Mais quand il est venu en janvier, il ne restait rien de sa maison de deux étages et la ferme où il produisait des pastèques, unique source de revenus de la famille, était dévastée.
« Jamais je n’aurais imaginé trouver notre maison dans cet état. Elle est presque complètement détruite et notre mobilier a été pillé, » a dit M. al-Hasani à IRIN. « Notre ferme à pastèques est jonchée de cartouches vides et d’engins non explosés. »
M. al-Hasani est l’un des 2 500 déplacés internes (PDI) à être retournés dans la province d’Abyan à la mi-janvier pour jeter un oeil sur leur propriété et leurs biens.
Après cette visite, les PDI sont revenus à Aden où ils ont trouvé refuge en mai 2011, après les affrontements entre les troupes gouvernementales et les militants islamiques armés (principalement Ansar al-Sharia, une branche d’al-Qaïda dans la Péninsule Arabique).
Selon le comité exécutif du gouvernement pour la gestion des camps de PDI, on compte plus de 144 000 personnes déplacées dans le sud du Yémen depuis mai 2011.
Des sources locales ont indiqué à IRIN que les groupes islamiques armés ont autorisé les PDI à accéder à Zinjibar, le principal bastion militant, et à d’autres zones voisines.
« Nous avons été chaleureusement reçus par les militants, une attitude que nous n’avons jamais rencontrée auparavant, » a remarqué Abdulkhaliq Abu Omar, un enseignant dans le secondaire âgé d’une trentaine d’années. « Nous craignons que ce soit juste une manière de nous séduire pour nous faire revenir, puis nous utiliser comme boucliers humains, » a t-il dit à IRIN.
Selon les PDI, les militants armés et l’armée se partagent le pouvoir à Zinjibar et dans certains coins, les deux camps opposés ne sont qu’à quelques mètres l’un de l’autre, ce qui rend d’autres affrontements assez probables.
Nadheer Kandah, un journaliste local qui a accompagné les PDI durant leur voyage dans la province d’Abyan, a décrit Zanjibar comme une ville-fantôme, où tous les magasins sont fermés et où il n’y a plus ni eau ni électricité.
« Un certain nombres de rues et de quartiers sont interdits à cause des mines anti-personnel, » a t-il indiqué.
Peu de chances d’obtenir une compensation
« Notre maison est une ruine… Notre épicerie [la seule source de revenus de la famille] a été incendiée… De quoi vivrons-nous ni nous rentrons ? » demande Ali Saif, un déplacé de 35 ans qui a trouvé refuge avec sa famille de huit personnes dans l’école du 22 mai à Aden.
« Nous ne retournerons pas si nos maisons ne sont pas reconstruites, si nous ne recevons pas de compensation pour la perte de nos moyens de subsistance et si la sécurité n’est pas restaurée… C’est trop tôt pour nous pour songer au retour. »
Edward Leposky, responsable des relations externes à l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a dit à IRIN qu’il n’y avait pas eu d’évaluation des dangers des mines et autres engins non explosés dans la région d’Abyan. L’Agence, a t-il ajouté, surveille l’évolution de la situation et continue de faire campagne pour obtenir des améliorations sur le terrain, afin de garantir que le retour se fasse sans danger.
D’après Ghassan Faraj, secrétaire général du conseil local de Zinjibar, la destruction des maisons et des biens est terrible. « Les dégâts n’ont pas encore été évalués, mais on peut dire que plusieurs centaines de maisons et de fermes ont été endommagées ou détruites, en particulier dans les villes de Janzibar et de Jaar, » a t’il indiqué.
« Le gouvernement n’a pas accordé de compensation aux réfugiés de Saada déplacés depuis 2004 [suite aux combats entre les forces gouvernementales et les rebelles Houthi]. Nous avons donc du mal à imaginer qu’il le fasse dans la province d’Abyan pour encourager le retour des PDI, » a dit M. Faraj à IRIN.
Des élections présidentielles sont prévues au Yémen pour le 21 février ; elles font partie d’un accord négocié par les Etats du Golfe pour mettre fin à une année de troubles politiques qui ont fait des centaines de victimes.
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