La Malaisie est l’un des plus gros producteurs de gants en caoutchouc du monde : le Royaume-Uni tente de les convaincre de céder des stocks.
L’une des déceptions du congrès de Londres fut l’absence du président Ernest Koroma, dont l’avion n’a pas pu décoller de Freetown. La Sierra Leone était représentée par son haut-commissaire, Edward Touray. Il a dit aux journalistes que le pays, qui se sentait isolé et incapable de faire face, se sentait désormais bien mieux épaulé. « Ce que je retiens de cette conférence, c’est une volonté de la communauté internationale de monter au créneau et de donner. »
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