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Les eaux usées tuent

Clothes drying on the banks of the Ikopa River, the main water course in the Madagascan capital of Antananarivo Guy Oliver/IRIN
Clothes drying on the banks of the Ikopa River, the main water course in the Madagascan capital of Antananarivo
Près d’un tiers des 20 millions d’habitants que compte Madagascar n’ont pas accès à l’eau courante pour se laver et la majorité des deux tiers restants partagent des toilettes insalubres, selon un rapport publié par le Programme pour l’eau et l’assainissement (WSP) de la Banque mondiale en juillet 2011. Le risque de diarrhée et d’autres maladies est particulièrement important dans certains des quartiers les plus pauvres de la capitale Antananarivo.
« Il n’y a pas à proprement parler de traitement des déchets à Antanarivo pour l’instant », a dit à IRIN Sylvie Ramanantsoa, une représentante de Water and Sanitation for the Urban Poor (WSUP) à Madagascar, et les eaux usées se déversent en général dans la rivière Ikopa, la seconde plus importante du pays.

Le problème a été aggravé par le fait que la nappe phréatique de la ville se trouve environ un mètre au-dessous de la surface, ce qui fait du traitement des déchets un « problème de santé publique important », a-t-elle dit.

Un réseau de canaux, de collecteurs d’eaux pluviales et de chenaux qui sillonnent la ville est bouché par les détritus, ce qui provoque des inondations dans les zones de faible élévation pendant la saison des pluies, de mars à novembre.

En avril 2011, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a fait état d’une augmentation inquiétante du nombre de cas de peste pulmonaire – la maladie se propage par les puces des rongeurs et est liée aux mauvaises conditions d’hygiène – à Antananarivo et dans la ville de Talatavolonondry, située à 27 km au nord. A la fin mars, le ministère de la Santé a signalé plus de 310 cas de peste et 49 décès. En conséquence, l’UNICEF a mené une grande campagne de désinfection qui a atteint 28 000 familles vivant dans les zones les plus exposées de la capitale et des villes avoisinantes.

Dadou Andriambolanirina, employé de nettoyage et surveillance des toilettes à Antananarivo, a dit que le canal qui traverse son quartier d’Isotry, l’un des plus pauvres de la capitale était bouché cette année : une prolifération de rats a alors été constatée et trois cas de peste pulmonaire ont été recensés. M. Andriambolanirina partage une latrine à fosse avec 60 autres familles du quartier.

Nombre de gens n’ont pas les moyens de payer l’équivalent des cinq cents que M. Andriambolanirina demande pour l’utilisation d’une des 15 toilettes publiques construites ou réparées par l’Organisation non gouvernementale (ONG) Care International ; à proximité, le lac Anosy, qui est pittoresque quand on l’observe de loin, est utilisé comme les plus grandes toilettes de la capitale.

La pratique de la défécation à l’air libre se produit dans tous les espaces naturels ouverts d’Antananarivo, en particulier après le coucher du soleil, mais la situation du lac Anosy à proximité du centre-ville, qui compte peu de ces espaces naturels, implique qu’il est fréquemment utilisé par les personnes qui n’ont pas accès à des toilettes et qui n’ont pas les moyens d’utiliser des toilettes publiques.

Selon les ONG, près de 70 pour cent des toilettes de la capitale sont des latrines à fosse, si bien que « les maladies transmises par l’eau constituent une bombe à retardement pour la ville ». Le choléra est une de ces maladies.

« Une épidémie [de choléra] serait dévastatrice ici. En ce moment, dans les quartiers des zones de faible altitude que nous avons visités dans la région [aux alentours de la capitale], la plupart des gens ont la diarrhée au moins deux ou trois fois par mois, ce qui représente une attaque répétée des microorganismes pathogènes d’origine fécale sur les intestins », a dit Virginia Gardner, qui a conçu Loowatt, des toilettes sèches portables qui transforment les déjections en engrais.

Le rapport du WSP a indiqué que la mauvaise qualité de l’eau et la médiocrité des conditions sanitaires coûtaient quelque 100 millions de dollars par an au pays, soit un pour cent du produit intérieur brut, et qu’au moins 1,5 million de toilettes devraient être installées afin de répondre aux besoins en eau et installations sanitaires du pays.

Plus de 10 000 personnes, dont deux-tiers sont des enfants âgés de moins de cinq ans, meurent de la diarrhée chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui attribue 68 pour cent de ces cas à la mauvaise qualité de l’eau et des installations sanitaires.

Des points positifs

Un programme « argent contre travail » mis en œuvre avec le soutien de l’UNICEF dans la cité des 67 Hectares, l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville, a permis la construction de toilettes publiques pour 67 000 habitants et l’installation de 375 mètres de canalisations.

Avant le début des travaux d’assainissement, Solofo Nirina, responsable de la communauté locale, a dit : « Avant, les gens qui vivent de ce côté du canal ne pouvaient pas ouvrir leurs portes en raison des mauvaises odeurs … Le risque de contamination par les maladies était très élevé, parce que tous les déchets et déjections humaines étaient jetés ici ».

On espère également que la Fondation Bill & Melinda Gates apportera son soutien au projet de Loowatt de Mme Gardner afin qu’il soit mis en œuvre à Madagascar en 2012.

hm/go/ks/cb- mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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