« Pour la RDC [République démocratique du Congo] qui a eu à connaître pas mal de troubles [liés aux] conséquences… désastreuses des ALPC [armes légères et de petit calibre], un instrument juridique comme la Convention de Kinshasa est quelque chose d’absolument capital », a dit Alexis Thambwe Mwamba, ministre des Affaires étrangères de la RDC.
« Cette convention est peut-être plus importante pour nous par rapport à d’autres pays qui n’ont pas connu de [tels] troubles », a-t-il dit.
Des prix bas signifient que les petites armes sont facilement accessibles. « Avec 50 ou 60 dollars, on peut s’acheter une Kalachnikov », a ajouté M. Mwamba.
« La Convention de Kinshasa est un développement potentiellement significatif pour combattre le trafic illicite et la mauvaise utilisation des armes légères», a dit Eric Berman, le directeur de Small Arms Survey, un institut de recherches basé à Genève.
« Etant donné la prolifération des armes légères et des armes en Afrique centrale et les effets dévastateurs que ces équipements ont eu sur les vies des gens et la capacité à faire respecter l’ordre public, un cadre sous-régional pour s’attaquer à ce fléau mérite l’attention et le soutien international », a-t-il dit à IRIN.
« Pour que de réels progrès significatifs soient faits, les signataires de la convention auront besoin de consacrer durant une période continue – de nombreuses années – les ressources humaines et politiques requises pour traduire ces mots en action ».
Bataille régionale
Francis Wairagu, responsable des recherches et du genre au Centre régional sur les armes légères basé à Nairobi, s’est lui aussi dit optimiste, soulignant que des conventions similaires couvrant d’autres régions en Afrique « avaient été jugées très efficaces ».
« La raison d’être des instruments régionaux repose sur le fait que les armes légères traversent les frontières, donc il n’est pas efficace pour un pays de combattre seul les armes légères », a dit M. Wairagu, dont l’organisation supervise la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi sur le problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique, signée en 2000.
La Convention de Kinshasa |
La Convention d’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petits calibres, les munitions, les parties et les éléments qui peuvent servir pour leur fabrication, réparation et assemblage, également appelée la Convention de Kinshasa, a été signée par l’Angola, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Gabon, la République centrafricaine, la République du Congo et Sao Tome et Principe. Les délégués du Burundi, de la Guinée Equatoriale et du Rwanda ont dit qu’ils avaient besoin d’instructions supplémentaires de leur gouvernement avant de signer. Une fois en vigueur après que six Etats l’aient ratifiée, la Convention remplira un vide géographique laissé par des conventions similaires en vigueur dans d’autres régions en Afrique. |
« La plupart des armes illicites commencent leur vie en tant [qu’armes] licites, donc si les armes gouvernementales sont marquées, vous réduisez la possibilité qu’elles deviennent illégales ».
La Convention de Kinshasa « fera une différence parce que certains des signataires
se sont déjà engagés dans d’autres instruments régionaux », pouvant ainsi partager leurs expériences des meilleures pratiques avec des Etats plus « isolés », a dit M. Wairagu.
Mais il a aussi noté que « sans ressources [la Convention] n’irait nulle part » et que les bailleurs de fonds voulant participer ne fourniraient des fonds que si « un plan clair de mise en œuvre » était établi.
La convention prévoit le contrôle des armes et de tous les éléments pouvant servir à la fabrication, réparation et assemblage des armes légères. Elle permettra « le transfert des ALPC entre les Etats, mais sous contrôle strict des autorités nationales », selon le Centre régional pour la paix et le désarment en Afrique des Nations Unies (UNREC).
Elle interdit la possession par les civils d’armes légères et oblige les possesseurs d’armes de petit calibre à obtenir une licence.
« Le trafic illicite des ALPC pose un véritable problème de sécurité humaine à l’échelle mondiale. Il contribue à exacerber les crises et les conflits, y compris en Afrique centrale », a dit Sergio Duarte, représentant des Nations Unies pour le désarmement.
Les armes légères incluent les armes à feu de petit calibre comme les armes de poing, les fusils, les carabines, les armes manuelles, semi-automatiques et totalement automatiques, ainsi que les mitrailleuses légères.
L’artillerie légère comprend une variété de calibres moyens et d’armes explosives, comme les armes anti-personnel portables et celles montées sur des véhicules, les roquettes anti-aériennes et anti-char, les missiles, les lance-grenades et lance-roquettes, les mines terrestres, les armes anti-aériennes, les mortiers et les grenades.
Une étude de 2006 estimait à sept millions le nombre d’armes qui circulaient de manière illicite dans la sous-région d’Afrique centrale, selon Ivor Fung, le directeur de l’UNREC.
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