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La vie en marge de Dadaab

A mother showing her token in Kambioos, Dadaab Moulid Hujale/IRIN
Dans le plus grand complexe de réfugiés du monde, à l’est du Kenya, la vie des nouveaux arrivants est particulièrement difficile.

En octobre 2011, alors que des milliers de personnes fuyaient la famine et le conflit qui faisaient rage en Somalie, les autorités kényanes ont suspendu l’enregistrement des réfugiés à leur arrivée à Dadaab, alléguant la détérioration des conditions de sécurité. Depuis, quelque 4 500 Somaliens ont rejoint le complexe.

« Nous avons accès à des rations alimentaires, mais ce que nous recevons n’est jamais suffisant et, parfois, nous n’avons rien du tout », a dit à IRIN Saney Farah, une demandeuse d’asile de 39 ans arrivée au camp d’Ifo, à Dadaab, il y a environ trois mois, et qui n’a pas été enregistrée. « Dans les quatre premières semaines après mon arrivée, je n’ai reçu aucune nourriture. Quand j’allais au centre de distribution, on me disait que le numéro de série de mon bon n’était pas dans la liste. »

Lorsque de nouveaux réfugiés arrivent à Dadaab, ils s’installent avec d’autres en périphérie du complexe. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) relève alors leurs informations personnelles et leur fournit une carte provisoire qui leur permet d’obtenir des rations alimentaires et des soins de santé. La carte de rationnement n’est délivrée qu’après enregistrement auprès du département kényan des affaires relatives aux réfugiés. Elle donne droit à un abri et à d’autres formes d’aide.

Ceux qui n'ont pas de carte provisoire, comme Kadija Aden, une mère de quatre enfants, rencontrent d’importants problèmes. « Je n’aurais jamais pensé que ce serait aussi difficile ici, à Dadaab. Nous sommes pris entre un soleil brûlant et une pluie torrentielle, dans des tentes qui ne protègent ni de l’un, ni de l’autre », s’est lamenté Kadija, qui habite dans le camp annexe de Kambioos.

« J’ai le sentiment d’être moins importante parce que je ne suis pas dûment enregistrée et je m’inquiète pour l’avenir de mes enfants. »

Les demandeurs d’asile qui, comme Kadija, ne sont pas enregistrés passent souvent à côté de services essentiels comme la vaccination, car ils sont mêlés aux autres réfugiés du complexe.

Emmanuel Nyabera, porte-parole du HCR au Kenya, s’est prononcé sur la reprise des enregistrements : « Le commissaire aux affaires des réfugiés a indiqué il y a environ deux semaines que les enregistrements recommenceraient bientôt, mais aucune date n’a encore été fixée. »

Refoulement

Dans un rapport publié en mars, Human Rights Watch (HRW) a exhorté le gouvernement kényan à rouvrir les centres d’accueil de réfugiés de la ville frontalière de Liboi, qui avaient été fermés en 2007. Cela permettrait de contrôler les nouveaux arrivants pour des questions de sécurité et de s’assurer qu’ils sont conduits sans danger à Dadaab, plutôt que de suspendre les enregistrements ou d’inciter les réfugiés à retourner en Somalie.

Le gouvernement a appelé au retour des réfugiés somaliens dans les régions de la Somalie qui sont sous le contrôle des forces de défense kényanes, citant des raisons sécuritaires et environnementales, a indiqué le rapport du HCR, qui estimait que la Somalie était toujours trop dangereuse pour un tel retour.

Depuis octobre 2011, l’armée kényane intervient en Somalie contre des militants d’Al-Shabab accusés d’attaques transfrontalières et d’enlèvements, ainsi que d’attentats à l’explosif à Dadaab.

Prévu au départ pour 90 000 personnes, le complexe de Dadaab abrite aujourd’hui plus de 463 000 réfugiés. Selon le HCR, les principales difficultés sont le surpeuplement chronique, le risque de maladies et les inondations saisonnières.

Attentats à Dadaab

Dans un rapport publié au mois de mars, le Centre d’études stratégiques et internationales note que ce n’est pas seulement le nombre élevé de réfugiés qui pèse sur le complexe, mais aussi l’intervention du Kenya en Somalie, qui a entraîné une forte augmentation des attentats perpétrés par des sympathisants d’Al-Shabab à Dadaab, provoquant à leur tour une réaction musclée de la police kényane qui, selon de nombreux témoignages, aurait commis des abus.

« L’insécurité freine les actions des organisations non gouvernementales (ONG) dans le complexe et limite l’aide aux services d’urgence. La violence sexuelle est devenue endémique et les abus et l’inaction de la police sont devenus monnaie courante et provoquent le mécontentement des réfugiés », indiquait le rapport, qui appelait à une réponse coordonnée du HCR, du gouvernement kényan et de la communauté internationale « afin d’éviter que cette colère latente ne donne lieu à une explosion de violence meurtrière ».

« La frustration des réfugiés et leur crainte face à la présence de forces de police abusives pourraient conduire à une radicalisation de la population du camp, ce qui aurait des conséquences néfastes pour les réfugiés comme pour les Kényans », ajoutait le rapport.

mh/aw/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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