Au fil des décennies, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par : la révolte kurde de 1975 ; les atrocités commises contre les Kurdes pendant la campagne d’Anfal organisée par le régime de l’ancien président Saddam Hussein à la fin des années 1980 ; les politiques de relocalisation forcée des populations menées par M. Hussein, qui a essayé de renverser l’équilibre démographique au profit de la communauté sunnite dans certaines zones ; et la première guerre du Golfe en 1991.
Au cours des deux premières années de l’invasion menée par les États-Unis - entre 2003 et 2005 - 190 000 personnes supplémentaires ont été déplacées, selon les estimations fournies par les travailleurs humanitaires à l’époque. En 2006, l’Irak comptait environ 1,2 million de déplacés internes.
L’attaque de la mosquée de Samarra en 2006 a déclenché ce que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a qualifié à l’époque de plus important mouvement de population au Proche-Orient depuis 1948. Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Irak comptait alors environ 1,6 million de personnes déplacées et 2,2 millions d’Irakiens avaient trouvé refuge à l’étranger, essentiellement en Syrie et en Jordanie. Au plus fort du conflit civil, entre 2006 et 2007, près de cinq millions d’Irakiens ont fui leur résidence.
La situation actuelle
Selon le gouvernement, près d’un million d’Irakiens sont actuellement réfugiés dans les pays voisins, dont plus de 126 000 ont été enregistrés par le HCR.
Les chiffres étaient même plus élevés avant l’explosion du conflit syrien, qui a entraîné le retour (peut-être prématuré) de dizaines de milliers de réfugiés irakiens.
Selon les derniers chiffres fournis par le ministère du Déplacement et des Migrations, 1,1 million de personnes supplémentaires sont déplacées à l’intérieur du pays. Bon nombre d’entre elles vivent dans des campements aux allures de bidonville, sans politique gouvernementale claire pour préparer leur avenir.
Selon les estimations fournies par d’autres chercheurs, les chiffres seraient plus élevés.
« Peut-être trois millions de personnes, soit 10 pour cent de la population de l’Irak, sont encore déplacées – et ignorées », a écrit Elizabeth Ferris, co-directrice du Projet sur les déplacements internes mené par l’Institution Brookings et l’École d’économie de Londres (London School of Economics), le mois dernier.
Au cours de ces dernières années, les violences localisées le long de la frontière contestée entre l’Irak et la région autonome du Kurdistan, la sécheresse et la désertification ont forcé un petit nombre d’Irakiens à quitter leur domicile.
Cependant, au cours des deux dernières années, la cadence des retours des personnes déplacées s’est accélérée. Mais ces personnes rapatriées rencontrent souvent des difficultés à joindre les deux bouts. Selon une étude réalisée par le HCR à la fin de l’année 2010, 87 pour cent des rapatriés ne gagnaient pas suffisamment d’argent pour soutenir leur famille.
Les déplacements ont accentué les divisions religieuses dans une grande partie du pays.
« Aujourd’hui, les gouvernorats et les quartiers particulièrement touchés par les déplacements présentent une plus forte homogénéité ethnique ou religieuse qu’avant », a écrit le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC) en 2010.
Pour d’autres indicateurs du développement, consultez la série d’IRIN : L’Irak, 10 ans après.
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