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L’aide humanitaire arrive à Anbar, mais les besoins sont toujours plus nombreux

A UN flight takes aid workers from Baghdad to Erbil in Iraq Heba Aly/IRIN
Plus de 70 personnes ont trouvé la mort et 260 autres ont été blessées dans les combats entre les activistes islamistes, les groupes communautaires et les forces gouvernementales qui ont fait rage trois semaines durant dans la province d’Anbar, dans l’ouest de l’Irak.

Selon les Nations Unies, jusqu’à 70 000 personnes ont été déplacées depuis que les violences ont éclaté au début de l’année, mais c’est « certainement une sous-estimation » d’après un rapport de situation publié le 18 janvier.

D’après ce nouveau rapport des Nations Unies, la pénurie de carburant s’aggrave et les prix alimentaires augmentent. Les centres de soins de santé sont débordés par le nombre croissant de blessés et le manque de personnel, et se retrouvent rapidement à court de médicaments.

« La capacité à répondre convenablement et rapidement aux besoins croissants est dépassée par l’ampleur de la tâche », a déclaré dans un rapport Syed Jaffar Hussain, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il a déclaré : « Le gouvernorat d’Anbar a connu une flambée de violences au cours des dernières semaines et, à cause du conflit armé, les besoins médicaux sont accrus, non seulement pour les populations déplacées, mais aussi pour les communautés d’accueil, où les rares centres de soins de santé qui fonctionnent encore ne sont plus en mesure de réaliser des opérations vitales ».

« Il y a un nombre croissant de patients qui souffrent de blessures pouvant causer des lésions irréversibles si elles ne sont pas soignées,», a ajouté M. Hussain.

L’armée, appuyée par des hélicoptères, aurait procédé à des bombardements intensifs, notamment dans les villes de Ramadi et Falloujah, mais également dans les villages avoisinants. Des postes de police ont été attaqués, des prisonniers ont été libérés et des bâtiments administratifs ont été incendiés.

Acheminement de l’aide

Une évaluation des besoins humanitaires est en cours pour établir précisément le nombre, la position et les besoins des familles déplacées qui sont éparpillées dans la province d’Anbar, la plus vaste d’Irak et dans les provinces voisines : Salah Ad Dinn, Karbala, Bagdad et Najaf.

Sur les 70 000 personnes déplacées, 14 000 se seraient réfugiées dans la région semi-autonome du Kurdistan, dans le nord du pays, ce qui pose un problème épineux au gouvernement régional du Kurdistan (KRG) qui accueille déjà quelque 200 000 réfugiés syriens.

Un rapport d’évaluation détaillé de la situation doit être remis au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) dans les prochains jours ; des fonds supplémentaires pourraient être alloués pour couvrir le coût de la réponse humanitaire.

Les responsables de la santé craignent que les combats ne perturbent le déroulement d’une prochaine campagne de vaccination contre la poliomyélite. L’inquiétude est grande du fait de la longue frontière poreuse que partage la province avec la Syrie, où le virus a récemment été identifié pour la première fois depuis 1999.

Fabio Forgione, chef de la mission Médecins Sans Frontières (MSF) en Irak qui aide les hôpitaux à Kirkouk et Hawija, au nord d’Anbar, a déclaré que l’évolution de la situation dans le nord était inquiétante.

« MSF n’a pas aujourd’hui d’équipes présentes dans la province d’Anbar, mais nous suivons de près l’évolution de la situation et ses éventuelles conséquences sanitaires », a-t-il déclaré à IRIN.

Rashid Hasan, délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a participé à la distribution de l’aide humanitaire aux populations déplacées à Tikrit, dans la province de Salah Ad Dinn, a déclaré : « La population a énormément de mal à supporter le froid, car elle manque de couvertures, de matelas et de nourriture… Nous avons rencontré un groupe d’environ 65 personnes, dont un grand nombre d’enfants, tous entassés dans une maison de quatre pièces ».

Les violences, qui ont éclaté brusquement et engendré des déplacements, et le caractère imprévisible de la situation sécuritaire entravent la réponse humanitaire, même si les Nations Unies ont signalé que la population commençait à recevoir des matériels de secours.

La semaine dernière, l’OMS a envoyé trois trousses de secours, chacune pouvant servir à réaliser 100 interventions chirurgicales, aux hôpitaux de Falloujah et de Ramadi. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a distribué aux familles réfugiées dans les mosquées et les écoles, des couvertures, des bâches de plastique, des équipements de cuisine et des matelas.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) dit avoir envoyé 130,2 tonnes métriques de colis alimentaires et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a distribué des biscuits hyper protéinés, mais également du matériel sanitaire tel que des seaux, des kits d’hygiène, des pastilles de purification de l’eau et du matériel de désinfection.

Pourtant, même si l’aide commence à affluer, le dernier rapport de situation des Nations Unies fait état d’une situation sécuritaire « instable et incontrôlable » qui « change rapidement sur les fronts », ce qui continue de rendre l’accès « difficile et précaire ».

« [La] situation sécuritaire à Anbar demeure instable, car la province reste une zone de combat dangereuse », d’après le rapport. Des routes sont bloquées et le pont qui relie Falloujah à Bagdad a été détruit. La région d’Al Saqlawiyah est « en état de siège et les couloirs humanitaires sont soit fermés, soit considérablement restreints ».

Victimes civiles

Au début du mois, l’organisation Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York, a publié un rapport accusant le gouvernement de « bombarder aveuglément les civils » et de limiter les approvisionnements en eau, en nourriture et en carburant dans les villes où les activistes sont présents.

Le chef de la délégation du CICR en Irak, Patrick Youssef, s’est joint aux Nations Unies pour exhorter les personnes impliquées dans le conflit à « épargner et protéger les civils, et à permettre au personnel médical de mener ses missions de sauvetage en toute sécurité ».

La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations Unies a publié une déclaration dans laquelle il « condamne avec la plus grande fermeté les événements récents dans les villes de Falloujah et Ramadi de la province d’Anbar ».

« Le Conseil de sécurité exprime son inquiétude quant à l’impact des violences sur les civils. Il encourage la circulation en toute sécurité des civils pris au piège dans les zones de conflit, ainsi que le retour des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays si les conditions le permettent ».

Cette nouvelle flambée de violences à Anbar - épicentre de l’insurrection de 2003 en réaction à l’occupation américaine - a été déclenchée par l’arrestation de politiciens musulmans sunnites et la fermeture par le gouvernement actuel, à majorité chiite, d’un camp de protestataires sunnites à Ramadi.

Ces évènements ont attisé les tensions intercommunautaires à Anbar, qui est l’une des rares provinces à majorité sunnite de l’Irak. La situation a encore empiré avec la participation des activistes djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), proches d’Al-Qaida, qui se battent actuellement de l’autre côté de la frontière, où la guerre civile syrienne continue.

Les médias ont récemment rapporté que des troupes gouvernementales lourdement armées avaient lancé plusieurs attaques afin de reprendre le contrôle des zones revendiquées par des membres de groupes comme l’EIIL.

L’année dernière, les Nations Unies ont rapporté que 7 818 civils et 1 050 membres des forces de sécurité étaient morts dans des attentats à la bombe ou des attaques armées, soit le taux le plus élevé depuis cinq ans.

Selon Iraq Body Count (IBC), un groupe de recherche britannique indépendant recensant les morts civiles dues à la guerre d’Irak, déjà 698 personnes seraient mortes depuis le début de l’année 2014.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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