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La « génération perdue » de Mogadiscio

A young man injured in the fighting in Mogadishu recovering at Medina hospital Yasmin Omar/IRIN
A young man injured in the fighting in Mogadishu recovering at Medina hospital
Pour la plupart des Somaliens, surtout ceux qui vivent dans la capitale, Mogadiscio, la guerre et le chômage font partie intégrante de la vie. Plus de la moitié de la population est née après le renversement du régime de Mohamed Siad Barre, en 1991, qui a plongé le pays dans l’anarchie.

« Ils n’ont rien connu d’autre que la guerre et la violence », a dit à IRIN Ahmed Dini, un activiste de la société civile qui défend les intérêts des enfants et des jeunes, le 24 mai.

« Ils n’ont jamais connu la stabilité ; ils ont été contraints de se déplacer à de multiples reprises et n’ont donc pas eu beaucoup d’occasions d’obtenir une éducation ou de gagner décemment leur vie », a ajouté M. Dini.

Ils ont développé trois façons de survivre dans un tel environnement, a conclu M. Dini. « Certains rejoignent les groupes de combattants ; d’autres trouvent du réconfort dans les drogues comme le khat et les narcotiques ; et d’autres encore entreprennent la périlleuse traversée vers l’Europe ou les États arabes du Golfe ».

Les affrontements entre les insurgés d’Al-Shabab et les forces gouvernementales soutenues par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) se poursuivent à Mogadiscio. Selon des sources locales, les combats se sont intensifiés au cours de la dernière semaine.

D’après les estimations des Nations Unies, au moins 2,4 millions de Somaliens ont besoin d’aide dans l’ensemble du pays. Ce chiffre comprend les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) qui vivent dans des zones contrôlées par Al-Shabab : 410 000 dans le corridor d’Afgoye, 15 200 dans le corridor de Balad (à 30 kilomètres au nord de Mogadiscio) et 55 000 à Dayniile, au nord-ouest de Mogadiscio.

Quelque 600 000 Somaliens se sont réfugiés dans les pays voisins.

D’après M. Dini, si le conflit n’est pas bientôt réglé, cette génération et les suivantes « seront perdues à jamais, s’il n’est pas déjà trop tard ».

Il a dit à IRIN : « Si nous ne trouvons pas une solution au problème des jeunes, les problèmes de la Somalie risquent de persister pendant les 20 années à venir ».

Des groupes de la société civile comme celui de M. Dini tentent d’aider les jeunes, mais, signale-t-il, « nos efforts sont comme une goutte d’eau dans l’océan. Les jeunes sont trop nombreux, ils ont trop de problèmes et nous n’avons pas beaucoup de ressources ».

Adolescence perdue

Abdi Ahmed, 19 ans, n’a jamais été à l’école ou fait quoi que ce soit comme un adolescent normal.

« Mon père a été assassiné quand j’avais sept ans ; ma mère n’avait pas les moyens de m’envoyer à l’école et de nous nourrir en même temps », a dit M. Ahmed à IRIN.

À 15 ans, M. Ahmed a occupé son premier emploi. Il faisait partie d’un groupe de bandits armés qui travaillaient pour un membre d’un clan. « J’ai tenu une arme à feu pour la première fois à 15 ans ; c’est la seule chose que je sais faire ».
M. Ahmed a failli mourir lorsque le véhicule blindé dans lequel il se trouvait a été pris dans une embuscade qui a fait trois morts parmi ses collègues. Il a été blessé, ainsi que deux autres personnes.

« J’ai pris cet emploi parce que c’était la seule chose que je pouvais faire », a-t-il dit. « Si d’autres occasions d’aider ma mère se présentent, je ne vais pas les laisser passer ».

M. Ahmed a perdu son emploi parce que l’homme pour qui il travaillait ne pouvait plus le payer. « Je ne sais pas ce qui m’attend, mais si je dois me fier à ma vie jusqu’à présent, je suis certain de reprendre les armes un jour ou l’autre ».

Faire le pari de l’émigration

Un autre jeune homme, Mohamed Dini Ali, 20 ans, a perdu son père pendant la guerre civile alors qu’il n’avait que 12 ans. Sa famille a malgré tout réussi à lui faire terminer ses études secondaires, qu’il a complétées en 2009.

« Pour eux, la violence est un passe-temps, un sport. C’est la seule chose qu’ils ont connue depuis qu’ils sont venus au monde »
M. Ali n’a cependant pas eu la chance d’aller à l’université et il a décidé de quitter le pays. Début 2010, il s’est rendu à Bosasso, dans la région autonome autoproclamée du Puntland, au nord-est de la Somalie, et a pris un bateau pour atteindre les pays du Golfe.

« Je suis d’abord allé au Yémen et ensuite en Arabie saoudite, mais j’ai été renvoyé à Mogadiscio », a dit M. Ali. « Comme il n’y avait pas de travail ici, j’avais le choix de rejoindre les groupes de miliciens ou d’émigrer. J’ai choisi de partir ».

Selon M. Ali, en Somalie, même si vous ne faites partie d’aucun groupe de combattants, « vous pouvez être accusé d’appartenir à l’un ou l’autre de ces groupes ; il n’est pas facile d’être jeune en Somalie, en particulier à Mogadiscio ».

M. Ali a dit qu’il avait l’intention d’émigrer à nouveau. « La seule autre option est de rejoindre un groupe de miliciens, et je ne veux pas faire ça ».

Salado Adow, 39 ans, est la mère d’un adolescent de 15 ans qui a été recruté par un groupe de combattants.

« J’ai réussi à l’en faire sortir à trois reprises, mais ils sont revenus le chercher », a-t-elle dit à IRIN.

Mme Adow a dit que son fils risquait de grandir dans un environnement violent.

« Je ne peux pas les blâmer [les jeunes] ; ils n’ont pas d’autres options », a-t-elle dit. « Pour eux, la violence est un passe-temps, un sport. C’est la seule chose qu’ils ont connue depuis qu’ils sont venus au monde. Je prie pour que la violence cesse et ne me prenne pas un autre enfant ».

« J’ai toujours espoir de le ramener ».

ah/mw –gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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