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Dix façons de sauver un million de vies

The upper forearm of a seven-month-old girl in the Madagascan capital of Antananarivo is calibrated to monitor her progress from malnutrition. Once in the green zone – her recovery is all but complete
Guy Oliver/IRIN
The upper forearm of a seven-month-old girl in the Madagascan capital of Antananarivo is calibrated to monitor her progress from malnutrition. Once in the green zone – her recovery is all but complete
Le 8 juin à Londres, sous l’égide du premier ministre britannique David Cameron, plusieurs présidents, premiers ministres, hommes et femmes d’affaires et philanthropes ont signé le Pacte mondial sur la nutrition pour la croissance (Global Nutrition for Growth Compact), un accord visant à améliorer la nutrition chez les enfants et les femmes enceintes du monde entier. À l’intérieur de la salle de réunion, les organisateurs ont déclaré qu’ils avaient obtenu de nouvelles promesses de dons atteignant un total de 4,15 milliards pour en finir avec la dénutrition d’ici l’année 2020. À l’extérieur, des militants rassemblés dans Hyde Park ont déposé un tapis de pétales de fleurs qui symbolisent les vies d’enfants perdues chaque année à cause de la malnutrition.

Les enfants représentés par ces pétales ne meurent pas de faim. La plupart succombent à la diarrhée, la pneumonie, le paludisme ou la rougeole, les maladies qui tuent habituellement les enfants. Néanmoins, la dénutrition est la cause profonde d’un grand nombre de ces décès. Souffrir de malnutrition fait plus que doubler le risque de décès chez l’enfant.

Une importante nouvelle série d’articles de la revue médicale The Lancet entend mesurer l’ampleur des ravages causés par la malnutrition. Prenant en compte la mortalité infantile liée à la sous-alimentation des mères et les déficiences congénitales liées à la nutrition, les auteurs de l’étude affirment que la malnutrition est la cause profonde de 45 pour cent des décès d’enfants ; 3,1 millions de décès chez les enfants de moins de cinq ans chaque année dans le monde.

Les données sur la mortalité semblent être le critère ultime de l’échec mondial en termes de nutrition, mais les conséquences néfastes ne s’arrêtent pas là et touchent le développement à long terme des enfants, d’après de nombreuses personnes présentes sur le terrain.

Sally Grantham-McGregor, de l’Institut de la santé de l’enfant (ICH), a déclaré : « Il faut vraiment dépasser l’idée que la seule conséquence est la mort. Nous savons que nourrir les enfants qui souffrent de malnutrition sévère permettra seulement de sauver leurs vies, mais pas leurs cerveaux. Nous alimentons le cycle de la pauvreté alors que nous devons le briser ».

Les étapes qui sauvent des vies

Des progrès ont été réalisés depuis la publication du dernier rapport sur le sujet, il y a cinq ans. Le nombre d’enfants dans le monde qui présentent un retard de croissance (c’est-à-dire qui n’atteindront jamais leur taille maximale) ne cesse de diminuer depuis vingt ans, passant de plus de 253 millions en 1990 à 167 millions en 2010. La baisse a été particulièrement spectaculaire en Asie. En Afrique, le pourcentage d’enfants présentant un retard de croissance a baissé, mais l’accroissement de la population fait que le nombre de personnes touchées a en réalité augmenté.

Au cours des cinq dernières années, il y a aussi eu une accumulation régulière des connaissances sur la façon de réduire la malnutrition. Cette nouvelle série de The Lancet entend aller plus loin que la série précédente en présentant une liste de dix interventions dont les effets s’appuient sur des preuves scientifiques.

L’étude recommande : l’iodation universelle du sel ; l’encouragement d’un allaitement exclusif au sein dès la naissance ; l’apport de suppléments en micronutriments à toutes les femmes enceintes ; des suppléments de calcium pour les femmes enceintes qui en ont besoin ; des suppléments en vitamine A pour les enfants âgés de six mois à cinq ans ; des suppléments de zinc pour les enfants âgés de un à cinq ans ; la sensibilisation à une alimentation complémentaire appropriée, doublée de suppléments si nécessaire ; la gestion efficace de la malnutrition aiguë modérée ; et la gestion efficace de la malnutrition aiguë sévère.

Selon les auteurs, si cet ensemble de mesures atteint une couverture de 90 pour cent dans les 34 pays qui présentent les plus forts taux de malnutrition, cela pourrait sauver près d’un million de vies par an pour un coût de 9,6 milliards de dollars.

L’auteur principal de l’article sur les interventions, Zulfiqar Bhutta, de l’Université Aga Khan au Pakistan, a déclaré : « Nous pensons que ces dix interventions spécifiques à la nutrition ont le pouvoir de sauver des vies. Le coût est abordable pour un monde qui dépense près de cent fois plus dans les conflits ».


Le Programme alimentaire mondial (PAM) a bien accueilli l’ensemble des mesures proposées. Sa directrice exécutive, Ertharin Cousin, a déclaré à IRIN. « Nous pensons que c’est très utile, c’est la reconnaissance que ces interventions changent les choses dans un domaine où le PAM a un avantage comparatif ; la distribution de micronutriments aux mères et aux enfants… De plus, nous avons annoncé un partenariat avec l’UNFPA [le Fonds des Nations Unies pour la population] qui consistera à faciliter l’accès à l’alimentation nutritive aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux adolescentes ».

Les interventions qui n’impliquent pas directement la nutrition ont aussi un rôle à jouer. La santé des adolescentes, leur niveau d’instruction et l’âge auquel elles se marient et commencent à avoir des enfants ; tout cela affecte l’état nutritionnel de leurs enfants. Des programmes agricoles ciblés peuvent améliorer la nutrition de l’enfant, de même que les programmes de sécurité sociale ou d’autre nature aident à réduire la pauvreté. Mais l’un des obstacles à l’amélioration de la nutrition de la mère et de l’enfant consiste à rassembler un grand nombre de disciplines et d’organismes différents.

Le besoin d’une volonté politique

Avoir une meilleure nutrition est désormais une cause plus médiatisée que par le passé. La flambée des prix alimentaires de 2008 a attiré l’attention sur ce problème, et le groupe d’experts des Nations Unies qui travaille sur les objectifs de développement post-2015 a recommandé d’inclure un objectif de nutrition à part entière.

Mais le rédacteur en chef de The Lancet, Richard Horton, a réclamé un débat sur la série : « Le groupe d’experts représente seulement un élément d’[une] série de processus politiques qui se dérouleront au cours des six à douze prochains mois. Pour cela, même si nous pouvons nous réjouir que la nutrition et la sécurité alimentaire soient présentes, nous devons rester vigilants sur la place qu’elles occuperont dans le processus politique ».

Pour renforcer les engagements pris sur le sujet, Lawrence Haddad, le directeur de l’Institut britannique des études pour le développement (Institute of Development Studies), a souligné la nécessité d’une action politique. « Vous ne voyez pas souvent les mots ‘politique’ et ‘malnutrition’ côte à côte… mais le développement international est politique, cela ne fait aucun doute. De plus, la malnutrition peut se révéler plus politique que d’autres problèmes, car elle implique que de nombreux acteurs différents unissent leurs forces et agissent de concert pour un objectif qu’aucun d’entre eux n’est capable d’atteindre seul. Cela demande beaucoup de coordination et de concordance dans les mesures d’encouragement… En outre, nous savons que la malnutrition est souvent invisible ».

M. Haddad affirme que la réduction de la malnutrition doit être le fruit d’actes délibérés. Les améliorations sur le plan nutritionnel tendent à être à la traine derrière la croissance économique, a-t-il dit, ce qui signifie que les gens doivent faire pression après de leurs dirigeants afin qu’ils respectent leurs engagements. « Encourageons les politiciens à agir », a-t-il déclaré.

eb/rz-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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