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Les pillages entravent les efforts humanitaires à Mogadiscio

Women and children wait to receive a cooked meal at a food distribution organized by the WFP near the port in Mogadishu, Somalia Kate Holt/IRIN
Women and children wait to receive a cooked meal at a food distribution organized by the WFP near the port in Mogadishu, Somalia
Le pillage de l’aide humanitaire auquel des agents de sécurité locaux ou de l’État se livrent dans les centres de distribution de Mogadiscio entrave fortement les efforts déployés pour venir en aide à des centaines de milliers de personnes, dont bon nombre ont fui des régions somaliennes dans un état de famine, selon des responsables et des travailleurs humanitaires.

« Le pillage de l‘aide est un problème majeur, car il affecte tout particulièrement les familles les plus vulnérables de Mogadiscio, celles dont la survie dépend de l’aide humanitaire », a dit Marcel Stoessel, directeur du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) à Mogadiscio.

« Nous travaillons avec les autorités de Mogadiscio afin d’améliorer la situation sécuritaire dans la capitale. C’est la meilleure façon d’assurer la fourniture de l’aide humanitaire aux plus vulnérables en toute sécurité », a dit M. Stoessel. « De toute évidence, il nous reste beaucoup à faire ».

M. Stoessel n’a pas parlé des personnes responsables des pillages, mais le gouvernement a reconnu que ses agents étaient impliqués.

Plus tôt ce mois-ci, le président du Gouvernement fédéral de transition (TFG), Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, a promis que « les soldats et les milices armées » qui seraient reconnus responsables du vol de l’aide alimentaire seraient sévèrement punis.

Parmi les agents de sécurité déployés dans Mogadiscio figurent des soldats du TFG, des officiers de police mal payés et des miliciens placés sous l’autorité des commissaires de district de la ville. Après le retrait des insurgés d’Al-Shabab de Mogadiscio en août, ces groupes de miliciens ont gagné en importance.

Le porte-parole du TFG, Abdirahman Omar Yarisow, a dit à IRIN que le gouvernement était déterminé à s’attaquer au problème du vol de l’aide alimentaire.

« Nous avons pris des mesures exceptionnelles : par exemple, les personnes qui tentent de détourner l’aide alimentaire pour la piller seront traduites devant un tribunal militaire. C’est ainsi que deux commissaires de district viennent d’être condamnés à 10 et 15 ans de prison [respectivement] », a-t-il dit.

Il a reconnu que des personnes avaient été tuées et d’autres blessées lorsque les forces de sécurité avaient ouvert le feu à l’occasion de distributions de nourriture. « C’est inacceptable. Des enquêtes ont été ouvertes et les responsables seront sévèrement punis ».

Dix personnes auraient trouvé la mort lors de l’un de ces incidents. Au début du mois d’août, les troupes du TFG ont en effet ouvert le feu à la suite d’une bousculade consécutive à une distribution d’aide alimentaire dans la capitale.

Le pillage « devient monnaie courante et les pilleurs portent bien souvent l’uniforme des forces de sécurité gouvernementales », a dit Mohamed Ilmi, un militant des droits de l’homme de Mogadiscio.

M. Ilmi a dit que lors de l’un des incidents les plus récents [14 novembre], qui a eu lieu dans le camp de Tribunka où des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) sont accueillies, les forces gouvernementales qui étaient censées encadrer la distribution de l’aide avaient tiré sur la foule et forcé les gens à se mettre à l’abri, « elles se sont ensuite emparées de la nourriture ; par chance, il n’y a eu qu’un blessé ».

M. Ilmi a dit que des PDIP avaient été tuées lors de plusieurs incidents, « comme dans le camp de Badbaado il y a quelques jours, où au moins cinq personnes ont trouvé la mort ».

« Une vaste entreprise »

Il a dit que les attaques présentaient les caractéristiques d’une opération bien organisée. « Une fois qu’ils ont fait fuir les gens, les camions arrivent pour transporter la nourriture qui se retrouve immédiatement sur les marchés. On dirait presque qu’ils ont été embauchés pour le faire ».

D’après M. IImi, le pillage de l’aide destinée aux personnes déplacées devient une « vaste entreprise ».

« Le 14 novembre, Halima*, une PDIP, venait de recevoir ses rations de nourriture comme des centaines d’autres familles, lorsque des hommes armés ont commencé à tirer sur la foule, faisant fuir les PDIP. « Nous venions juste d’obtenir la nourriture et elle était toujours posée sur le sol quand ils ont ouvert le feu. Nous avons pris nos jambes à notre cou. Eux, ils ont ramassé les rations tranquillement et les ont mises dans les camions qui venaient d’arriver ».

Elle a dit que ce n’était pas la première fois qu’ils se faisaient voler leur nourriture. « Cela arrive et nous ne pouvons rien faire. Si nous nous plaignons, nous souffrirons encore plus ».

*Nom d’emprunt
Une source de la société civile, qui a demandé à garder l’anonymat, a dit à IRIN que le problème était lié au fait que le gouvernement ne contrôlait pas vraiment les « soi-disant forces de sécurité ». 

Cette source a indiqué que depuis le retrait d’Al Shabab, « de jeunes hommes portant des armes à feu traînent dans les rues. Personne ne sait qui ils sont ou qui les contrôle. 

« Tant que le gouvernement ne désarmera pas ces groupes de jeunes, la situation ne fera qu’empirer », selon cette source.

« Malheureusement, ils semblent déjà très occupés, mais s’ils n’améliorent pas la situation sécuritaire, les PDIP ne seront pas les seules à souffrir, nous souffrirons tous ».

Augmentation des viols

Selon M. Ilmi, les attaques ne se limitent pas au vol de nourriture. « Un climat de peur règne sur les camps, car des femmes ont été violées et, malheureusement, une fois de plus, les agresseurs portent bien souvent des uniformes », a-t-il dit.

M. Ilmi a indiqué que les viols étaient fréquents dans les camps de PDIP. « À ma connaissance, peu de violeurs ont été arrêtés ».

Il a fait part de ses inquiétudes concernant le manque d’informations exactes. « Les femmes ne disent pas qu’elles ont subi un viol, car elles ont peur d’être stigmatisées ou d’être à nouveau attaquées par les agresseurs », a dit M. Ilmi.

Il a indiqué que les travailleurs sociaux qui essayaient de rassembler des informations recevaient parfois des menaces ou étaient même victimes d’agressions. « Nous n’avons pas d’informations exactes, mais je suis sûr que les chiffres sont très élevés ».
La source issue de la société civile a dit à IRIN que le phénomène du viol n’était pas nouveau à Mogadiscio « mais qu’il était de plus en plus alarmant. Des cas de viols sont signalés dans presque tous les camps de Mogadiscio ».

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Mogadiscio compte environ 300 camps de PDIP.

ah/am/mw-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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