Lors du deuxième forum mondial sur les ressources humaines pour la santé, qui s’est tenu à Bangkok du 25 au 29 janvier, les experts se sont demandés à nouveau comment attirer et retenir les travailleurs sanitaires dans des régions reculées et mal desservies.
La moitié de la population mondiale vit dans des régions rurales, mais moins de 38 pour cent des infirmières et moins de 25 pour cent des médecins y travaillent, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Par exemple, dans le Myanmar rural – où vit 70 pour cent de la population du pays, forte de 58 millions d’habitants – la plupart des villages manquent de services de santé de base. Les patients voyagent des heures –dans des régions vallonnées, ce qui peut prendre presque une journée entière – pour atteindre des hôpitaux ou des cliniques situées uniquement dans des villes.
Dans l’ensemble du pays, il y a 1 504 centres de santé ruraux couvrant plus de 65 000 villages, selon un rapport de 2010 du ministère de la Santé.
« A cause de l’éloignement entre leur village et les villes, les patients ne viennent à l’hôpital que lorsqu’ils ne peuvent plus supporter la détérioration de leur état de santé. Alors que certains arrivent à temps [à l’hôpital], certains arrivent [trop] tard », a dit un médecin de la région travaillant dans la deuxième plus grande ville du pays, Mandalay, qui n’a voulu communiquer que son nom de famille, Htway.
« A cause d’un déficit de services de soins de santé, de nombreuses personnes vivant à la campagne n’ont normalement que deux options : compter sur les remèdes traditionnels ou chercher des traitements auprès de [travailleurs sanitaires] sans formation », a-t-il ajouté.
« Certaines personnes comptent sur des charlatans, bien qu’ils sachent que ce n’est pas un bon choix. C’est parce qu’ils n’ont pas besoin de payer immédiatement les frais médicaux ; ils peuvent payer plus tard, après qu’ils aient fait rentrer les récoltes et les moissons».
Dans un effort pour remplir ce vide, une douzaine d’ONGs internationales fournissent des soins médicaux gratuits, mais la demande dépasse de loin leurs capacités, selon une ONG.
Selon un calcul de l’OMS en 2010, le Myanmar a 13 médecins et infirmières/sages-femmes pour 10 000 habitants. le pays avait alors 26 000 médecins, 23 800 infirmières et 19 000 sages-femmes, selon le gouvernement.
Vide éducatif
Au Myanmar, les étudiants en médecine viennent plutôt de familles urbaines aisées et ils refusent de « travailler dans des régions rurales…pauvres », selon un travailleur sanitaire local.
Il existe 14 universités publiques (mais pas d’université privée) qui offrent des études médicales au Myanmar, elles ont 3 780 étudiants inscrits, divisés entre la médecine (2 400), le dentaire, la pharmacie et la technologie médicale (300 chacun) et la santé communautaire (180), selon une étude du gouvernement en 2009.
« Dans les régions rurales, on ne peut pas compter sur les moyens de communication, et les moyens de transport sont inconfortables. IL n’y a pas de journal médical et d’accès à l’internet pour que nous puissions apprendre les dernières avancées scientifiques médicales », a dit un autre travailleur sanitaire du gouvernement, en poste à quatre heures au sud de Yangon dans la région d’Ayeyarwady.
Des travailleurs sanitaires ont dit à IRIN que le salaire pour les médecins ruraux n’était pas « respectable » et « décourageant ».
La plupart des travailleurs sanitaires préfèrent travailler dans des villes où les hôpitaux privés et les cliniques offrent des salaires plus élevés ; d’autres émigrent.
« Le gouvernement, tout en ayant besoin de donner des primes aux travailleurs sanitaires pour qu’ils aillent travailler dans des zones rurales pauvres, il a besoin en même temps de dépenser plus dans le secteur de santé [en général] », a dit M. Htway.
Le gouvernement a dépensé 1,9 pour cent de son produit intérieur brut (PIB) pour la santé en 2007, le taux le plus bas parmi les pays pour lesquels l’OMS a des données.
Les participants au Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé ont demandé « une meilleure gestion financière et des mécanismes de surveillance » pour « encourager la responsabilité, et améliorer l’équité et l’efficacité ».
En 2010, l’OMS a publié 16 recommandations pour améliorer les chances des habitants des campagnes à l’accès à des soins vitaux, ce qui comprend le recrutement d’étudiants en médecine venant de régions rurales, un service sanitaire obligatoire dans les campagnes, une amélioration des conditions de vie et une offre de primes financières pour les travailleurs sanitaires dans les milieux ruraux.
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