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Peur au cœur de la banlieue chiite de Beyrouth

The massive car bomb that killed government MP Antoine Ghanem came less than a week before parliament was due to elect a new president and has pitched Lebanon deeper into crisis. Toufic Chebib/IRIN
Les habitants de la banlieue sud de Beyrouth craignent la résurgence des conflits et de l’insécurité suite à la vague d’attentats à la bombe qui frappe ce fief du mouvement chiite du Hezbollah depuis neuf mois.

Depuis juillet 2013, neuf attentats à la bombe ont frappé la banlieue sud de Beyrouth, faisant plus de 70 victimes, dont une majorité de civils, selon le ministère de la Santé.

En réponse à ces attaques, le Hezbollah a renforcé sa présence dans les rues : des hommes appartenant à son service de sécurité, habillés en civil, transmettent des ordres par talkie-walkie ; les quelques véhicules stationnés à proximité de la mosquée locale sont inspectés à l’aide de détecteurs d’explosifs.

De nouvelles barricades ont récemment été érigées aux abords des mosquées les plus importantes. Les véhicules ont interdiction d’y accéder aux heures des prières – horaires où les risques sont particulièrement importants.

Au début du mois, lorsque les journalistes d’IRIN ont visité la Dahieh, les habitants étaient nerveux en raison d’une nouvelle alerte à la bombe. « Aujourd’hui, la sécurité a été renforcée. Selon la rumeur, il y aurait deux voitures piégées dans le quartier, ils essayent de les localiser », a dit M. Fares, un habitant du quartier. Ces alertes à la bombe font partie du quotidien dans le quartier, a-t-il dit.

Des groupes djihadistes sunnites ont été accusés d’avoir délibérément pris pour cible des habitants de la Dahieh, un quartier à majorité chiite de la banlieue sud de Beyrouth, en représailles au soutien que le Hezbollah a apporté au président de la Syrie voisine, Bachar al-Assad. Le Hezbollah jouit d’un fort soutien au sein de la population de la Dahieh, une banlieue qui regroupe plusieurs quartiers comme Haret Hreik, Bir Assan et Bir el Abed. Le centre de Beyrouth et d’autres zones chiites du pays ont également subi des attaques.

L’utilisation des attentats suicides à la bombe dans un tiers des attaques récentes – un fait inédit depuis la guerre civile libanaise (1975-1990) – marque une nouvelle escalade de la violence et de la peur. L’un des attentats les plus meurtriers survenus à la Dahieh s’est produit le 15 août 2013 : l’explosion d’une voiture piégée a fait plus de 20 victimes et au moins 200 blessés.

Pour Lokman Slim, analyste politique et habitant du quartier de Haret Hreik à Dahieh, les auteurs des attaques ont eu un impact sur l’humeur des habitants de la banlieue. « Cette banlieue était considérée comme un bastion hyper sécurisé. Maintenant, l’ennemi entre et se fait exploser en plein cœur. Il fait passer un message : il n’a pas peur de mourir pour ses idées. Les terroristes ont imposé la peur comme mode de vie ».

Fatima, 42 ans et mère de trois enfants, dit que la peur est palpable. Elle vit dans un appartement situé en face de la mosquée : « Les attentats à la bombe sont devenus habituels, mais il est de plus en plus difficile de les oublier. Je sens que le quartier a une grande faiblesse ; nous ne savons jamais d’où ils pourraient arriver ».

Il y a deux semaines, son mari a décidé ne pas envoyer leurs enfants à l’école, après que le directeur lui a dit que l’établissement était menacé. Le ministre libanais de l’Éducation n’a pas pu confirmer cette menace, mais les rumeurs de ce genre se multiplient – un signe d’une communauté en proie à une psychose croissante.

Bon nombre de résidents ont dit à IRIN qu’ils évitaient les déplacements inutiles. L’appartement de Fatima donne sur la rue de la mosquée qui était autrefois très fréquentée. Ces jours-ci, elle est presque vide.

Baisse de la clientèle


Les commerçants indiquent qu’ils ont constaté une baisse de la clientèle. Mohammad, gérant d’un magasin de tabac, vit dans la Dahieh depuis 1986: « Depuis l’été, les ventes sont en baisse. Avant, les gens venaient de l’extérieur de la Dahieh pour acheter des produits locaux ».

Selon Bachir El Khoury, un économiste libanais, le déclin économique de la Dahieh depuis les attentats n’est pas seulement dû à la baisse du nombre de clients venus d’autres quartiers : « La majorité de la clientèle vient de cette zone. Mais en raison de l’instabilité régionale, le pouvoir d’achat des populations a fortement diminué ».

Afin de rassurer les clients et de se protéger, les commerçants essayent de s’adapter en plaçant des sacs de sable devant leur boutique, en interdisant le stationnement et en prolongeant les horaires d’ouverture.

« Nous avons décidé d’ouvrir la boutique jusqu’à 21h », a dit Omar, propriétaire d’une bijouterie, « car les clients préfèrent venir quand il fait nuit, quand il n’y a pas d’explosions. Mais même avec les mesures de sécurité mises en place par l’armée et le Hezbollah, nous ne sentons pas complètement protégés ».

Certains habitants ont d’ores et déjà décidé de partir. « J’attends la fête des Mères [le 21 mars au Liban] et après je déménagerai », a dit un fleuriste local.

Selon M. Slim, cette tendance pourrait se poursuivre à la fin de l’année scolaire : « Certaines familles vont probablement retourner dans le sud du Liban, la région dont ils sont originaires et où ils ont souvent encore une maison de famille. Ceux qui ont un travail à Beyrouth feront le trajet aller-retour quotidiennement. C’est ce qui s’est passé pendant la guerre de 2006 ».

Mais Ahmad et Youssef, des barbiers de 20 ans, sont déterminés à ne pas partir : « Oui, nous sommes inquiets lorsque nous voyons une voiture qui semble suspecte. Mais cela ne changera pas notre façon de penser ou de vivre ».

« Nous ne partirons pas. De toute façon, l’insécurité ne touche pas seulement la Dahieh. Malheureusement, nous nous attendons à quelque chose de pire qui affectera tout le Liban ».

ar/jj/cb-mg/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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