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Les fermes d'insectes en difficulté

Lunchtime cricket FAO
Lunchtime cricket
La promotion de la consommation des insectes comestibles au Laos pourrait contribuer à l'amélioration des régimes alimentaires pauvres en protéines, indiquent des experts de la santé travaillant à l'élaboration de normes sanitaires régionales pour la production, la récolte et la consommation d'insectes.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui travaille en collaboration avec le ministère laotien de la Santé, a lancé un « projet des insectes comestibles » au Laos en 2010 avec un budget de deux ans d'un montant de 475 000 dollars afin de dynamiser la production et l'élevage d'insectes pour la consommation.

Le projet, qui devrait prendre fin en avril 2013, a pour objectif de fournir aux ménages pauvres un complément alimentaire riche en protéines, abordable et culturellement acceptable. Dans le cadre de ce projet, 120 fermiers ont été formés à l'élevage des criquets, des fourmis tisseuses et des charançons (des insectes comestibles couramment consommés au Laos), ainsi que des ténébrions meuniers auparavant réservés à l'alimentation animale, mais que la FAO souhaite aujourd'hui introduire dans l'alimentation humaine.

Les fermiers pratiquent le semi-élevage des fourmis tisserandes, qui vivent dans les arbres, avant de leur donner une alimentation complémentaire ; les autres insectes sont élevés dans des récipients spéciaux à l'Université Nationale du Laos, située dans la capitale Vientiane.

Manque de données

Vansilalom Viengxay, directrice de la Division des aliments et des contrôles rattachée au ministère de la Santé, a indiqué que la collecte des données posait problème. « Le ministère de la Santé dispose de très peu d'informations sur le projet insectes comestibles, car la FAO est à l'origine du projet sur les insectes comestibles et est l'organe compétent pour ce projet ».

Si les représentants du Ministère disposent de suffisamment d'informations sur les insectes comestibles (des informations obtenues grâce au projet mené au niveau national ou à d'autres projets sur les insectes comestibles menés au niveau international), ils pourront les présenter lors de la session du Comité de coordination de la FAO et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Asie (CCASIA), qui se tiendra à Tokyo du 5 au 9 novembre 2012. Le Comité recommande aux deux agences des Nations Unies de mettre en ouvre des normes internationales relatives aux « produits présentant un intérêt pour la région » et qui pourraient être proposés sur le marché mondial.

Peu de données ont été collectées sur les insectes comestibles au Laos, a indiqué Purushottam Mudbhary, représentant de la FAO au Laos. « Il n'y a pas encore de codex alimentarius [normes alimentaires internationales] pour les insectes, et le problème est qu'il n'y a pas suffisamment de données sur le commerce des insectes, car il s'agit d'un commerce principalement informel ».

Riches en protéines

Des études réalisées par la FAO ont conclu que les insectes représentent une source alimentaire riche en protéines idéale pour les humains, les poulets et les poissons, a dit Paul Vantomme, officier forestier de la Division des produits forestiers du Département des forêts de la FAO à Rome.

Dans 100 grammes de sauterelles, il y a environ 20 grammes de protéines, soit sept grammes de protéines de moins que dans une portion de bouf de 100 grammes, et dans 100 grammes de grillons, il y a quatre fois plus de protéines que dans 100 grammes de poulet, selon la FAO.

D'après les derniers chiffres recueillis par le gouvernement en 2009, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans et 56 pour cent des femmes enceintes vivant au Laos souffraient d'anémie (généralement causée par une carence en fer) : le Fonds des Nations Unies pour l'enfance a parlé d'« urgence de santé publique » importante.

La valeur nutritionnelle des insectes varie en fonction « des insectes consommés, de la manière dont les insectes sont préparés et des besoins quotidiens des individus selon leur taille et leur âge », a indiqué Patrick Durst du Bureau régional de la FAO pour l'Asie et le Pacifique basé à Bangkok.

En Asie, les insectes ne représentent qu'une source alternative de protéines (contrairement au poulet, au poisson ou au tofu), généralement un encas, a-t-il ajouté.

Les oufs de fourmis tisserandes, les grillons, les sauterelles et les cigales sont les insectes les plus fréquemment consommés au Laos, selon la FAO. Dans une étude nationale de 2010 réalisée par l'Institut de la francophonie pour la médecine tropicale de Vientiane, 95 pour cent des Laotiens interrogés ont indiqué avoir consommé des insectes récoltés dans la nature et environ 87 pour cent ont indiqué qu'ils mangeraient davantage d'insectes s'ils étaient plus facilement disponibles.

Prochaines étapes

Le gouvernement laotien ne prévoit pas de poursuivre le projet lorsque le financement de la FAO prendra fin, a dit à IRIN Somchit Akkhavon, directeur général adjoint du département de l'Hygiène et de la Prévention du ministère de la Santé et directeur du projet des insectes comestibles.

« Les insectes comestibles ne sont pas une priorité pour le ministère de la Santé ou le ministère de l'Agriculture. Il est important de préserver les connaissances et la tradition, mais le projet ne devrait pas être poursuivi. Quelques fermes [d'insectes] pourraient continuer leurs activités selon leurs propres conditions, tandis que d'autres pourraient fermer leurs portes lorsqu'elles ne recevront plus de financements ».

Alors que l'intérêt pour les projets liés aux insectes et les fonds qui leur sont alloués diminuent, l'intérêt des universitaires étrangers pour l'entomophagie (la consommation d'insectes) s'accroît. Un groupe de biologistes de l'Imperial College de Londres ont récemment formé un groupe baptisé « Bugsforlife » « pour comprendre le potentiel des insectes comestibles en tant que solution à la malnutrition respectueuse de l'environnement dans les régions pauvres », a écrit Mariangela Veronesi, l'un de ses membres.

Le groupe a récemment recueilli des fonds pour travailler avec la communauté Wama du Bénin en Afrique de l'Ouest « et comprendre comment ils récoltent, vendent, préparent et consomment des insectes . De plus, afin d'éviter le risque de surexploitation des stocks naturels d'insectes consommables dans le cas d'une expansion de cette pratique, nous élaborerons des méthodes d'élevage des insectes qui peuvent être appliquées localement et dans d'autres communautés ».

fm/pt/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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