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Malgré le calme qui règne à Benghazi, les besoins humanitaires subsistent

Women prepare food for soldiers fighting in the front lines in Benghazi, Libya. March 12th 2011 Gratiane De Moustier/IRIN
La ville de Benghazi, dans l’est du pays, est relativement calme. Mais les travailleurs humanitaires estiment que cela ne doit pas faire oublier les besoins humanitaires actuels et potentiels.

« Même si les besoins d’urgence – dans le sens traditionnel du terme – n’étaient pas si criants à notre arrivée, les opérations que nous avons menées ici constituaient un défi complètement différent », a dit Simon Brooks, chef de la mission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Benghazi.

« Le conflit n’a pas vraiment été dirigé contre la population civile », a-t-il dit à IRIN. « Ça n’a rien à voir avec le travail qu’on fait en Afghanistan ou dans d’autres zones de conflit, mais il y a quand même des besoins humanitaires importants. Le pays est passé d’une société fonctionnelle à une société essentiellement divisée en deux. Benghazi est en choc et il y a beaucoup à faire ».

Des panneaux montrant des images du colonel Mouammar Kadhafi ont été mis en pièces. À un feu de circulation, un mannequin vêtu de l’uniforme gris et du casque jaune des mercenaires et des snipers qui ont ciblé la zone en février est pendu par le cou. Des graffitis pro-opposition sont visibles presque à tous les coins de rue.

Malgré la fermeture de nombreux bureaux et commerces, les produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau et les vêtements sont toujours disponibles. Puisque le gouvernement ne perçoit plus de taxes sur le pétrole, le prix de celui-ci a diminué. Tous les appels sont gratuits, mais la couverture cellulaire est inégale. Par ailleurs, même si les banques sont ouvertes, les habitants ne peuvent retirer que 750 dinars libyens (soit environ 900 dollars) tous les 10 jours et ils doivent le faire au comptoir parce que les distributeurs ne fonctionnent pas.

« La Libye avait une économie très centralisée. C’est pourquoi nous devons tenter de minimiser les conséquences à long terme de l’accès limité aux comptes de banque et, potentiellement, à la nourriture. Toute organisation humanitaire devrait se préoccuper d’élaborer un plan d’intervention d’urgence ».

Risques

La présence de munitions non explosées constitue l’un des risques importants auxquels sont confrontés les habitants. « Les engins non explosés et les véhicules blindés détruits font désormais partie intégrante du paysage », a dit Srdjan Jovanovic, spécialiste de la contamination par les armes au CICR. « Les risques pour la population civile sont évidents, notamment parce qu’il y a de nombreuses zones de conflit dans le pays ».

D’après l’organisation non gouvernementale (ONG) britannique Mine Advisory Group (MAG), les risques liés à la présence de munitions non explosées et à la prolifération des armes et des munitions pillées dans les entrepôts mal sécurisés sont de plus en plus évidents dans l’est de la Libye. Selon certaines sources d’informations crédibles, des mines auraient également été posées récemment.

« [Avant,] il n’était pas facile de créer une œuvre de bienfaisance », a dit Amina Bmegheirbi, l’une des fondatrices de Tawassel Association for Young Women and Children of Free Libya. « Le gouvernement [de Kadhafi] nous faisait croire qu’il n’y avait pas de pauvres en Libye, que nous étions tous riches »
« Je suis arrivé à Benghazi depuis l’est, en passant par Tobrouk, et j’ai vu beaucoup de munitions non explosées sur le chemin », a indiqué Andy Gleeson, un expert du MAG. « Ce qui est inquiétant, c’est que la situation est relativement calme dans l’est de la Libye, et qu’il est fort probable que les gens sortent et circulent librement, et c’est là qu’ils risquent d’être blessés ou tués ».

Il a ajouté que depuis son arrivée à Benghazi, il n’avait pas seulement vu beaucoup de véhicules bombardés, notamment des chars et des lance-missiles, mais aussi quantité de munitions abandonnées, en particulier dans les zones excentrées. « J’ai entendu dire que des gens ramassaient et conservaient les munitions pour les utiliser plus tard, comme s’ils se préparaient pour un scénario catastrophe », a-t-il ajouté.
La situation actuelle comporte également des risques pour les enfants. D’après le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), certains d’entre eux ont été pris pour cible à Ajdabiya et Misrata. D’autres sont privés d’éducation depuis la fermeture, le 17 février dernier, des écoles de l’est du pays.

« Les combats qui ont lieu actuellement en Libye font courir aux enfants des risques élevés », a dit Shahida Azfar, directrice régionale de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Leurs droits à l’éducation, à la santé, au jeu et même à la survie sont gravement menacés ».

Selon l’UNICEF, au cours des 20 derniers jours, au moins 20 enfants, certains âgés de 9 mois à peine, ont été tués à Misrata par des éclats de tirs de mortier ou des blessures par balle. La plupart avaient moins de 10 ans.

Associations caritatives locales

La population a réagi à la situation actuelle en mettant sur pied des dizaines de groupes d’entraide et d’associations caritatives.

« [Avant,] il n’était pas facile de créer une œuvre de bienfaisance », a dit Amina Bmegheirbi, l’une des fondatrices de Tawassel Association for Young Women and Children of Free Libya. « Le gouvernement [de Kadhafi] nous faisait croire qu’il n’y avait pas de pauvres en Libye, que nous étions tous riches ».

« C’est faux, bien entendu. Il y a toujours eu des gens qui réclamaient de l’aide en Libye, mais le gouvernement faisait la sourde oreille ».

Mme Bmegheirbi enseignait auparavant l’anglais à l’université Gar Younis, à Benghazi. La fermeture de l’établissement, en février, lui a donné l’occasion de réaliser ce qu’elle avait toujours voulu faire : créer une association caritative.

Avant février, il n’existait qu’une poignée d’organismes de bienfaisance locaux enregistrés à Benghazi. Selon Mme Bmegheirbi, quelque 200 organismes sont maintenant enregistrés auprès de l’Hôtel de ville.

L’association qu’elle a contribué à fonder a été créée en février dernier par 12 femmes. L’objectif était de fournir de la nourriture, des vêtements et une assistance psychosociale aux réfugiés d’Ajdabiya et de Misrata. L’association offre également des formations et des activités de développement pour les enfants de 4 à 13 ans.

« Les enfants ont psychologiquement besoin de partager ce qu’ils ressentent », a dit Mme Bmegheirbi à IRIN. « La peinture, par exemple, est un outil puissant qui les aide à extérioriser les émotions refoulées. Souvent, leurs parents sont occupés ou stressés, ou ils ne savent pas comment aider leurs enfants à surmonter les horreurs dont ils ont été témoins. C’est là que nous intervenons ».

Salem Bader, un jeune homme de seize ans qui travaille comme bénévole depuis la fermeture de son école, en février, a dit : « J’adore travailler avec les enfants. Je pourrais être en train de m’ennuyer à la maison, assis devant la télévision, mais je veux participer aux changements qui se produisent dans mon pays ».

Mme Bmegheirbi a dit que l’augmentation du nombre d’associations caritatives locales avait, pour la première fois, donné l’occasion à des jeunes personnes comme Salem Bader de s’impliquer comme bénévole.

« Avant [février], les jeunes ne faisaient que flâner dans les rues après l’école », a-t-elle ajouté. « Ils ne se mêlaient même pas entre eux ou n’échangeaient pas des idées. Les garçons et les filles étaient toujours séparés. Ils ont maintenant l’impression de faire partie d’une société productive ».

kt/eo/cb –gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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