« Nous prions les observateurs internationaux de venir témoigner de ce qui se passe vraiment, afin de faire cesser la violence et les agressions contre des civils innocents », a dit à IRIN Mohammad Nawsim, secrétaire de l’association de défense des droits des Rohingyas, basée à Bangkok.
Les Rohingyas,une minorité musulmane de 800 000 personnes non reconnue par le gouvernement birman, sont persécutés et victimes de discrimination depuis longtemps au Myanmar.
M. Nawsim a lancé cet appel une semaine après de violents affrontements qui ont éclaté pour la deuxième fois en moins de cinq mois entre les musulmans de l’ethnie rohingya et l’ethnie rakhine (majoritairement bouddhiste) dans huit communes rakhines (Kyaukpyu, Kyauktaw, Minbya, Mrauk-U, Myebon, Pauktaw, Ramree et Rathedaung), le 21 octobre.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 28 000 habitants ont été déplacés, plus de 46 000 maisons et édifices religieux ont été détruits et au moins 76 personnes ont été tuées.
Selon l’OCHA, ces chiffres ne tiennent pas compte des milliers de personnes qui ont fui par la mer, ni de celles qui sont arrivées à Sittwe (la capitale de l’État de Rakhine) depuis le 21 octobre.
100 000 PDIP dans les camps
Près de 75 000 personnes, majoritairement des Rohingyas, ont été déplacées à la suite d’une flambée de violence interethnique qui a éclaté en juin, après que des jeunes musulmans ont été accusés du viol d’une femme rakhine en mai. La plupart de ces personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) sont entassées dans neuf camps surpeuplés de Sittwe.
Les derniers troubles ont porté le nombre de déplacés réfugiés dans les camps de l’État de Rakhine à plus de 100 000. Cela représente une pression supplémentaire sur l’aide soutenue du gouvernement, des Nations Unies et de leurs partenaires sur le terrain.
Selon les Nations Unies, qui rencontrent des difficultés à atteindre toutes les personnes dans le besoin, il est essentiel d’agir à temps et d’avoir librement accès à toutes ces personnes afin de leur apporter une assistance vitale.
« Il faudrait commencer par avoir un accès international illimité et sans interruption », a dit Phil Robertson, directeur adjoint d’Human Rights Watch (HRW) Asie. Cela passerait notamment par la présence d’un bureau d’observation des droits de l’homme des Nations Unies dans le pays. « C’est une question de premier plan qu’il est essentiel de traiter. »
Le 27 octobre, HRW a publié une image satellite montrant l’ampleur des destructions de maisons et autres propriétés dans une zone à majorité rohingya de la ville côtière de Kyauk Pyu. Il s’agit d’une zone où de nouvelles violences ont éclaté, faisant de nombreux déplacés, et d’où part un important gazoduc transportant du gaz birman vers la Chine.
Photo: David Swanson/IRIN |
Un groupe de Rohingyas manifeste devant l’édifice des Nations Unies à Bangkok, le 29 octobre |
« Aucune poursuite n’a réellement été engagée à l’encontre des instigateurs de cette haine et de cette violence », a dit Chris Lewa, directeur du projet Arakan, une organisation de défense des Rohingyas.
Une stabilité fragile
Entre-temps, selon les médias nationaux, le renforcement des forces de sécurité a ramené un calme précaire dans les rues des villes et villages de l’État de Rakhine touchés par les troubles.
Le quotidien d’État New Light of Myanmar a annoncé que la région était « sous contrôle ».
Selon les autorités, 5 000 policiers et 1 000 agents de sécurité aux frontières ont été déployés. L’armée birmane compterait en outre 10 000 soldats dans la région.
M. Lewa a cependant remarqué que même pendant l’actuel état d’urgence, les moines étaient autorisés à manifester et avaient incité à la haine en demandant, pas plus tard que la semaine dernière, l’expulsion des musulmans.
« Les personnes au pouvoir, les autorités, doivent déclarer haut et fort qu’elles ne toléreront plus cela », a dit M. Lewa.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar dit plus tôt que la communauté internationale devait s’assurer que « les droits de l’homme restent la priorité dans ses engagements avec le Myanmar pendant cette période de transition ».
L’année passée, les États-Unis, l’Union européenne, l’Australie et d’autres pays ont allégé leurs sanctions à l’encontre de cet ancien État paria.
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