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Les victimes des inondations face aux bandits, choléra et hippopotames

Residents of Walia wade or use makeshift bridges to get around Nancy Palus/IRIN
Un grand nombre de familles récemment déplacées par les inondations qui ont frappé la capitale tchadienne N’djamena doivent faire face quotidiennement aux bandits locaux, aux bêtes sauvages, au manque de toilettes et aux vents nocturnes qui font s’écrouler leurs tentes de fortune.

Le gouvernement du Tchad a annoncé fin octobre qu’il allait reloger des milliers de personnes touchées par les inondations quand le fleuve Chari a débordé, mais ce genre d’opération va demander du temps. En attendant, les familles dont les maisons se sont écroulées survivent comme elles le peuvent : de nouvelles difficultés venues s’ajouter à ce qui était déjà des conditions de vie très pénibles dans le quartier de Walia.

«Ici, nous sommes exposés à trop de dangers », a dit Obed Langkal, assis avec d’autres occupants des tentes et des abris improvisés qui s’étendent sur un bout de terrain situé entre une route principale et le fleuve. « Nous ne pouvons pas du tout nous reposer confortablement ».

Les bandits du quartier, connus localement sous le nom de “colombiens” – parce que, selon les habitants, ce sont des drogués – sont toujours dans les parages et menacent les gens qui vivent dans les tentes et les abris improvisés, ont dit à IRIN des familles déplacées.

« L’autre jour, en pleine journée, l’un de ces jeunes drogués se baladait tout nu, avec un couteau », a dit M. Langkal à IRIN. « Quand il a vu une jeune fille près des tentes, il s’est mis à courir après elle. Heureusement nous avons pu l’attraper. Nous avons appelé la police et ils sont venus l’arrêter ». Un autre homme a indiqué qu’il avait revu le même jeune près du camp quelques jours plus tard.

Les habitants ont dit avoir demandé aux autorités locales qu’au moins deux policiers soient présents sur le site en permanence.

Les habitants ont dit aussi que les commerçantes ne voulaient pas quitter leur tente par peur de se faire voler durant la journée ; déjà plusieurs familles se sont fait cambrioler le peu qu’elles possédaient pendant qu’elles étaient sorties. Et les hommes disent qu’ils n’aiment pas partir durant la journée pour aller chercher du travail : « Nos femmes et nos enfants ne sont pas en sécurité », a dit Ousmane Thomas.


Un certain nombre d’hommes qui avaient un emploi stable ont perdu leur travail. C’est le cas de Sabour Kebgue. « Vous êtes absent deux ou trois jours et on vous vire », a-t-il dit. « J’étais en train d’essayer de sauver ma maison et ma famille, mais ça, ils ne veulent pas l’entendre ».

Hygiène

Un homme a montré le fossé tout proche : « Voilà, ce sont nos toilettes, Madame ». Les gens ont installé quelques latrines de fortune - des tas de petits cailloux entourés de tapis de plastique ou de bouts d’aluminium - dans la partie où sont les tentes, pour y uriner, mais les gens défèquent en plein air. Selon les travailleurs sanitaires, c’est un souci, car le choléra a touché plusieurs régions du Tchad, y compris la capitale. Le nombre de cas a beaucoup diminué ces dernières semaines, « mais nous devons rester vigilants et poursuivre les efforts de prévention », a dit à IRIN Salha Issoufou, coordinateur des urgences à Médecins sans frontières-France.

Des femmes ont dit à IRIN qu’elles attendaient que la nuit soit tombée pour se laver, dehors en plein air, le long de la limite de la zone des tentes.

Les habitants ont dit avoir reçu du savon, du chlore, des couvertures et d’autres produits de la Croix-Rouge, d’Action contre la Faim, du Rotary International et d’autres organisations non-gouvernementales. Mais il leur manque beaucoup de choses : outre une meilleure sécurité, ils ont dit avoir besoin de davantage de tentes, de couvertures et de récipients pour stocker l’eau potable.

Un point positif, ont-ils indiqué : Une pompe a été récemment installée dans le voisinage ; auparavant, les familles utilisaient l’eau du fleuve pour boire, mais maintenant, ils utilisent l’eau de la pompe.

Mais la plupart des familles n’ont pas moyen de protéger leur eau potable, a fait remarquer Liliane Remadji. « Chez nous, nous avions des [récipients en argile] couverts, dans lesquels nous pouvions conserver l’eau proprement. Mais ces récipients ont été brisés dans les inondations ».

Il s’agit de familles à faibles revenus qui connaissaient déjà beaucoup de difficultés avant que les inondations ne les forcent à quitter leur logement. Célestine Manegue a présenté IRIN à sa fille de huit ans : ventre gonflé, bras et jambes squelettiques.

Mme Manegue a dit que la petite fille était malade depuis environ sept mois. Est-ce qu’elle a vu un médecin ? « Nous n’avons pas les moyens de l’emmener à l’hôpital ».

Hippopotames

Il y a encore autre chose qui empêche les familles déplacées de dormir la nuit : les hippopotames. Ils sortent souvent de l’eau et s’approchent des tentes, ont dit les habitants.

« La nuit dernière, personne n’a dormi », a dit Mme Remadji : « Plusieurs hippopotames se sont approchés tout près des tentes et nous avons dû les chasser pour qu’ils retournent dans l’eau. Il nous faut une barrière ou quelque chose pour les garder à distance ».

Dans beaucoup d’endroits de Walia, des restes de maisons en brique dépassent de la boue et des débris ; des murs de sacs de sable de plusieurs mètres de hauteur entourent les décombres, là où les efforts des gens ont échoué à arrêter les eaux en crue.

Dans une zone de Walia, des jeunes gens fabriquent des briques, sans ciment à mêler à la terre, pour reconstruire un bout de maison qui s’est effondrée. « Ils ne peuvent pas se permettre d’acheter du ciment, alors ils se débrouillent avec ce qu’ils ont », a dit Etienne Banda, un habitant.

np/dd/cb/og/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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