« Notre intention est de réduire les problèmes humains et d’améliorer les conditions de vie des gens de Gaza, » a dit à IRIN l’ambassadeur Mahna Bakhoum, porte-parole du ministère égyptien des Affaires Etrangères. « Nous sommes en train d’étudier quand, comment et tout ce que va impliquer l’ouverture du passage de Rafah. Toutes ces discussions sont menées par le gouvernement et le pays tout entier, pas seulement par le ministère des Affaires Etrangères. »
L’annonce indique un changement de politique de la part de l’Egypte suite à la révolution contre le gouvernement du président Hosni Moubarak en début d’année. M. Moubarak considérait le Hamas comme une menace pour la sécurité de l’Etat. Le gouvernement post-Moubarak, qui a également négocié un accord unitaire historique entre les factions palestiniennes du Hamas et du Fatah, a déclaré sa détermination à « mettre fin aux souffrances palestiniennes ».
L’ouverture de la frontière avec l’Egypte fournirait une véritable bouffée d’air aux Palestiniens de Gaza dont les frontières terrestres, maritimes et aériennes sont bel et bien fermées depuis 2007. La liberté de circulation entre l’Egypte et Gaza aurait des conséquences immenses, en particulier pour les Palestiniens qui ont besoin de soins médicaux inexistants à Gaza, mais elle fournirait aussi des opportunités commerciales et la possibilité d’une renaissance de l’économie gazaouie, étranglée par l’embargo israélien.
Selon les Nations Unies, 80 pour cent des Palestiniens de Gaza survivent grâce à l’aide alimentaire.
En pratique
« Nous essayons de comprendre les mesures pratiques qui vont être prises, » a dit Khalil Shaheen, du Centre palestinien des droits de l’homme de Gaza. « Autant que je comprenne, [l’Egypte] parle de laisser la frontière ouverte sept jours par semaine et de revenir finalement à l’ancienne procédure, du temps où le passage était ouvert 24 heures sur 24.
Ils parlent de permettre à tous les hommes de plus de 50 ans de passer en Egypte en toute liberté, sans visa, et de laisser l’entrée complètement libre, sans visa, à toutes les femmes. Nous suivons la situation de près. »
Actuellement, Rafah n’est pas techniquement fermé, mais le passage est restreint. La traversée se fait cinq jours par semaine et le nombre de Palestiniens autorisés à traverser ne doit pas dépasser 300 par jour. Les catégories de personnes autorisées à entrer en Egypte sont aussi très limitées : Seuls les gens disposant d’un visa étranger, d’un passeport étranger ou bien ceux qui ont besoin de soins médicaux, peuvent traverser.
Tout Palestinien voulant entrer en Egypte doit se soumettre à une enquête de sécurité de la part des autorités égyptiennes et a besoin d’un visa d’entrée, deux procédures qui prennent du temps et sont difficiles à obtenir.
Avec une frontière entre Israël et Gaza vraiment étanche, sauf pour les cas médicaux, la fermeture complète de Rafah – comme ce fut le cas pendant un mois durant la révolution égyptienne en janvier dernier – signifie que les Palestiniens vivant à Gaza, soit 1,6 million de personnes, se retrouvent enfermés.
Rafah est resté complètement fermé de 2007 à 2010. En juin 2007, quand les surveillants missionnés par l’Union européenne ont fui leurs postes à Rafah après la prise de pouvoir du Hamas, Moubarak a fermé la frontière, prétextant une rupture de l’Accord de 2005 sur la circulation et l’accès [signé par Israël et l’Autorité Palestinienne]. Cet accord stipulait que Rafah ne pouvait opérer que sous la supervision de l’Union Européenne.
La frontière a été partiellement rouverte en juin 2010, suite à la mort des manifestants à bord de la flotille du Mavi Mara qui tentait de briser le siège [de Gaza].
Une ère nouvelle ?
Photo: Suhair Karam/IRIN |
Les tunnels creusés sous Rafah ont été extrêmement importants pour les affaires |
« L’ouverture de Rafah sera merveilleuse pour ce qui est de permettre aux Palestiniens de Gaza de voyager à l’étranger et d’envoyer et de recevoir des marchandises de l’étranger. Mais il faut qu’ils puissent voyager en Cisjordanie et envoyer des marchandises en Cisjordanie et en recevoir de là-bas, » a t-elle dit.
« Gaza et la Cisjordanie sont une seule unité territoriale, reconnue par Israël, » a ajouté Mme Bashi. « C’est une seule et même économie. Il existe entre les deux des liens culturels, familiaux et éducatifs qui doivent être maintenus. »
Israël garde le contrôle de la plupart des frontières terrestres et maritimes de Gaza, de son espace aérien, de son état civil et de son système fiscal, pour des raisons de sécurité.
Mme Bashi a également des doutes sur la signification pratique de l’ouverture de Rafah : « Nous avons entendu dire que [l’Egypte] hésitait encore à laisser les marchandises transiter par Rafah. Et qui l’Egypte va t-elle reconnaître comme Palestinien de Gaza ?
Pour l’instant, les seuls résidents de Gaza reconnus comme tels sont ceux qui ont une carte d’identité israélienne. Plusieurs milliers de personnes, principalement d’origine palestinienne, vivent à Gaza mais n’ont pas de passeport palestinien, parce qu’ils ne sont pas reconnus par l’état civil israélien. Est-ce que cela va changer, maintenant ? » a t-elle demandé.
Le problème des tunnels
Si Rafah devait s’ouvrir aux passage des marchandises, cela aurait un impact considérable sur le commerce par les tunnels en provenance de l’Egypte qui prospère depuis l’imposition de l’embargo.
Depuis qu’Israël a allégé les restrictions sur les biens de consommation en 2010, les tunnels sont principalement utilisés pour importer à Gaza les articles en accès restreint, comme les matériaux de construction et les carburants. Si ces produits devaient commencer à traverser la frontière de façon officielle, il se pourrait que les tunnels ne servent plus qu’au trafic illégal d’armes et de cash.
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