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La violence ralentit l’action humanitaire en Ituri

Freddy Bosomba, Commissioner of Ituri District, in northeast Democratic Republic of Congo Richard Pituwa/IRIN
Les tensions tribales montent en Ituri, dans le nord-est de la RDC, compromettant la distribution de l’aide humanitaire destinée à plus de 100 000 personnes, selon les officiels de la région.

13 personnes ont été tuées ces dernières semaines selon la société civile.

On estime à plus de 60 000 le nombre de victimes – en majorité civiles – du conflit de l’Ituri de 1998 à 2003, au cours duquel des groupes armés à allégeance ethnique se disputaient le contrôle du pouvoir et des ressources, notamment des gisements d’or.

Un rapport de la société civile locale indique que le 27 juillet, 5 corps décomposés d’individus de la communauté Hema ont été retrouvés à Kapuru, une localité au bord du lac Albert, dans une zone sous le contrôle des miliciens du Front de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI), à une centaine de kilomètres au sud de Bunia, principale ville de l’Ituri.

« Les rebelles les ont pris alors qu’ils se rendaient en Ouganda. Ils étaient 6 [victimes]. Ils leur ont demandé de l’argent. Ils ont répondu qu’ils allaient voir un malade » raconte le frère d’une des victimes.

« Les rebelles ont dit : « Vous autres, vous avez refusé de rejoindre notre groupe. Nous allons vous tuer ». Ils les ont fusillés … leurs motos extorquées. L’un d’eux s’est échappé après que les rebelles lui ont coupé la main à la machette » ajoute-t-il.

« Nous nous sentons visés, nous la communauté Hema. Le FRPI ne nous laisse pas la liberté de vaquer à notre occupation comme on veut : nos routes sont barricadées, nos terrains sont spoliés… Les gens ont été massacrés sous le nez des FARDC. Nous nous sentons en insécurité » a déclaré Aliegera Kwonke, porte parole de la communauté Hema-sud.

Quelques jours après la découverte des corps, un membre de la communauté Ngity a disparu dans la même zone, provoquant des manifestations de jeunes brandissant machettes et armes blanches dans les villages de Nyamavi et Soni.

Le 2 août, la population de Ndimo, 160 km au sud-ouest de Bunia, a barricadé la route conduisant vers le Nord-Kivu, disposant en plein air les corps de cinq civils abattus par des hommes armés non-identifiés.

« Nous demandons à nos frères ituriens de songer à la vie des autres, de ne pas mordre à l’hameçon de ces ennemis de la paix. », a dit Ignace Bingi, président des leaders de la Communauté des Confessions Religieuses en Ituri (CCRI).

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA), 11 projets humanitaires dans le sud de l’Ituri fournissant abri, eau, assainissement, protection civile et sécurité alimentaire restent affectés au sud du district.

« Les humanitaires ont peur de prendre la route car chaque jour quelque chose se passe. Même le stock de médicaments doit être caché par crainte de pillage, ou par peur d’être associé à tel ou tel groupe » a dit Francesca Fraccaroli, chef de bureau OCHA dans la province orientale.

Congolese government troops patrol on Lake Albert
Photo: Richard Pituwa/IRIN
Patrouille sur le lac Albert
En juillet, deux des territoires d’Ituri – Mambasa and Irumu – étaient considérés en situation de « crise humanitaire et insécurité alimentaire sévère » après l’analyse de données sur la consommation de nourriture des foyers, les moyens de subsistance, la nutrition et la mortalité.

Échec des pourparlers

En avril, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO), a offert son appui à l’armée nationale (Forces Armées de la RDC, FARDC) pour neutraliser le FRPI, mais le gouvernement a privilégié les pourparlers avec le groupe, a dit Bill Tchagbele, porte-parole de la MONUSCO en Ituri.

Des discussions informelles se sont tenues en mai, mais un accord atteint les mois suivants cantonnant les combattants à leurs bases a échoué le 9 juillet en raison d’affrontements le 9 juillet entre les forces gouvernementales et les FRPI à Koga, une centaine de kilomètres au sud de Bunia, au bord du lac Albert.

« La population est restée comme prise en otage. La situation est devenue plus compliquée avec la guerre à l’est de la RDC. Les FARDC se sont déployées au Kivu, les rebelles ont repris les espaces qu’ils occupaient » a dit Tchagbele.

La MONUSCO, forte de 4000 casques bleus au nord-est de la RDC, vient de déployer de nouvelles bases temporaires au sud de Bunia, à Kasenyi, Kabona et Kagaba, des zones à accès difficiles où rebelles et milices opèrent souvent.

« De toute façon, nous ne pouvons pas mettre un militaire derrière chaque civil pour le protéger contre un milicien ou un rebelle » a admis Tchagbele.

Selon le général Dieudonné Amuli, État-major des FARDC, le leader du FRPI Cobra Matata vient d’accepter de regrouper ses combattants sur trois sites, identifiés à Gety, Kagaba et Aveba – respectivement à 50, 75 et 90 km au sud de Bunia. Mais jusqu’à aujourd’hui [20 août], aucun désarmement n’a commencé.

Les groupes armés ont généralement attribué à l’armée la responsabilité de l’échec des négociations.

« Comment peut-on avoir foi en des négociations et dialogues alors que la FRPI ainsi que la COGAI (Coalition des Groupes Armés de l’Ituri) reçoivent des provocations, des attaques et des accusations mensongères contre nous ? » a dit le colonel Jean Eneko, le porte parole de la COGAI, joint au téléphone par IRIN.

Eneko nie être responsable des morts dans la zone sous leur contrôle.

« C’est une manipulation des gens à Bunia qui reçoivent les ordres de Kinshasa, des signes qui retardent les négociations. Ça nous pousse à faire des menaces comme celle de marcher sur Bunia » a-t-il ajouté.

Liens avec le M23

« Il n’y aura pas de guerre. On ne va pas leur laisser les routes. Ça ne leur a pas suffit de tuer avant ? On a beaucoup enterré, faut-il encore tuer ? Non, nous allons les contrer » a dit Freddy Bosomba, le commissaire de district de l’Ituri.

« Il y a certaines personnes qui sont en relations avec les rebelles du M23 ici en Ituri. Nous avons des infiltrés, ils veulent préparer la guerre. Mais la population doit les dénoncer » a confirmé Bosomba aux chefs de quartiers et leaders des communautés de base de l’Ituri, convoqués d’urgence à Bunia, ce mercredi 08 août.

En mi-juillet, les FARDC ont arrêté un de leurs colonels soupçonné de recruter des miliciens pour le compte du M23 à Bunia.

L’homme ayant mené la mutinerie au sein du M23, Bosco Ntaganda, était auparavant le député chef d’un groupe rebelle ituri opposé au FRPI, l’Union des patriotes congolais (UPC).

En juillet 2012, l’ancien leader d l’UPC Thomas Lubanga a été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) à 14 ans de prison pour avoir recruté des enfants-soldats. Ntaganda est le sujet d’accusations similaires par la cour mais est toujours en cavale.

Le fondateur du FRPI, Germain Katanga, est actuellement en procès à la CPI.

*Plus tôt dans l’année, Cobra Matata du FRPI a forgé une alliance avec trois autres groupes résiduels de miliciens en Ituri pour former la Coalition des groupes armés de l’Ituri (COGAI) : le Front populaire pour le développement durable de l’Ituri (dirigé par Eneko Kila), la Force armée pour la révoultion (mené par un certain « Kabuli ») et les Forces armées d’intégration de l’Ituri (dirigé par Charité Semire). Collectivement, ces groupes demandent une amnistie du gouvernement pour tous leurs miliciens, et que le district de l’Ituri soit reconnu comme une province à part entière de la RDC.

rp/am/rz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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